Au lendemain de la présentation des agrégats économiques de l’Algérie, le Fonds monétaire international (FMI) a estimé, hier, que l’Algérie clôturerait l’année 2011 avec des réserves de change officielles de 188,8 milliards de dollars avec des projections de 210,8 milliards de dollars en 2012.Ce sont là, les conclusions de son rapport sur les Perspectives économiques pour la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena), rapporté par l’APS. Ces prévisions, selon le Fonds, permettront à l’Algérie de consolider sa place de pays le moins endetté dans la région Mena, comme elle occupe le deuxième rang des plus gros détenteurs de réserves officielles de change après l’Arabie saoudite.
Pour rappel, les réserves de change de l’Algérie ont atteint, à fin juin 2011, 173,9 milliards de dollars. Le document du FMI précise également que la dette extérieure de l’Algérie ne représente que 2% du PIB en 2011, et devra reculer encore à 1,7% en 2012. La moyenne de la dette extérieure dans les pays exportateurs de pétrole de la région Mena est de 25,5% du PIB, les plus fortement endettés étant le Bahreïn et le Koweït avec respectivement 148% et 70% du PIB. Selon les évaluations du FMI sur les réserves de change officielles 2011 (hors fonds de souveraineté) des pays pétroliers de la région, les trois plus gros détenteurs de ces réserves sont l’Arabie saoudite (539 milliards de dollars), l’Algérie (188,8 milliards de dollars) et l’Iran (104,6 milliards de dollars). Les trois pays maintiendront le même rang en 2012, selon les prédictions de l’institution de Bretton Woods. Quant au PIB nominal de l’Algérie, le FMI l’a évalué à 183,4 milliards de dollars en 2011 et à 188,6 milliards de dollars en 2012 contre 157,8 milliards de dollars en 2010. Toutefois, le FMI, dans ses conclusions, a attiré l’attention sur la vulnérabilité des finances publiques et ce, en dépit de la croissance qui connaîtrait une accélération du fait de la hausse des cours de brut. «Les pays exportateurs de pétrole de la région (l’Algérie, l’Arabie saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis, l’Iran, l’Irak, le Koweït, Oman, le Qatar, le Soudan et le Yémen) connaîtront une hausse moyenne de la croissance de 4,9% en 2011, grâce à la hausse des cours et de la production, taux qui devrait se modérer en 2012», souligne le rapport. Parallèlement à cette hausse, «la vulnérabilité des finances publiques des pays exportateurs de pétrole a aussi sensiblement augmenté», met en garde l’institution de Breton Woods. Le Fonds explique, en fait, que la demande mondiale de pétrole pourrait subir une contraction marquée, pouvant elle-même «entraîner une baisse durable des cours de pétrole», avance-t-il. «Plusieurs facteurs pourraient donner lieu à un scénario de croissance moins positif pour les exportateurs de pétrole de la région», prévoit-il, ajoutant que le risque le plus immédiat serait l’impact d’un netralentissement de l’activité en Europe et aux Etats-Unis.
S. B.
Printemps arabe : un coût humain colossal, en plus de l’énorme coût économique
«Les conflits, notamment en Libye, en Syrie et au Yémen, ont eu un coût humain colossal, en plus de leur énorme coût économique. La priorité immédiate pour ces pays est d’éviter que la crise humanitaire perdure et, au sortir des conflits, de mettre en place des plans de reconstruction et de réformes». Il s’agit là des conclusions du rapport du FMI sur les effets du Printemps arabe sur les économies de la région. Le Fonds a estimé que face à la montée des troubles sociaux, au ralentissement économique et à la hausse des cours des matières premières, les gouvernements de la région ont considérablement accru les subventions et transferts. Le coût de ces dépenses sociales reste élevé, dépassant 10% du PIB en Egypte et 5% dans la plupart des autres pays ayant conduit à un creusement des déficits budgétaires des pays importateurs de pétrole. «Il ne sera pas facile de satisfaire les demandes croissantes de la population, d’autant que la plupart des pays ont déjà épuisé leurs ressources budgétaires et réserves de change pour faire face à la dégradation de la situation économique à la suite du Printemps arabe, et qu’ils ont moins de marges pour affronter les chocs futurs», soutient le rapport. Pour le FMI, les solutions qui se présentent aux pays concernés est de faire appel aux sources officielles de financement extérieur et budgétaire, tout en invitant les partenaires régionaux et internationaux à aider à formuler et à mettre en œuvre des programmes de réformes à la faveur d’une assistance technique, d’un allégement de dette et d’un meilleur accès aux marchés.