La chance a souri à la Tunisie, mais cela n’enlève en rien au mérite de l’Algérie qui a effectué un parcours éloquent. »
Après plusieurs jours de lutte entre la vie et la mort, Amir Lakrout renaît tel un phénix de ses cendres. Alors que les médecins lui ont donné 10% de chances de survivre à ses blessures par balles, le joueur du Club Africain fait mieux que survire, en se relevant petit à petit de ses blessures, tâtonne, puis voilà qu’il s’apprête à reprendre les entraînements. Happy end donc pour un rescapé qui pourra humer de nouveau à pleins poumons le parfum du jasmin.
Bonjour Amir, comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
Je vais beaucoup mieux, merci. Mon état de santé s’est nettement stabilisé ces jours-ci. J’ai repris les entraînements il y a peu. Je suis en période de réhabilitation en ce moment. Je me bats tous les jours pour retrouver les terrains.
Pensez-vous être en mesure de reprendre du service, sachant que beaucoup ont émis des réserves, il y a à peine quelques semaines ?
D’après les médecins, je pourrais reprendre d’ici un mois. Ils m’ont vraiment rassuré sur ça. Après, c’est vrai qu’il y a peu, cela relevait du miracle vu mon état. Les clignotants sont au vert. Je réagis pour le moment bien au programme et j’ai beaucoup d’espoir de réintégrer le groupe d’ici un mois. Cela prendra sans doute du temps avant que je puisse rejouer de nouveau, mais je saurai être patient.
Avec du recul, vous considérez-vous comme un miraculé ?
Tout à fait. Du fait que ma vie n’a tenu qu’à un fil. Quand je pense qu’à quelques centimètres près, je ne serais pas là à vous parler en ce moment, oui, je me considère comme un miraculé. A mon arrivée à l’hôpital après l’accident, les médecins m’accordaient 10% de chances de survie. Mon sang a coulé, mais pas en vain. Pour que vive la Tunisie. Pour la liberté, pour le peuple. Pour tout ça, je ne regrette rien. Je suis fier que mon nom ait été lié directement à la révolution du peuple.
Avez-vous perdu connaissance sur le coup ?
Pas tout à fait. J’ai vu la mort devant moi ! Je suis resté près de dix minutes gisant à même le sol à attendre les secours. En raison des manifestations, l’ambulance avait mis du temps à arriver. J’étais conscient durant tout ce temps-là. J’entendais les cris autour de moi. J’essayais de rester éveillé afin de ne pas sombrer dans le coma. J’avais lutté de toutes mes forces.
A quoi pensiez-vous durant tout ce temps où vous attendiez les secours ?
Je récitais des versets du Coran jusqu’à ce que je perde conscience.
Vous êtes resté inconscient combien de temps ?
Quelques jours. Je me souviens que lorsque je me suis réveillé, j’avais demandé à mon médecin si j’étais encore vivant. (Rires.)
Est-ce vrai que vous aviez déclaré ne pas penser à rejouer au football ?
Non. En fait, j’avais déclaré à des journalistes qui étaient venus me rendre visite, que pour le moment, je ne pensais pas au football. Je venais de sortir du coma, mon état de santé n’était pas encore stable, donc je ne pensais pas vraiment au foot. Tout ce qui m’importait alors était de m’en sortir.
Avez-vous reçu des messages de sympathie d’Algérie ?
Oui, j’ai des amis algériens qui sont venus aux nouvelles. Benchikha aussi m’a laissé un message juste après l’accident. Comme j’étais alors dans le coma, il a tenu à me laisser un message dans lequel il me souhaitait un prompt rétablissement. C’est très sympa de sa part. Je ne remercierais jamais assez ceux qui se sont inquiétés pour moi. Ils sont nombreux.
Avez-vous suivi le match Algérie-Tunisie en demi-finale du CHAN ?
C’était un match assez serré entre deux favoris au sacre. C’est bien dommage que nos deux pays ne se soient pas rencontrés en finale. Ç’aurait donné lieu à un beau finish. La chance a souri à la Tunisie, mais cela n’enlève en rien au mérite de l’Algérie qui a effectué un parcours éloquent.