Une gestion «pépère» des réserves de change et un renoncement définitif à la hausse de l’allocation devises.
Un Mohamed Laksaci sans surprise en cette fin 2013. Même les très agaçants vieux 200 dinars resteront jusqu’à fin 2014 !
Prudence, prudence et prudence ! Ce sont les maîtres mots du gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, qui, sur le terrain de la gestion des réserves de change, n’a jamais transigé. Que les experts ou les patrons rêvent s’ils le veulent d’un Fonds souverain qui partirait en quête d’investissements à l’étranger, lui reste droit dans ses bottes.
La gestion des réserves de change du pays qui ont atteint les 191 milliards de dollars à fin 2012 ne change pas. La priorité est accordée à la sécurité, la rentabilité est secondaire . Le gouverneur de la Banque d’Algérie explique, par ailleurs, que la gestion des réserves de change découlait d’une étude internationale conduite à la lumière de la crise économique et financière mondiale.
Une étude qui semble avoir conforté le gouverneur -et les pouvoirs publics en général- de l’option d’une gestion sans risque du pactole généré par les ressources hydrocarbures. L’étude, selon Laksaci, a ainsi recommandé de la «flexibilité » dans la gestion des réserves et une diversification du panier des devises étrangères. Pas question de courir derrière des actifs à l’étranger qui peuvent se révéler toxiques.
On ne choisit que des placements, ceux qui sont en général garantis par les Etats. Ainsi, 6% des réserves de change du pays sont placés en dépôts dans des Banques centrales et 96% dans des obligations, des bons du Trésor et des actifs bénéficiant d’une bonne notation auprès des agences internationales (AAA). Les dépôts dans les Banques centrales se font à travers un panier de devises où le dollar est dominant à 61% suivi de loin par l’euro à 28%.
PAS DE PLACEMENTS TOXIQUES
Une traduction naturelle du fait que les exportations hydrocarbures sont en général libellées en dollars. Les obligations et bons du Trésor sont répartis entre fonds souverains (65%), établissements gouvernementaux (12,9%), les agences d’établissements supranationaux et internationaux (14,2%) et la Banque des règlements internationaux (BRI, 6%).
En portefeuille, les établissements supranationaux détiennent 21,8% des dépôts, les Etats-Unis détiennent 20,7% sous forme de bons du Trésor, l’Allemagne (15,2%), la France (12,4%), les Pays-Bas (9,6%) et le Royaume-Uni (8,2%).
Le panier des devises étrangères est composé du dollar américain (52%), l’euro (37%) et la livre sterling (9,6%). Selon les chiffres de la BA pour 2012, ces dépôts ont réalisé une moyenne annuelle de revenus estimée à 1,93% contre une moyenne d’intérêt annuelle de 0,18%.
Et pour montrer la pertinence des choix faits par la Banque d’Algérie, Laksaci a affirmé qu’aucune part de ces réserves n’a été placée sur des actifs à risques émis par des pays en crise comme la Grèce, le Portugal, l’Espagne.
CES SACRÉS 200 DINARS !
En termes d’annonce, le gouverneur de la Banque d’Algérie a promis que les affreux vieux billets de 200 dinars toujours en cours de circulation seront retirés vers la fin 2014… Encore une année à se chamailler avec les guichets des banques et de la poste dans les moments de malchance où l’on vous refile ces billets.
«Les billets de 200 DA imprimés en 1983 seront retirés définitivement de la circulation à partir du 31 décembre 2014, tout en maintenant leur force libératoire pour une durée de 10 ans, ce qui implique la possibilité de les échanger contre des billets imprimés en 1992 ou des pièces de monnaie de la même valeur auprès des agences relevant de la Banque d’Algérie», a indiqué Laksaci qui semble minimiser le «problème» des 200 dinars.
Ces billets imprimés en 1983 ne représentent que 0,7% du volume des billets actuellement en circulation. En matière de change, les places Port- Saïd et assimilées du pays, celles où s’échangent les dinars contre les devises, dament le pion aux bureaux de change «légaux».
PAS DE CADEAUX
La Banque d’Algérie a octroyé 46 autorisations d’activités de bureau de change et seuls 6 bureaux sont restés actifs. Les 40 autres bureaux de change ont perdu leur agrément pour entorse à la règlementation ou tout simplement à la suite d’un abandon, volonté d’une activité jugée peu rentable.
Aucun secret à cette absence de succès des bureaux de change : une marge bénéficiaire presque insignifiante de 1%… Ouvrir un bureau de change en Algérie, dit un expert, c’est faire de «l’humanitaire pas du commerce». Le gouverneur de la Banque d’Algérie a annoncé une révision en cours pour porter la marge bénéficiaire de 5%.
D’ici là, au change parallèle de fournir l’offre que les circuits officiels ne sont pas en mesure d’assurer. Pour la nouvelle année 2014, Laksaci n’a pas d’étrennes à offrir aux Algériens. Le 12 mars 2013, le gouverneur de la Banque d’Algérie avait fait une annonce un peu précipitée d’une augmentation de l’allocation devises afin de «freiner l’élargissement du marché parallèle des devises».
On parlait d’une allocation annuelle de 60.000 dinars ! Mais le ministre des Finances a balayé les espoirs un mois plus tard, le 27 avril, en indiquant qu’une telle hausse n’était pas à l’ordre du jour. L’allocation touristique restera plafonnée à une somme dérisoire, de l’ordre de 15.000 dinars, soit un peu plus de 140 euros. Laksaci l’a confirmé. Les comptes du pays ne le permettent pas.
Salem Ferdi