“La politique menée par la Banque d’Algérie depuis 2004 a prouvé son efficacité en 2011”, selon M. Laksaci, qui évoque la “résilience des placements de l’Algérie” grâce à sa politique de gestion de ces réserves.
L’Algérie semble en mesure de tenir le coup face aux ondes dégagées par les chocs inhérents à la crise financière mondiale. Le gouverneur de la Banque d’Algérie affiche, en tout cas, une certaine sérénité quant à tous ces bouleversements qui menacent le pays. Il puise son optimisme du Fonds des réserves de changes qui, de par son volume, serait de nature à lever toute inquiétude. Les réserves de changes de l’Algérie étaient évaluées, selon Mohamed Laksaci, à 162,2 milliards de dollars à fin 2010. Le montant était de l’ordre de 148,9 milliards de dollars à la fin 2009. Ce stock équivaut à plus de trois années d’importations de biens et services. Leurs placements à l’étranger ont rapporté 4,6 milliards de dollars (3%) durant l’année dernière alors que leur rendement était de 4,74 milliards de dollars en 2009. “Après l’effet du choc externe de grande ampleur de l’année 2009, lié aux crises financière et économique internationales, l’économie nationale a réalisé des performances financières appréciables en 2010, surtout une consolidation de la position financière extérieure nette”, souligne le gouverneur de la Banque des banques. Dans son rapport annuel sur les évolutions économiques et monétaires en 2010 qu’il a présenté jeudi, M. Laksaci précise que 98% de ces placements, répartis entre les États-Unis et l’Europe, sont effectués en portefeuilles de titres souverains (valeurs d’État) que l’Algérie avait achetés entre 2004 et 2007, lorsque les taux d’intérêt mondiaux étaient relativement élevés. Ces titres sont soumis à un taux d’intérêt moyen fixe de 3% en 2010, un rendement légèrement inférieur à celui de 2009 et 2008. Ainsi, seulement 2% des réserves de changes sont, affirme M. Laksaci, déposés actuellement dans des banques. Dans cette foulée euphorique, il rappelle le bien-fondé de la stratégie avec laquelle il a géré ces réserves, notamment la diversification des devises composant celles-ci. Cette diversification, engagée depuis 2004, visait justement une sécurisation maximale des réserves vis-à-vis des chocs extérieurs. “La politique menée par la Banque d’Algérie depuis 2004 a prouvé son efficacité en 2011”, relève-t-il, tout en évoquant la “résilience des placements de l’Algérie face à la crise de la dette aux États-Unis”. Cette résistance aux méfaits des crises a eu pour résultats les performances financières appréciables réalisées par l’économie nationale. Celles-ci ont été caractérisées par une “consolidation de la position financière extérieure”. Le patron de la Banque centrale en veut pour preuve, l’excédent de 12,6 milliards de dollars soit 7,5% du PIB, enregistré en 2010 par la balance des paiements extérieurs courants. Ce surplus a été favorisé par la reprise qu’ont connue en 2010 les prix du pétrole, s’affichant à
80 dollars au lieu de 60 dollars en 2009 et la forte augmentation des recettes d’exportation des hydrocarbures, estimée à 26,4%.
Une dette extérieure de 3,67 milliards de dollars
À cela, il y a lieu d’ajouter la dette extérieure à moyen et long terme qui s’est stabilisée autour de 3,67 milliards de dollars et ne représente plus que 2,27 du PIB. Mohamed Laksaci n’a, toutefois, pas omis de signaler une légère progression des importations de 4% où la part des biens d’équipements et de demi-produits avoisine les deux tiers. Face à toute cette panoplie de bonnes nouvelles, le gouverneur mettra cependant, un bémol. “Il ne faut surtout pas confondre excès de réserves de changes et excès de richesse, car le premier représente tout simplement l’épargne publique alors que la richesse économique provient de l’investissement”. Compte tenue de ces performances, la Banque d’Algérie espère maintenir la stabilité financière externe de l’Algérie à moyen et long terme pour peu que la gestion prudente des réserves officielles de change — principal rempart contre d’éventuels chocs extérieurs — soit poursuivie. Pour cela, il est nécessaire, avoue le premier responsable de la Banque centrale, de “continuer à préserver la valeur du capital des réserves, en minimisant les risques de perte de la valeur marchande des actifs par le maintien d’un portefeuille diversifié. Il faut également assurer, un niveau élevé de liquidité, avec des actifs revendables à tout moment et optimiser le rendement”. Sur un autre registre, l’intervention de la Banque d’Algérie sur le marché interbancaire des changes a permis le maintien de l’appréciation du taux de change effectif réel du dinar à 2,64% en moyenne annuelle “en dépit de la volatilité accrue des cours de changes des principales devises et de la faiblesse structurelle des exportations hors hydrocarbures estimées à un milliard de dollars”, explique le gouverneur. La politique de gestion de taux de changes par la Banque d’Algérie contribue, soutient-il, de manière effective à la stabilité financière externe. Concernant l’inflation, il constate un fléchissement de la moyenne annuelle pour la première fois depuis cinq ans. Ce taux a été ramené à 4,1% en 2010 contre 6,1% l’année précédente.
Repères
Le gouverneur parle d’une progression appréciable de la croissance économique, avec une évolution soutenue de 3,3% du PIB contre un rythme relativement modéré en 2009 (2,4%).
Le solde global du Trésor a enregistré un déficit de 0,9% du PIB pour la deuxième fois consécutive après dix exercices d’excédent.
Progression de 526,4 milliards DA de l’encours des ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR) pour représenter 40,1% du PIB.
Hausse de 15,6% des crédits, soit 3 671 milliards de DA, accordés par les banques de la place aux entreprises et ménages au moment où plusieurs pays émergents accusent une contraction des crédits à l’économie liée à la crise financière internationale.
Selon M. Laksaci, le secteur bancaire restait “solide” en 2010, ancré sur des ressources stables et accrues et un niveau de liquidité très appréciable.