Les responsables algériens tentent de minimiser la crise du lait qui frappe plusieurs régions du pays, alors que le marché ne cesse d’enregistrer une pénurie de ce produit. Dans plusieurs quartiers de la capitale, les consommateurs éprouvent des difficultés à acquérir le lait pasteurisé vendu à 25 dinars. Si la situation s’est récemment améliorée au niveau de quelques wilayas, les chaînes interminables de citoyens attendant d’acheter deux sachets de lait sont toujours là.
Un tour dans quelques quartiers d’Alger nous a permis de faire ce constat. De longues files d’attente devant les épiceries, et ce, rien que pour acheter ce produit de large consommation, à savoir le lait. Il y a quelques jours, le responsable du département du Commerce avait chargé une commission d’enquête pour déterminer les véritables causes de la crise.
Ce qui est encore plus surprenant ce sont les résultats de cette enquête. Le ministère du Commerce a trouvé son bouc émissaire, qui se trouve être le citoyen, en remettant en cause sa culture de la consommation. Mais il y a plus grave. Il est plus aisé de faire des reproches au simple citoyen algérien qui ne demande qu’à ne manquer de rien, et de dire que les perturbations dans la disponibilité de ce produit de première nécessité sont dues au comportement des consommateurs.
Ces derniers, quant à eux, dénoncent un détournement de la poudre destinée à la production du lait en sachet à des fins de production de dérivés du lait, tels que les yaourts et les fromages. Les responsables ont assuré à maintes reprises que la poudre de lait existe, il n’existe qu’un problème de distribution. Selon un cadre du département de l’Agriculture, la production nationale de lait cru augmente progressivement d’année en année.

D’ailleurs, celle enregistrée au cours de la campagne 2012-2013 a atteint plus de 3.4 milliards de litres de lait contre 3.1 milliards de litres en 2011-2012 alors que la consommation, elle, est estimée à 5 milliards de litres de lait par an. Dans le même sillage, dans la seule année 2013, l’Algérie a importé pour 900 millions de dollars de poudre de lait. L’importation du lait coûterait au trésor public une enveloppe de 9 milliards de dollars au cours des dix prochaines années, le prix de ce produit ayant été revu à la hausse sur le marché international.
Le ministère du Commerce avait déclaré, par le biais de son directeur général de la régulation et de l’organisation des activités, que le marché est bien approvisionné et ne connaîtra plus de perturbations puisque les quantités de poudre de lait distribuées ont augmenté de plus de 15% et même plus dans les wilayas du centre du pays comme Alger, Blida et Tipaza. Le problème ne cessera de se poser tant que la production nationale n’est pas développée.
Cette production est le sésame pour l’Algérie de sortir de cette crise qui ne cesse de guetter le pays et qui peut avoir des conséquences fâcheuses sur sa stabilité. Il convient de noter que la production nationale de lait cru enregistre ces dernières années une augmentation notable. La situation persiste et les citoyens continuent de faire la chaîne devant les marchands de lait.
M. CH.