Le président syrien Bachar al-Assad a reçu hier le ministre iranien des Affaires étrangères Ali-Akbar Salehi, en visite à Damas pour s’entretenir avec les autorités syriennes afin de trouver une solution à la crise qui déchire le pays.
Appelant à l’«arrêt simultané des violences par les parties en présence» et à «un règlement pacifique sans intervention étrangère», le chef de la diplomatie iranienne dira : «Nous espérons que ces entretiens avec nos frères syriens nous permettront de progresser vers un règlement de la crise», a déclaré M. Salehi à son arrivée à l’aéroport international de Damas.
La solution à la crise devrait émaner des Syriens eux-mêmes, «avec la participation de toutes les institutions internationales et régionales, et en coordination avec les pays de la région qui sont sincèrement attachés à résoudre ce problème», a-t-il précisé. La visite de M. Salehi en Syrie fait suite à son récent voyage en Egypte, au cours duquel il a rencontré ses homologues turc et égyptien sur la question syrienne. L’Iran est membre du groupe de contact sur la Syrie, qui comprend également l’Egypte, la Turquie et l’Arabie saoudite. Ce groupe s’est réuni lundi dernier au Caire, en présence du médiateur international Lakhdar Brahimi. Lors de la réunion, M. Salehi a proposé l’envoi en Syrie d’observateurs des quatre pays en vue d’aider à mettre fin à la violence dans ce pays, d’après des médias. Par ailleurs, le ministre iranien des Affaires étrangères s’est entretenu avec de hauts responsables syriens, dont son homologue syrien Walid Mouallem, ont rapporté des médias et selon ces sources, M. Salehi doit rencontrer le président Bachar al-Assad.
Pour sa part, le médiateur international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi rencontrera lundi les ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU pour rendre compte de ses entretiens à Damas, a indiqué avant-hier l’ambassadeur allemand à l’ONU Peter Wittig.
«Nous nous sommes mis d’accord pour le rencontrer le 24 au matin et nous aurons des consultations informelles avec lui», a déclaré à la presse
M. Wittig, dont le pays préside le Conseil en septembre. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon recevra de son côté le médiateur juste avant, «au cours du week-end, à l’arrivée (de M. Brahimi) à New York», a précisé son porte-parole Martin Nesirky. MM. Ban et Brahimi se sont entretenus par téléphone avant-hier à propos de sa première tournée dans la région, qui l’a mené à Damas, au Caire et dans des camps de réfugiés syriens en Turquie et en Jordanie.
M. Brahimi, mandaté par l’ONU et la Ligue arabe pour tenter de trouver une solution à la crise syrienne, est actuellement en Jordanie. Pour la première fois depuis sa prise de fonctions le 1er septembre, il s’est rendu la semaine passée en Syrie, où il a rencontré le président Bachar El-Assad, avertissant que le conflit était «une menace pour la région et le monde entier». Il a fait une halte au Caire lundi où se réunissait un groupe de contact sur la Syrie puis a visité avant-hier matin un camp de réfugiés en Turquie.
L’armée bombarde des quartiers tenus par des rebelles à Alep
L’armée régulière syrienne a bombardé hier des quartiers tenus par des rebelles dans la ville d’Alep, dans le nord du pays, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). «Les quartiers de Hanano, al-Chaar, Sakhour, Massaken al-Fardos et Kalassé à Alep ont subi ce matin des bombardements qui ont fait plusieurs blessés et causé des dégâts à des immeubles», a précisé l’OSDH. Les localités de Mareh, Khafsa, Mayer et Ritane dans la province d’Alep étaient également bombardées, alors que dans le quartier Suleiman al-Halabi, deux hommes armés ont été tués dans des combats. Par ailleurs, les groupes rebelles ont annoncé «leur retrait des quartiers de Hajar al-Aswad et Assali» dans le sud de la capitale Damas, après une semaine de violents affrontements avec les forces du régime.
Près de 40 personnes ont été tuées mardi à Damas, selon l’OSDH. Les corps d’une vingtaine d’entre elles, tuées à bout pourtant, ont été découverts Hajar al-Aswad. Avant-hier, les violences ont fait au total 173 morts à travers le pays, d’après l’OSDH.
Un poste-frontière avec la Turquie pris par les rebelles
Les rebelles syriens ont pris mercredi le contrôle du poste de Tall al-Abyad à la frontière avec la Turquie, après de violents affrontements avec les forces gouvernementales, ont rapporté des médias turcs. Le poste frontière de Tall al-Abyad est situé à une centaine de kilomètres au nord de la ville syrienne d’Ar Raqqah (nord-est). Il était peu utilisé jusqu’à une date récente.
