La France a utilisé l’ »affaire Iveton » pour porter atteinte à la crédibilité de la guerre de libération et détourner les regards de l’opinion internationale sur les réalités de la répression en Algérie, ont estimé, samedi à Alger, des témoins.
Intervenant au cours d’une rencontre dédiée à la commémoration du 55e anniversaire de l’exécution de Fernand Iveton, les compagnons d’arme du militant, des personnalités politiques, dont l’ex ministre des moudjahidin Brahim Chibout, ainsi que des témoins ont affirmé que Iveton avait servi de bouc émissaire à l’administration coloniale pour dénigrer la résistance algérienne.
« Guy Mollet (Président du Conseil français) a voulu exploiter l’affaire Fernand Iveton pour faire porter la responsabilité des +troubles+ en Algérie aux communistes algériens, soutenus par Moscou, selon la version des colonialistes », a soutenu le journaliste et chercheur en histoire, Mohamed Rebbah.
M. Rabbah a exposé brièvement la vie de Fernand Iveton, un syndicaliste natif de Clos Salembier (El Madania, hauteurs d’Alger), qui s’est engagé dans les luttes ouvrières et partisanes algériennes dès les années quarante.
Militant du Parti communiste algérien (Pca), il intègre en juin 1955 les « Combattants de la libération » (Cdl-communistes) aux côtés de Guerroudj Abdelkader (dit Djilali), Felix Coli, Mohamed Hachelaf, Georges Acampora et d’autres militants communistes.
Pour Abdelkader Guerroudj, « l’exécution de Fernand Iveton est un crime perpétré par Robert Lacoste (gouverneur général d’Algérie, 1956-58) et le gouvernement
de Guy Mollet ». « Iveton a mêlé son sang avec celui des Algériens non-européens pour concrétiser son idéale : l’indépendance de l’Algérie. », a martelé cet ancien condamné à mort, responsable de la cellule à laquelle appartenait Iveton. Félix Colosi, un des compagnons de Iveton, est revenu sur l’attentat manqué contre l’usine de gaz du Ruisseau (ex-Lebon) qui a conduit à l’arrestation, puis au procès expéditif du militant de la cause algérienne.
Une des deux bombes déposées par Iveton dans l’usine et qui n’a pas explosé a été découverte par un contremaître, conduisant à l’arrestation de ce dernier, puis à son jugement et à sa condamnation, après avoir subi d’atroces tortures. Son procès se déroule dans un climat hystérique provoqué par des groupes racistes, partisans de l’Algérie française et se termine par sa condamnation à mort par le Tribunal militaire d’Alger « au motif qu’il avait voulu faire sauter l’Algérie ».
Iveton était le seul militant « pied noir » à être guillotiné.