Laksaci à propos de la balance des paiements : «L’Algérie est entrée dans le déficit»

Laksaci à propos de la balance des paiements : «L’Algérie est entrée dans le déficit»

La balance des paiements extérieurs a bien été déficitaire durant le premier semestre, voire durant les neuf premiers mois de 2013, de 1,7 milliard de dollars. Une balance assez fragile, en somme.

C’est ce que le gouverneur de la Banque d’Algérie a relevé hier devant l’Assemblée populaire nationale, à l’occasion de la présentation du rapport relatif aux évolutions économiques et monétaires en 2012 et du premier semestre de l’année écoulée.

Devant un auditoire très clairsemé, le quorum ayant failli ne pas être atteint, Mohamed Laksaci a indiqué que le compte courant de la balance des paiements a accusé un déficit de l’ordre de 1,2 milliard de dollars durant le premier semestre 2013 contre un excédent de 10 milliards de dollars durant la même période de 2012.

Ce qui représente un «choc» pour la balance des paiements, note-t-on. Malgré la stabilité des investissements étrangers directs (net) et l’amélioration du compte capital, note-t-il, le solde global de la balance des paiements a enregistré un léger déficit (-0,15 milliard de dollars) lors du premier semestre de l’année.

Une donne «négative» qui résulte du déficit du compte courant durant le deuxième trimestre (1,78 milliard de dollars), tandis que le premier trimestre avait enregistré un excédent de 0,53 milliard de dollars.

Comparé à l’excédent appréciable du solde global de la balance externe durant le premier semestre 2012 (8,90 milliards de dollars), le déficit enregistré durant les six premiers mois de 2013 démontre «la fragilité de la balance des paiements extérieurs devant les chocs externes».

Et cela même si la position financière externe nette reste solide, arguera Mohamed Laksaci, mettant en avant des avoirs externes stables (189,750 milliards de dollars à fin juin) et un niveau d’endettement extérieur historiquement bas.

Un déficit dont le gouverneur de la Banque d’Algérie avait noté la réduction des exportations d’hydrocarbures de 14,31% durant le premier semestre 2013 par rapport à la même période de 2012, baissant de 37,50 milliards de dollars à 32,14 milliards de dollars.

En parallèle, les importations poursuivant leur tendance haussière, au rythme de 20% par rapport au premier semestre 2012. Ces importations ont atteint les 28,38 milliards de dollars contre 23,64 milliards de dollars durant la période considérée de 2012. Et d’autant que les exportations hors hydrocarbures demeurent structurellement faibles.

Or, ce déficit du compte courant de la balance des paiements s’est encore accentué, atteignant selon les indications de la Banque centrale 1,7 milliard de dollars à la fin de septembre 2013. Un creusement qui intervient alors que les importations poursuivent relativement leur tendance à la hausse.

LE DINAR S’EST APPRÉCIÉ, OBSERVE LE GOUVERNEUR

Concernant la monnaie nationale, le gouverneur de la Banque d’Algérie a relevé que le taux de change effectif réel du dinar s’est apprécié de 5%, à la fin septembre 2013.

La valeur du dinar s’était en fait appréciée de 7% à la fin du premier semestre 2013 par rapport à son niveau d’équilibre déterminé selon les fondamentaux. Et ce malgré le déficit de la balance des paiements, avait indiqué Mohamed Laksaci.

A ce propos, le gouverneur de la Banque d’Algérie a rappelé que l’intervention de la Banque centrale dans le marché interbancaire a permis d’«atténuer» l’effet des bouleversements des marchés financiers internationaux, des fluctuations assez considérables dès mai-juin 2013, sur l’économie nationale.

Ce faisant, «les taux de change du dinar au niveau du marché interbancaire sont impactés, à un certain degré, par les fluctuations des marchés de change notamment l’euro contre le dollar», rappelait M. Laksaci.

Celui-ci observe que la récente évolution des taux de change du dinar par rapport à l’euro et au dollar est fortement liée à l’évolution de la parité euro-dollar, dans un contexte de fluctuations croissantes au niveau mondial et d’un différentiel d’inflation en diminution.

Par conséquent, le gouverneur a tenu à rappeler que son institution suit avec précision les évolutions des marchés financiers et des taux de change en vue d’affiner ses interventions sur le marché interbancaire, prévenir les effets de ses fluctuations sur l’économie nationale.

A propos de l’inflation, Mohamed Laksaci escompte que l’objectif d’atteindre moins de 4% pourrait être effectif avant la fin de l’année, un taux de 4,5 ayant été déjà enregistré à la fin octobre 2013 contre 6,59% en moyenne annuelle à la fin juin de la même année. L’opportunité pour le gouverneur de rappeler les divers instruments de politique monétaire que la Banque centrale a adoptés et développés notamment en 2012 et 2013 pour juguler l’inflation.

D’autres données économiques et financières ont été présentées, notamment la forte hausse des crédits à l’économie qui profitent presque à parts égales aux entreprises publiques et au secteur privé dont les ménages, et l’accroissement des crédits à moyen et long terme, dans un contexte d’amélioration des conditions de financements et l’ample soutien accordé par l’Etat aux petites et moyennes entreprises.

Au-delà de la teneur du rapport, plusieurs problématiques économiques, financières et sociales nationales ont été soulevées par les cinquante députés qui sont intervenus durant la journée. Des interventions dont certaines très pertinentes auxquelles le gouverneur de la Banque d’Algérie devrait répondre aujourd’hui.

C. B.