Un conflit social récupéré par les partis politiques
les travailleurs exigent la renationalisation de cette entreprise.
La reprise n’a finalement pas eu lieu au sein de la laiterie Tassili de Drâa Ben Khedda et tous les efforts consentis semblent être tombés à l’eau.
Du moins, jusqu’à nouvel ordre. La reprise a été annoncée par le collectif des travailleurs à la fin de la semaine dernière suite à l’accord concernant l’envoi d’une commission d’enquête, mandatée par le ministère de l’Agriculture et dans laquelle devaient figurer des représentants de ce département ainsi que de celui de l’industrie et de Giplait. L’accord en question a été conclu le 24 janvier dernier suite à une réunion entre les parties en conflit avec l’arbitrage de la Centrale syndicale Ugta.
Une rencontre qui n’a pu avoir lieu qu’après quatre longs et fatigants mois de grève dont les travailleurs ont beaucoup pâti.
Ces derniers, au nombre de trois cent quatre-vingts, sont majoritairement des pères de famille et ils sont restés durant toute cette période sans salaire.
On devine aisément le calvaire auquel ils ont dû faire face. Au moment où les choses semblaient dessiner une lueur de dénouement, le retour à la case départ a subitement-surgi suite à la non-venue de la commission d’enquête nationale tant réclamée par les uns et promise par les autres. Avant-hier, dimanche, une bonne partie des employés de l’ex-ONALAIT s’est rendue à l’usine de Drâa Ben Khedda dans le but de reprendre le travail mais quelle ne fut leur surprise de se rendre compte que la commission n’était pas là. Grande déception alors chez ces employés, qui font face à un vrai dilemme, suite à la tournure prise par les événements. La situation n’est donc toujours pas débloquée.
Hier, non plus. La reprise n’a pas eu lieu et c’est parti pour perdurer car l’envoi d’une commission d’enquête nationale reste une revendication non négociable, selon les représentants des travailleurs.
L’affaire de la laiterie de Drâa Ben Khedda a même pris une dimension politique, puisque d’un côté, le Parti des travailleurs, le Front des forces socialistes ainsi que le Front de libération nationale soutiennent inconditionnellement les travailleurs en grève alors que le Rassemblement pour la culture et la démocratie et l’Union de wilaya Ugta sont plutôt du côté du patron qui a acheté cette ex-entreprise publique en 2004, avec la bénédiction des représentants des travailleurs, qui étaient, à l’époque, favorables à cette privatisation.
Mais huit ans plus tard, les travailleurs semblent avoir été déçus, car d’après leurs déclarations maintes fois réitérées, le patron n’aurait pas respecté ses engagements contenus dans le cahier des charges.
Chose que réfute le patron ainsi que le Conseil d’administration qui avancent que le cahier de charges a été respecté à la lettre.
Quant au soutien du RCD pour le patron de la laiterie, des rumeurs circulent, depuis le début de la grève, que l’un des actionnaires de cette usine serait un cadre de ce parti politique. Mais le directeur de la Laiterie a infirmé totalement cette information quand un confrère lui a posé la question à ce sujet. Il faut rappeler que depuis le début de la grève, le 9 octobre 2011, les travailleurs n’ont pas cessé de revendiquer une commission d’enquête nationale pour tirer au clair la manière dont est gérée la Laiterie Tassili. Aussi, les travailleurs exigent la renationalisation de cette entreprise. Mais lors de l’accord signé le 24 janvier dernier cette revendication ne figurait pas sur la liste des points à satisfaire.
Le patron de l’entreprise a notamment promis de renoncer à ses décisions de licenciement et à l’abandon des actions en justice menées contre les meneurs de la grève.