L’affaire du complexe Eriad de Corso enfonce Amor Benamor

L’affaire du complexe Eriad de Corso enfonce Amor Benamor

Les révélations autour des magouilles financières du groupe Amor Benamor ne s’arrêtent pas. L’enquête menée sur les affaires de corruption impliquant le groupe vient de révéler de très graves dépassements en matière de gestion et de partenariat frauduleux avec un complexe public.

Le rapport de l’inspection générale des finances concernant l’affaire du complexe agroalimentaire public Eriad de Corso a révélé de graves faits de corruption, qui ont mené à la destruction de cette entreprise. Il s’agit, en effet, du partenariat conclu avec le groupe Amor Benamor en 2013, via sa filliale « Mediterrnean mills company MMC ».

L’enquête de l’IGF, citée par le quotidien arabophone Echorouk, a donc enregistré de nombreuses irrégularités liées à la gestion du partenariat entre les complexes Riad et Amor Benamor. Cela est intervenu, non seulement avant la conclusion du partenariat, mais aussi au cours de sa la mise en œuvre et la sortie du Complexe de Riyad en 2016.

À noter que ce partenariat avait été conclu au gré à gré avec le Groupe Benamor sous le caractère urgent, afin de réhabiliter le complexe de Korso et redynamiser son activité. Ainsi, le choix du groupe n’est pas justifié, selon le même rapport. Rappelant ici que le complexe avait été à l’arrêt depuis le séisme de Boumerdès en 2003.

Cela est intervenu, en effet, sans même avoir recours à l’appel d’offre, ce qui est contraire à la règlementation en vigueur concernant la gestion et la privatisation des entreprises publiques. D’autre part, la société « Mediterrnean mills company MMC » appartenant au groupe Benamor n’a pas respecté les clauses du partenariat concernant, notamment l’investissement et les délais règlementaires.

La société n’a pas également quitté le site Korso, malgré que le complexe Eriad de Corso avait quitté le partenariat suite à la décision du CNI le 24 mars 2016. Le rapport a indiqué, à ce propos, que jusqu’à 2020, la société appartenant au groupe Benamor occupait d’importantes superficies du site du complexe.

Une panoplie d’avantage pour un projet qui peine à décoller

Outre que cela, le groupe Benamor a bénéficié de plusieurs avantages de la part du Conseil des Participations de l’État (CPE), notamment ceux accordés par l’Agence nationale du développement de l’investissement (ANDI). Ajouter à cela prêts bancaires à taux préférentiels, sans que le complexe de Korso ne soit effectivement relancé.

Malgré cela, aucune décision effective, visant à annuler ou suspendre les privilèges accordés par l’ANDI au profit de MMC, n’a été prise. Le comble, c’est que le projet n’a pas été lancé depuis la date de l’accord de ces avantages le 9 octobre 2014, soit un retard de 5 ans.

Pour ce qui est des dépassements relevés dans le partenariat, le rapport de l’IGF a révélé que le groupe Benamor avait sollicité directement l’intervention de l’ancien premier ministre Ahmed Ouyahia. Ce dernier est effectivement intervenu à la place du ministre chargé du secteur industriel.

En outre, les enquêteurs ont découvert que le matériel d’une unité de production de pâtes appartenant au complexe de Corso, d’une valeur de 80 milliards de centimes, avait été vendu à seulement 2 milliards de centimes comme déchets métalliques. Il avait été vendu en tant que tel à l’Entreprise nationale de récupération, après avoir été démonté anarchiquement, suite au séisme de 2003.

Il s’agit de machines de production, d’équipements et fournitures de bureau, du matériel de maintenance et des équipements de refroidissement. La majorité de ce matériel était pourtant en bon état et pourra être réutilisé.

Sommes faramineuses pour un contrat d’équipement fictif

Le rapport a également révélé un virement libre de 547 000,00 francs suisses, équivalent à 462939473,63 DA, sous forme d’une avance fiscale en faveur du fournisseur ‘’BUHER’’ le 4 juillet 2013. Un virement effectué au niveau de la Banque ‘’Commerzbank’’

Il s’agit d’une avance de 15 pour cent de la valeur du contrat conclu avec le fournisseur « BUHER », le 11 juin 2013, qui vise à fournir des équipements mécaniques et électriques pour l’achèvement d’une semoulerie et d’un moulin.

Or, malgré la date de ce contrat et de la date du virement, aucun investissement n’a été réalisé. De même, le projet avait fait l’objet de nombreuses extensions de la garantie de restitution d’avances, délivrées par la Direction des Relations internationales relevant de la Direction générale des Affaires extérieures Banque d’Algérie.

Par ailleurs, il convient de rappeler que l’ancienne ministre de l’Industrie Djamila Tamazirt, actuellement en détention, occupait lors de conclusion de ce partenariat, le poste du P-DG du complexe Eriad.

Djamila Tamazirt fait porter le chapeau à Ouyahia et Ben Aissa

Lors de son audition, en mai dernier, par le juge d’instruction au niveau du pôle économique et financier du tribunal Sidi M’hamed dans le cadre de cette affaire, elle a nié toutes les accusations. Elle avait alors fait porter la responsabilité aux deux anciens premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, et l’ancien ministre de l’Agriculture Rachid Ben Aissa.

Selon elle, après le séisme de Boumerdès, le complexe avait subi d’énormes dégâts. Par conséquent, il avait cessé de fonctionner. « En avril 2006, le Conseil des Participations de l’État (CPE) avait décidé la dissolution du complexe de Korso, le licenciement de ses travailleurs en échange d’une indemnisation et son enregistrement dans le cadre de la privatisation ».

En 2012, ajoutait la prévenue, « plusieurs opérateurs se sont intéressés au complexe ». Suite de quoi, le ministre de l’Agriculture Rachid Ben Aissa avait décidé de l’inscrire dans le cadre du partenariat avec le privé ».

Selon elle, « en octobre 2012, une correspondance du Premier ministre a demandé d’entamer les négociations avec le groupe Amor Benamor à condition que le dossier soit étudié au niveau du CPE à l’issue des négociations ».

« En février 2013, le partenariat entre le groupe Benamor et le complexe Eriad a été approuvé à 60/40 pour cent sans équipements », ajoute Tamazirt. Rappelant qu’à l’époque, la prévenue était à la tête du complexe Eriad de Korso.