Laghouat ,Le tapis de Djebel Ammour : un legs indétrônable

Laghouat ,Le tapis de Djebel Ammour : un legs indétrônable

– Le tapis de Djebel Ammour, fierté de la wilaya de Laghouat, ne s’est guère laissé emporter par les vents de la modernisation et de l’industrialisation de la tapisserie.

Ce produit, originaire de la région, n’a cessé de susciter un intérêt croissant chez les acheteurs, à la satisfaction des artisans, tisserands et tapissiers, notamment les femmes de la région qui s’emploient à marquer chacune son produit de signes particuliers, en référence justement à la tribu dont elle est issue.

De la commune de Sebgueg à l’ouest de Laghouat, à celle d’El-Beïda à l’Est, où foisonnent les diverses activités d’artisanat, le tapis de Djebel Ammour se place en tête des métiers, considéré comme un legs indétrônable et une icône de la diversité culturelle et artistique de la région.

La présidente de l’Association de préservation du patrimoine et de l’artisanat à Aflou a indiqué que les formes géométriques et les motifs imprégnés au tapis de Djebel Ammour sont inspirés de la nature.

Ils immortalisent les conditions et faits historiques de la région et renvoient, de par leurs couleurs et signes, à des dimensions purement sociales et existentielles.

Les motifs berbères et les influences de la culture ottomane jalonnent majestueusement, sur une forme géométrique façonnée en couleurs rouge, noire et blanche, le fameux tapis de Djebel Ammour.

Des chercheurs concernés par cette filière affirment que le tapis, enraciné dans la région, consiste à mettre en valeur le produit laineux dans la réalisation des dessins, décors et miniatures géométriques, dans une parfaite synergie, inspirés de la nature et traduisant des us et coutumes anciennes de la région. Les dessins, plus connus dans le jargon artisanal local sous le nom de «regma», sont multiples et largement endossés par son inventeur à l’instar du motif «kheznachi» que bon nombre de tapissiers attribuent à une femme turque ayant œuvré à la promotion du tapis de Djebel Ammour.

Cette promotion esthétique lui a conféré une notoriété mondiale qui lui ont valu des prix internationaux décrochés durant les années 1970 lors de manifestations internationales à Moscou, Washington, Paris et Berlin, où le tapis de Djebel Ammour s’était imposé devant une rude concurrence et des labels mondiaux de la tapisserie. Cette position d’envergure internationale qu’incarne ce tapis ne peut, cependant, occulter le concours des marchés locaux, notamment hebdomadaires, dans la commercialisation et la promotion du produit.

Le marché d’Aflou, précisément «le quartier des tapis», d’une surface de 300 m2, où convergent chaque semaine des vendeurs de tapis, reflète à lui seul un savoir-faire féminin d’une parfaite dextérité. Des vendeurs et artisans ont, eu égard à l’exiguïté de l’espace, plaidé pour la réhabilitation et la restauration de cette rue, constituant une source vivrière pour de nombreuses familles artisanes.

Toujours dans le cadre des efforts visant la préservation du patrimoine matériel, de nombreuses associations actives se sont employées à apporter assistance aux femmes artisanes, en les sensibilisant sur les mécanismes d’emploi et de qualification en vue de bénéficier de prêts, au titre des différents dispositifs mis en place par les pouvoirs publics, pour pérenniser cette activité artisanale inestimable.