Le Représentant spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue arabe, M. Lakhdar Brahimi, a réaffirmé mercredi la primauté des négociations pour mettre fin au carnage en Syrie, tout en réagissant avec prudence aux informations selon lesquelles un des principaux chefs de l’opposition armée serait prêt à engager des pourparlers avec le gouvernement de Bachar Al-Assad.
’’C’est un développement positif. Maintenant, attendons de voir quelle va être la réaction du gouvernement et celle des autres dirigeants de l’opposition syrienne’’, a déclaré le diplomate algérien dans un entretien accordé à la Division de l’information et des médias de l’ONU.
M. Brahimi était interrogé sur l’offre faite par le chef de la coalition de l’opposition syrienne, Ahmed Moaz al-Khatib, qui s’est déclaré prêt à dialoguer, sous deux conditions : la libération des prisonniers politiques syriens, au nombre de 160.000, selon lui, et la tenue de ces pourparlers à Tunis, au Caire ou à Istanbul.
En dépit des échecs de la communauté internationale à mettre fin au conflit par le biais de négociations, le Représentant spécial a réaffirmé la primauté d’une solution politique à la crise sur toute option militaire.

’’Le conflit s’éternise. Le gouvernement avait commencé par dire qu’il viendrait à bout de l’insurrection en quelques jours, puis en quelques semaines, puis en quelques mois. ça fait 22 mois que ça dure. Donc, il n’y a pas eu de solution militaire pour le gouvernement. Même chose du côté de l’opposition. +Bachar Al-Assad va tomber, Bachar Al-Assad est tombé+, combien de fois nous a-t-on dit là aussi que ce n’était qu’une question de jours, de semaines ?’’, a rappelé M. Brahimi.
Pour lui, ’’c’est la poursuite du conflit militaire qui va détruire la Syrie chaque jour un peu plus, d’une manière vraiment effrayante’’. La veille, M. Brahimi avait informé les membres du Conseil de sécurité des derniers développements en Syrie. A l’issue de consultations, il a déclaré aux journalistes que les 15 membres du Conseil devaient agir maintenant, sous peine de voir le pays détruit ’’petit à petit’’ avec un risque d’embrasement de la région.
Selon lui, le Conseil de sécurité doit faire preuve d’unité en s’appuyant sur le Communiqué de Genève, conclu en juin dernier par le Groupe d’action sur la Syrie et qui constitue, selon M. Brahimi, ’’une base tout à fait raisonnable, acceptable, pour une solution politique’’. Le communiqué de Genève appelle notamment à la mise en place d’une autorité intérimaire, dotée des pleins pouvoirs exécutifs, dans le cadre d’une transition politique menée par les Syriens eux-mêmes.
M. Brahimi a, toutefois regretté, que ce document fasse l’objet d’interprétations divergentes de la part de ses signataires et des cinq membres permanents du Conseil de sécurité.
’’Ce que nous voulons voir maintenant, c’est que le Conseil s’exprime d’une seule voix et retrouve son unité sur le dossier de la Syrie. Nous voulons qu’il adopte une résolution, qui aidera, je l’espère, les Syriens à se parler et à régler leurs problèmes eux-mêmes’’, a-t-il insisté. Le Communiqué de Genève, a-t-il expliqué, ’’parle d’un processus syrien, mais ce processus ne peut être engagé par les Syriens seulement et cette aide ne peut venir que du Conseil de sécurité’’.
Le Représentant spécial a confié qu’il n’avait pas de plans pour retourner en Syrie dans l’immédiat, à moins que des développements substantiels n’exigent sa présence sur place, où il dispose d’une équipe pleinement opérationnelle. ’’J’irai en Syrie si et quand il y aura quelque chose d’utile à y faire’’, a-t-il avancé.
M. Brahimi tenu ces propos alors que se déroulait au Koweït une conférence d’annonces de contributions, présidée par le Secrétaire général Ban Ki-moon, qui a permis de lever plus d’un milliard et demi de dollars pour financer l’aide humanitaire auprès des populations syriennes au cours des six prochains mois, y compris les réfugiés qui se trouvent dans les pays limitrophes.
Les derniers mois ont été marqués par une escalade du conflit, qui a laissé quatre millions de personnes en besoin d’assistance humanitaire, dont deux millions de déplacés privés de services de base.