Au pays du hockey, le Canada, le football, plutôt le soccer comme préfèrent l’appeler les Nord-Américains, occupe une place de choix. En termes de statistiques, au Canada, et au Québec en particulier, le nombre de licenciés dans le soccer – les filles occupent une place de choix – est plus important que celui du hockey.
Néanmoins, la pratique de la balle ronde se limite principalement au niveau des jeunes et dans le temps, entre les mois d’avril et octobre, là où la neige ne couvre pas les centaines de terrains de jeu gazonnés ou en tuf que possèdent le pays en général et la province du Québec en particulier. C’est dans cette dernière que se concentre majoritairement la communauté algérienne émigrée. Comme le reste des communautés ayant la culture du football dans les gènes, on tente de se faire une place pour perpétuer la tradition, même si on doit payer chaque année des cotisations de quelques centaines de dollars aux clubs pour pouvoir le pratiquer. Au Québec, le haut niveau se limite à une seule équipe ou plutôt à une seule franchise, l’Impact de Montréal, qui va intégrer la saison prochaine le MSL (Major Soccer League). Le lancement d’un championnat semi-professionnel de football à partir de la saison prochaine ouvrira d’autres opportunités pour la promotion du football et des débouchés pour les nombreux techniciens algériens qui ont choisi la belle province pour s’établir. De plus, ça va permettre aux doués du ballon rond de notre communauté de pouvoir poursuivre leur carrière, eux qui la voyait en général «finir» à pratiquement 18 ans… Le Québec en général et la métropole de Montréal en particulier pullulent de jeunes talents doués d’origine algérienne. Chez les U16, il y en a deux qui ont intégré la sélection nationale du Canada. Eux, ils ont eu la chance de passer les épreuves des sélections régionales et provinciales. Mais avant d’en arriver là, il y a eu beaucoup de déperdition en cours de route quand on sait que les Canadiens d’origine italienne ont pratiquement la mainmise sur ce sport. Plusieurs techniciens algériens activent déjà dans le Québec, parmi eux Abdelkader Lakehal, qui est membre de l’association de Soccer culturel mondial. Une association qui suit de près les jeunes Canadiens pour les intégrer dans des centres et clubs européens. Avant de débarquer dans la belle province il y a plus d’une dizaine d’années, il avait travaillé dans les catégories jeunes du MCA et du NAHD. Chez les Sang et Or, le club de son quartier, il a collaboré avec Merzekane et Boudissa, il avait vu à son époque les Bendebka et Meghraoui, pour ne citer que ces deux joueurs, sortir du lot alors qu’ils n’étaient que juniors, nous a-t-il confié. Lui qui promu de l’ISTS en 1993, il a pu poursuivre ses études à Montréal pour obtenir le titre d’entraîneur de soccer d’élite (le plus haut niveau avant le professionnel). Il occupe aussi le poste de directeur de cours au niveau de la FSQ (Fédération de soccer du Québec). L’idée de monter une sélection algéro-canadienne avec d’autres collègues et bénévoles algériens lui est venue quand la FSQ lui a confié la tâche d’analyste lors de la supervision des jeunes catégories U13 et U14 lors des tournois de sélections régionales et provinciales. Ils ont découvert que beaucoup de jeunes d’origine algérienne étaient sélectionnés.
«Nous attendons le feu vert de Laroum»
Avec l’accord des parents des joueurs, le premier regroupement a eu lieu le 9 octobre dernier dans l’arrondissement de Rivière des Prairies avec la présence de 23 joueurs, et le second regroupement s’est déroulé sur le terrain Émile à Laval le samedi 29 octobre. Par ailleurs, lors des dernières vacances d’été à Alger avec l’un de ses associés Aïssa Lamri, ils ont pu contacter Boualem Laroum (enseignant à l’ISTS à l’époque) pour lui parler des jeunes talents algériens existant au Canada et susceptibles d’intégrer les sélections des catégories jeunes et pourquoi pas poursuivre plus tard leur vocation dans leur pays d’origine et même dans d’autres clubs étrangers, vu que les perspectives dans le pays du hockey sont très limitées, nous a confié M. Lakehal. Laroum a trouvé l’idée intéressante. «Il nous a donné l’accord de principe et il nous a même parlé de la prise en charge de la sélection par la FAF lors de son séjour au pays. Nous avions même avancé la période allant du 26 décembre au 6 janvier, qui coïncide avec les vacances scolaires, pour le premier regroupement à Alger de la SAC (sélection algéro-canadienne) pour qu’on puisse les voir à l’œuvre contre des sélections locales», nous fera savoir Lakehal avant d’ajouter : «Qu’il attend le feu vert de Laroum pour que les parents des joueurs soient mis au courant afin de réunir l’argent pour l’achat des billets. L’idée en tant que telle intéresse les parents et surtout les jeunes joueurs qui continueront à garder attache avec leur pays d’origine et pourquoi pas pouvoir porter un jour ses couleurs au plus haut niveau. Sachant que 4 d’entre eux chez les U 14 et U 13 sont déjà dans les sélections provinciales et espèrent bien être choisis dans le team Canada un jour. La relève du football algérien ne devrait pas se limiter seulement aux clubs locaux ou européens, français en particulier. Les Algériens du Canada veulent y contribuer d’une manière significative et surtout qualitative. C’est ce qu’ils essayeront de faire admettre, car au niveau technique, ils n’ont rien à envier à ceux qui le pratiquent en Algérie ou en Europe. La prise en charge et l’apprentissage sont d’un niveau supérieur vu les infrastructures d’un pays comme le Canada. Certains jeunes joueurs poursuivent la formule sport-étude et s’entraînent chaque jour. Les moyens de récupération sont de qualité et moins dispendieux qu’en Algérie. Il y a qui sont au niveau de l’académie du club professionnel de l’Impact de Montréal. Les tailles et les gabarits des joueurs sont assez intéressants, qui leur permettent de rivaliser facilement avec des joueurs de leur âge qui viennent d’Europe et même d’Afrique en ce moment, nous expliquera l’ancien technicien nahdiste. Nos jeunes Algériens du Canada attendent donc le signal venu du pays pour pouvoir faire leurs valises et venir montrer ce qu’ils savent faire avec le ballon rond même s’ils viennent d’un pays où le sport roi est le hockey.
A. Kareem