Lait : Un soutien détourné !

Lait : Un soutien détourné !
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Des experts se sont attardés sur le contrôle et le suivi de ces aides car, ils assistent quotidiennement à des irrégularités qui entachent l’évolution de la filière.

La volonté du maintien du prix administré à 25 DA du sachet de lait oblige notre pays à assurer des subventions à tout va, dédiées à l’ensemble des maillons de la chaine de production. Ce qui représente plus de 50 % du prix pratiqué par les commerçants. L’Algérie, faut-il le souligner, est le seul pays au monde qui perpétue ce soutien pour le lait.

Cependant le geste de l’Etat envers les couches les plus nécessiteuses profite également à d’autres catégories de consommateurs plus aisées. Pis, cette aide étatique fait l’objet d’un détournement massif de la part des intervenants dans la filière pour des intérêts personnels. Les aides sont réparties à raison de 12 DA/litre au profit des éleveurs, 5 DA/litre pour la collecte, la production du LPC apporte 4 DA/litre aux laiteries.

Si celles-ci utilisent le lait cru, elles bénéficieront d’une subvention de 6 DA/litre. A cela, il y a lieu d’ajouter les aides pour les intrants et les équipements, les différentes exonérations des taxes…qui ont touché quelque 26 000 éleveurs. Mieux, plus de 147 000 tonnes de poudre de lait ont été distribuées dont 67 000 tonnes seulement pour les unités publiques.

LG Algérie

Cette action a permis une production de 1,4 milliards de litres en 2011 pour une valeur de 11 milliards de DA. Le reste, soit 80 000 tonnes, a été attribué au secteur privé. Toute cette batterie de mesures coûte à l’Etat des centaines de milliards de DA. «Ces enveloppes financières, toutefois, ne suffisent plus pour améliorer le rendement de la filière », avouent les experts qui ont animé il y a deux jours une conférence en prévision du symposium international du lait et process.

Ils se sont attardés sur le contrôle et le suivi car, ils assistent quotidiennement à des irrégularités qui entachent l’évolution de la filière. Une bonne part de cette poudre approvisionnée est commercialisée par certaines laiteries indélicates sur le marché à des prix doubles. Une autre part est revendue aux crémeries. C’est dire que des quantités considérables du lait pasteurisé sont transposées vers le marché informel, espace de prédilection de la contrebande.

Résultats des courses : les pays voisins disposent du lait pour leurs populations respectives avec zéro investissement…Ce qui est intolérable, c’est de voir ces sachets de lait, au prix administré, servir de nourriture à des agneaux ! A 25 DA, le LPC demeure trois ou quatre fois moins cher que le lait industriel dédié l’allaitement des agneaux.

En dépit de toute cette assistance étatique, les opérateurs continuent de fabriquer un lait de qualité médiocre avec une composition excessive en quantité d’eau injectée ou moindre en matières grasses et protéines.

M. A-A.