Trois personnes ont été tuées par des «balles perdues» dans les combats qui ont éclaté mardi entre les forces du régime syrien et les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) aux environs de ce poste-frontière, ont précisé les médias turcs.
Par mesure de précaution, les autorités turques ont fermé les écoles de la ville d’Akçakale situées à proximité des frontières. Des civils syriens fuyant les combats et des blessés de l’ASL ont été recueillis en Turquie, selon l’agence de presse Anatolie. Les rebelles syriens contrôlent déjà depuis la fin juillet au moins trois des sept postes-frontières syriens avec la Turquie, Bab al-Hawa, Al-Salama et Jarabulus, qui constituent les principaux points de passage entre les deux pays.
Les chrétiens de Syrie s’arment contre les groupes armés
Les communautés chrétiennes de Syrie ont constitué des «comités populaires armés» pour se protéger contre les violences subies par les groupes armés, alors que le pays s’enfonce de plus en plus dans la guerre civile, a rapporté mardi l’agence italienne Fides. «Après les violences répétées subies de la part de bandes armées, souvent des groupes de djihadistes, les communautés chrétiennes en Syrie ont commencé à organiser dans différentes localités des comités populaires dissuasifs formés par de jeunes chrétiens armés qui entendent prévenir le banditisme et la violence et défendre leurs quartiers», écrit l’agence.
Les communautés chrétiennes ont subi des abus, des enlèvements, des violences, des homicides, des vols, des violations de propriétés dans ce qu’il est convenu d’appeler «la Vallée des chrétiens», à l’ouest de la Syrie, au centre-ville d’Alep, dans le quartier Jaramana de Damas et dans des villages tels que Qusayr et Rableh, dans la zone d’Homs, a précisé cette source. «Malgré les appels répétés des évêques syriens qui ont, à plusieurs reprises, invité les fidèles à ne pas prendre les armes et à faire preuve de patience, de tels groupes défensifs ont commencé à se former surtout au sein des communautés grecque orthodoxe et arménienne, qui ont ressenti le besoin de se défendre», a ajouté Fides. Citant des sources en Syrie, l’agence a précisé qu’il ne s’agissait pas de «milices» ou de «groupes combattants», mais seulement de «groupes de sentinelles» qui «surveillent et garantissent la sécurité dans les zones chrétiennes».
L’agence a rappelé parmi les violences qui ont touché ces communautés, l’incendie de l’archevêché syro-catholique d’Homs, sis dans le quartier al-Hamidiyah, au centre-ville, qui «a été livré aux flammes», un acte qualifié par des chefs religieux d’injustifié. «Dans la nuit du 13 septembre dernier, un groupe de quelque dix militants non identifiés s’est introduit dans la structure, fermée depuis des mois et abandonnée à cause des combats entre rebelles et forces loyalistes», ont affirmé des sources à l’agence.
L’Irak rouvre un poste frontière
Le gouvernement irakien a décidé de rouvrir un de ses postes frontières avec la Syrie pour accueillir les réfugiés syriens qui «tentent d’échapper à la violence dans leur pays», a déclaré mercredi un responsable irakien. «Le poste frontière situé près de la ville d’al-Qaim a été rouvert hier pendant une heure», a déclaré le maire d’al-Qaim, Farhan Ftikhan, cité par l’agence Chine Nouvelle.
Le responsable irakien a affirmé que l’Irak avait laissé entrer 100 réfugiés syriens, des femmes, des enfants et des personnes âgées, dont certains handicapés ou blessés.
L’Irak a par contre décidé de ne pas accepter les hommes de plus de 15 ans, «pour des raisons de sécurité», a-t-il précisé, ajoutant que le poste frontière laisserait passer davantage de réfugiés au cours des jours à venir. Le poste frontière d’al-Qaim, situé à 330 km à l’ouest de Baghdad, avait été fermé à la mi-août, après que les rebelles en lutte contre le régime du président syrien Bachar El-Assad eurent pris le contrôle du côté syrien de la frontière en juillet.
L’Irak partage 600 km de frontière avec la Syrie, le long des provinces frontalières d’Anbar et de Ninive. La frontière a déjà été fermée plusieurs fois par le passé, lors de crises graves dans l’un ou l’autre pays.
Par Lynda Naili Bourebrab