Lait : les raisons d’une crise à répétition

Lait : les raisons d’une crise à répétition

Une industrie hyper dépendante des importations

Le début de l’année 2014 enregistre une grave crise du lait en Algérie. Le lait en sachet, soutenu par l’État, produit consommé par les citoyens aux revenus modestes, s’est raréfié ces derniers jours. Au point d’inquiéter la majorité des ménages. En effet, différents faits montrent que le marché enregistre une pénurie de ce produit. Dans plusieurs quartiers de la capitale, les consommateurs éprouvent des difficultés à acquérir le lait pasteurisé vendu au prix soutenu de 25 dinars.



Un phénomène aggravé par la hausse des prix du lait en tetrapack Candia et Soummam. Du coup, une partie des ménages qui consommaient ce type de produit s’est rabattue depuis sur le lait en sachet. Autre signe de cette pénurie de lait en sachet devenue cyclique : les distributeurs se plaignent de la baisse de leurs quotas attribués par l’Onil, tandis que les transformateurs privés indiquent qu’ils rencontrent des difficultés à s’approvisionner en poudre de lait, matière indispensable à la production du lait en sachet. Des acteurs de la filière, du reste, affirment que les stocks de l’Onil n’arrivent pas à couvrir la demande. Ils déplorent l’absence de stocks stratégiques en poudre de lait.

À l’origine de cette crise du lait, la dépendance de l’Algérie à l’égard des marchés extérieurs. En effet, on a assisté début 2014, rappelons-le, à des perturbations au niveau de l’offre mondiale de lait. La production mondiale a connu une régression en raison des phénomènes de sécheresse enregistrés en Nouvelle-Zélande, en Australie, au centre et au nord des États-Unis. Ce déséquilibre entre l’offre et la demande a été accentué par la croissance des importations de la Chine. Cette raréfaction de la poudre de lait sur les marchés internationaux a entraîné la flambée des prix de ce produit. La tonne, qui se vendait à 3000-3200 dollars, a atteint le seuil des 5200 dollars. Du coup, on est en face d’une offre réduite de poudre de lait sur les marchés internationaux. Cette situation va avoir un impact sur l’approvisionnement du marché local en poudre de lait. Car l’Onil risque de peiner pour acquérir de nouvelles quantités de cette matière première pour reconstituer les stocks, avertit un spécialiste de la filière. Certains producteurs internationaux de poudre de lait rechignent à satisfaire la demande algérienne.

L’Algérie a donc intérêt à encourager l’augmentation de la production de lait cru en Algérie afin de réduire cette dépendance. Or, la concurrence du lait pasteurisé cédé à un prix subventionné décourage l’élevage laitier. Du coup, la dépendance algérienne à l’égard de la poudre de lait importée soutient l’emploi à l’étranger et les productions laitières étrangères. Elle inhibe la production du lait cru. D’autant que les pouvoirs publics n’affichent pas une volonté politique matérialisée sur le terrain de promouvoir la production laitière locale en substitution aux importations. Tant que ce statu quo sera maintenu, on assistera à des pénuries cycliques de lait pasteurisé.

K. R

k.remouche@gmail.com