Le colonialisme français a légué au lendemain de l’indépendance une situation « complexe » dans les domaines social, administratif, économique, soulignant que près de 5 millions d’Algériens attendaient des « solutions urgentes » à leurs problèmes quotidiens, a souligné Ameur Rekhila professeur à l’Université d’Alger.
Lors d’ une conférence au siège du quotidien « Echaab » coïncidant avec la commémoration du cinquantième anniversaire de l’indépendance nationale et consacrée à la période entre le 19 mars et le 5 juillet 1962, le conférencier a indiqué que « 4,8 millions d’algériens attendaient des solutions urgentes à leurs problèmes qui ne faisaient que s’accumuler et s’aggraver durant la guerre de libération ».
Enseignant l’histoire du mouvement national à la faculté des sciences politiques Ameur Rekhila a indiqué qu’ » il y avait parmi ces Algériens, 300.000 enfants, dont 30.000 orphelins de père et de mère, 3 millions dont les maisons et villages ont été détruits ou incendiés, et 700.000 ont choisi l’exode, soit vers les villes, soit vers l’Europe, en plus des 300.000 Algériens réfugiés en Tunisie et au Maroc ».
Outre ces chiffres, le conférencier a cité les graves problèmes sociaux dont souffraient les Algériens sous l’occupation coloniale, tels la hausse du taux de chômage qui avait atteint 94%, l’analphabétisme, les maladies et les traumatismes psychiques et mentaux suite aux pratiques barbares perpétrées par l’administration durant les années de guerre.
Cette même période a été marquée par une « situation économique critique » générée par un déficit agricole et industriel né de la « fuite des capitaux » après que la minorité européenne eut quitté l’Algérie, départ qui a influé sur la bonne marche de l’administration puisqu’elle y représentait « 82% des effectifs ».
Parallèlement à ces problèmes complexes, le conférencier a évoqué la situation politique et sécuritaire de l’époque après le cessez-le-feu, marquée par la présence de deux courants, l’un représentant le Gouvernement provisoire, et l’autre, l’armée de libération.
Les différends entre responsables étaient « mineurs » par rapport à la grandeur de la Révolution
Pour sa part, la moudjahida Zohra Drif Bitat a abordé la même période (19 mars-5 juillet 1962) affirmant « nous ne devrions pas rougir des différends qui avaient surgi entre les dirigeants de la Révolution, car ils sont « naturels » puisque s’inscrivant dans le sillage des idées prônant une Algérie nouvelle.
« Les hommes qui ont dirigé la révolution ont été « exceptionnels » à tous points de vue et les problèmes connus sont minimes par rapport à la grandeur d’une révolution qui a couronné la lutte d’un peuple colonisé durant 132 ans », a rappelé Mme Bitat.
Elle évoquera les moments de joie qui avaient marqué les villes et les campagnes algériennes , et exprimé les sentiments de bonheur qu’elle éprouvait, elle personnellement, et tous les Algériens durant cette période, le rêve étant enfin devenu réalité.
Tout en estimant que le XXe siècle a été « le siècle de la Révolution algérienne », Mme Bitat a appelé à la nécessité pour la télévision algérienne de diffuser les reportages dont elle dispose relatant la période qui a suivi l’indépendance, la finalité étant de sensibiliser les générations montantes à la magnificence de la Révolution et aux sacrifices consentis par leurs prédécesseurs.