L’aide au sevrage tabagique, une des composantes phares du programme anti-tabac

L’aide au sevrage tabagique, une des composantes phares du programme anti-tabac

Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière vient de publier un document contenant la stratégie nationale d’aide au sevrage tabagique, qui constitue « l’une des composantes phares du programme global de lutte contre le tabac ».

L’objectif principal de l’aide au sevrage tabagique est de motiver les fumeurs à cesser de fumer et de les encourager à solliciter ou accepter une référence vers un service spécialisé pour un traitement plus intensif, ce qui contribue à réduire la prévalence du tabagisme dans la population. 

« Le fardeau constitué par les pathologies associées à la consommation de tabac a justifié le rang de priorité accordée au renforcement de la lutte contre le tabagisme », a souligné le ministre de la Santé, Mokhtar Hasbellaoui, dans la préface du document de présentation de la stratégie nationale d’aide au sevrage tabagique.

« L’aide individuelle à l’arrêt du tabac constitue un axe fondamental dans la mesure ou l’arrêt de la consommation tabagique offre des bénéfices qui ont été clairement prouvés, aussi bien en termes de mortalité qu’en termes de morbidité pour l’ensemble des maladies liées au tabac, notamment les maladies cardio-vasculaires et les cancers broncho-pulmonaires », a-t-il argumenté.

Cette stratégie, élaborée avec le soutien du bureau de l’Organisation mondiale de la santé pour l’Algérie, s’adresse aux professionnels de santé qui y trouveront « une aide pratique pour accompagner leurs consultants à l’aide de nombreux outils (actions et mesures à prendre) dérivés des données les plus récentes de tabacologie », a relevé le ministre.

Selon un responsable du ministère de la Santé, 53 unités de sevrage tabagique seront crées à l’échelle nationale. Ces unités seront opérationnelles avant la fin de l’année 2018, une fois équipées et dotées des équipes médicales et paramédicales chargées de leur gestion.

La stratégie nationale d’aide au sevrage tabagique comprend cinq axes. Le premier concerne l’institutionnalisation des unités de consultations d’aide au sevrage tabagique qui a été déjà engagée. Le deuxième axe traite du renforcement des capacités des professionnels de santé dans la prise en  charge correcte des fumeurs.

Le troisième axe traite, quant à lui, de l’encouragement des fumeurs à faire des tentatives d’arrêt, ce qui permettra aux fumeurs motivés candidats au sevrage d’améliorer leurs chances de réussite. Les deux derniers axes visent à créer un environnement favorable à l’arrêt du tabac et à faciliter l’accès à l’information concernant l’aide au sevrage tabagique.

  Selon une enquête Global Adult Tobacco Survey (GATS), citée dans le document, l’Algérie comptait, en 2010, plus de 4 millions de fumeurs et 1,3 million de consommateurs de tabac à chiquer. Parmi les fumeurs, 72 % voulaient arrêter de fumer et près de 1,8 million, soit près de 50 %, avaient déjà fait une tentative d’arrêt dans les 12 derniers moins qui ont précédé l’enquête. 

Pour le ministère de la Santé, l’aide à l’arrêt du tabac, quel que soit l’âge du fumeur, est donc une priorité de santé publique car elle est « la seule intervention qui touche directement les fumeurs et qui permet de réduire la mortalité en rapport avec le tabagisme et inverser ainsi les tendances de l’épidémie dans les 30 à 50 prochaines années ».

Le sevrage tabagique est bénéfique à tout âge mais ses résultats sont meilleurs s’il survient précocement, tout particulièrement avant l’âge de 35 ans pour éviter au maximum les risques de maladies et de décès en rapport avec la consommation de tabac.

Le document note que des « traitements efficaces » permettant d’obtenir une abstinence à long terme ou permanente existent depuis de nombreuses années.

Ces traitements regroupent des méthodes comportementales et des médicaments et impliquent des professionnels de santé de disciplines variées.

Le traitement pharmacologique de la dépendance au tabac comprend 2 classes thérapeutiques: la thérapie de remplacement de la nicotine (TRN) ou les substituts nicotiniques et la thérapie avec des médicaments non-nicotine (bupropion et varénicline). Ces médicaments doublent le taux d’arrêt du  tabac comparativement au placebo.     

Le document signale que l’une des particularités du programme antitabac est son caractère multisectoriel, impliquant l’intervention de nombreux secteurs du gouvernement mais aussi de la société civile, illustré par la création récente du comité intersectoriel de sensibilisation et de  prévention contre le tabac, placé auprès du Premier ministre.

Dans l’ensemble, la tendance de la situation épidémiologique du tabagisme en Algérie est à la baisse avec une prévalence qui est passé de 37 % dans les années 1980 à 15,3 % en 2010. Le tabagisme masculin est passé dans la même période de 67 % à 27 %, selon le document.