Bilan n La facture des importations de lait en poudre, crème de lait et matières grasses laitières, utilisées comme intrants dans la filière laitière, a atteint 770,26 millions de dollars sur les 8 premiers mois de 2015.
Tout comme les quantités importées ayant chuté dans notre pays, il a été «enregistré un net recul de la production nationale», a révélé ce lundi matin, Abdelouaheb Ziani, président de la Fédération agroalimentaire dans son intervention sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale.
«La politique menée en ce sens depuis 2007 à ce jour est un échec car il n’y a pas eu de suivi par les pouvoirs publics. Il est vrai que des efforts avaient été consentis s’agissant notamment de subventionner les producteurs et les collecteurs. Cependant, les faits sont là d’autant que tout ce qui été fait n’aurait même pas permis de relever cette production de lait cru à 50%», a déploré le syndicaliste. «Actuellement nous sommes à moins de 300 millions de litre/an», a-t-il ajouté. «Nous nous réjouissons que les prix connaissent un recul sur les marchés mondiaux mais les donnes pourront changer du jour au lendemain», a-t-il averti. C’est pourquoi, il est impératif, même inévitable, à ses dires, de revenir à la production locale en mettant en place des coopératives laitières comme c’est le cas partout dans le monde. «L’Onil (Office national interprofessionnel de lait) avait été créé dans but d’être un intermédiaire entre les éleveurs et les producteurs. Malheureusement, l’Office en question est devenu un revendeur de poudre de lait n’ayant absolument mené aucune politique de production de lait cru», a-t-il estimé. Les quotas de l’Onil «ont rendu tout le monde fainéant y compris les entreprises qui ne cherchent qu’à acheter la poudre de lait», selon le président de la Fédération agroalimentaire. Par ailleurs, faudrait-il le relever, pour des raisons que l’on n’arrive toujours pas à expliquer, la production agroalimentaire dans notre pays demeure faible en dépit des résultats «encourageants» enregistrés par la production agricole représentant 10% du PIB (produit intérieur brut). Amené à s’exprimer sur cette question, Abdelouaheb Ziani, est affirmatif : «L’industrie transformatrice est trop en retard par apport à ce qui a été fait en agriculture», a-t-il reconnu. Afin de rattraper ce retard, il faudrait revoir, selon lui, entre autres, les subventions du Nord vers le Sud. D’autre part, consommer algérien reste juste un slogan que vantent nos responsables et consommer des produits transformés importés est devenu plus facile que de les produire localement. Sur les étals, dans nos marchés, le constat est sans appel : les produits importés envahissent toutes les surfaces commerciales. L’exemple le plus concret est celui du triple concentré de tomate qui est importé alors que la tomate algérienne est considérée comme étant l’une des meilleures qualités au monde. «Nous avons anéanti tout ce secteur», a encore affirmé Abdelouaheb Ziani. Pour lui, il est temps d’en finir avec le discours et de passer à l’acte. «Entre ce qui se dit et ce qui se fait, c’est le fossé», a-t-il dit. En raison de ce laisser-faire, le président de la Fédération de l’agroalimentaire affirme que de nombreuses entreprises sont actuellement en «mode de survie». Il a expliqué que celles-ci produisent mais que leurs articles sont concurrencés par les importations tous azimuts. «Il a fallu la crise pétrolière pour que l’on prenne enfin conscience de la situation», a-t-il conclu.
Farid Houali