Avec l’adoption d’un important programme pour le développement des énergies renouvelables qui s’étale sur les deux prochaines décennies, l’Algérie a entamé en 2011 un ambitieux processus de transition vers des énergies alternatives et propres.
Au delà du souci environnemental ou encore celui de diversifier le mix énergétique et réduire la part des énergies fossiles, l’Algérie tend également rallonger de quelques années de plus ses réserves en hydrocarbures et aussi exploiter son interminable gisement solaire et éolien pour contribuer à la réponse aux besoins internes en électricité et exporter une partie de cette énergie vers des pays européens.
Cette volonté avait été explicitement affichée par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, qui insiste sur l’importance à accorder à la diversification des sources d’approvisionnement énergétique du pays par la mise en œuvre d’un programme national des énergies renouvelables.
« Si nous devons, naturellement, poursuivre l’extension et le renouvellement de nos réserves d’hydrocarbures, il nous appartient aussi de diversifier les sources d’approvisionnement énergétique du pays, par la mise en œuvre du programme national des énergies renouvelables », affirmait le chef de l’Etat lors d’une réunion tenue en août dernier avec le ministre de l’Energie et des Mines, M. Youcef Yousfi, et consacrée à l’évaluation du secteur.
Les besoins énergétiques actuels du pays sont satisfaits par les hydrocarbures, particulièrement le gaz naturel qui demeure la principale source d’énergie utilisée, alors que le recours aux autres sources ne se fait que lorsque le gaz ne peut pas être mis à contribution. Cette orientation du modèle énergétique de l’Algérie a été confortée par le fait que le gaz naturel se place comme l’énergie la moins chère pour le consommateur. Sur le long terme, la reconversion du modèle de consommation énergétique actuel rendra problématique l’équilibre offre/demande pour cette source d’énergie qui ne cesse d’être sollicitée par la demande interne et le marché international.
A titre d’illustration, les niveaux des besoins internes de l’Algérie en gaz naturel devraient atteindre 45 milliards de m3 en 2020 avant de s’établir à 55 milliards dix ans plus tard. Cette évolution spectaculaire de la demande locale sera accompagnée par des volumes colossaux à exporter et dont la rente sera nécessaire pour faire tourner l’économie nationale.
La consommation d’électricité devrait, quant à elle, se situer sur la même période entre 75 à 80 TWh (Terrawatts heure) en 2020 et entre 130 et 150 TWh en 2030. Adopté en février dernier par le Conseil des ministres, le Programme
national de développement des énergies renouvelables (PNR) prévoit une production de 22.000 MW d’électricité de source renouvelable, notamment solaire et éolienne, destinée au marché intérieur, en plus de 10.000 MW supplémentaires à exporter pour les 20 prochaines années. Ceci correspond à 40% de la production globale d’électricité d’ici 2030 et le double de la capacité actuelle du parc national de production d’électricité.
Des investissements de l’ordre de 120 milliards de dollars, dont la moitié provenant du secteur public, sont nécessaires pour la même échéance afin d’atteindre cet objectif. Les investisseurs privés et étrangers devraient être galement associés dans la mise en oeuvre de ce programme.
En outre, la nouvelle politique énergétique sera soutenue par le développement d’une industrie locale de sous-traitance, devant ainsi permettre de créer pas moins de 100.000 emplois Au total, 67 projets de centrales solaires photovoltaïques, solaires thermiques et éoliennes hybridées avec du gaz naturel ou du diesel réparties, dans le cadre de ce programme, sur une vingtaine de wilayas du Sud,
des Hauts plateaux et même du Nord du pays et sont ainsi appelées à relever le défi de faire basculer l’Algérie dans l’ère de l’énergie propre. La capacité installée globale de ces projets sera de 2.357 MW à l’horizon 2020. La filière solaire photovoltaïque s’est vue tailler une part assez importante dans ce programme avec 27 projets totalisant une capacité globale de 638 MW.
Le même nombre d’installations a été attribué pour la production d’électricité par l’hybridation entre le solaire, le diesel et les turbines à gaz destinée aux régions du Sud non-connectées au réseau national de distribution. Avec un nombre limité de centrales (6) par rapport aux deux autres filières, celle du solaire thermique totalise par contre la plus importante puissance installée du programme avec une capacité totale de 1.350 MW.
La filière éolienne (7 projets) totalisera, quant à elle, une capacité de 260 MW dont la plus grande sera de 50 MW et la plus petite de 20 MW. Le groupe Sonelgaz, qui possède déjà dans son portefeuille une centrale hybride (gaz-solaire) à Hassi R’mel (150 MW) et un projet de parc éolien de 10 MW à Adrar, s’est vu confier la mission de veiller à la réalisation de ce programme.
Trois de ces projets ont déjà vu leurs appels à manifestation d’intérêt lancés par Sonelgaz. Il s’agit des projets d’une usine de silicium, d’une centrale solaire thermique d’une capacité de 150 MW et du futur centre national d’homologation des équipements solaires.
Bien qu’il est essentiellement axé sur l’énergie solaire avec ses deux compartiments (photovoltaïque et thermique), le PNR n’exclut pas de toucher d’autres filières comme la géothermie.
En effet, l’Algérie dispose d’un important potentiel en géothermie, mais son exploitation nécessité une bonne visibilité technique et économique. A cet effet, le groupe Sonelgaz a déjà entamé une étude destinée à évaluer ce potentiel et définir la rentabilité de son exploitation.
Par ailleurs, une série de mesures destinées à accompagner la mise en oeuvre du PNR est envisagée par les pouvoirs publics et portent, entre autres, sur la réduction des droits de douanes à l’importation d’équipements liés à l’industrie des énergies renouvelables, l’exonération de certaines taxes, notamment la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) au profit de producteurs d’électricité tirée de ressources non fossiles et la facilitation de l’accès au foncier industriel.
En parallèle à la mise en oeuvre de cet ambitieux programme, l’Algérie s’est engagée dans un vaste processus de coopération internationale dans le même domaine et dont l’adhésion à l’initiative Desertec constitue le plus important exemple. Ainsi, un mémorandum d’entente a été signé début décembre à Bruxelles entre Sonelgaz et l’entreprise allemande Desertec initiative (Dii).
Le renforcement des échanges d’expertise technique, l’examen des voies et moyens pour l’accès aux marchés extérieurs et la promotion commune du développement des énergies renouvelables en Algérie et à l’international sont au cœur de ce partenariat stratégique scellé à l’issue de plusieurs mois de consultations entre l’Algérie et les initiateurs de Desertec.
A travers un investissement gigantesque avoisinant les 500 milliards d’euros, Desertec vise à créer d’ici 40 ans un vaste réseau d’installations éoliennes et solaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient