C’est dans un climat malsain que la question des binationaux s’invite aux débats.
. Comme pour le football, les Algériens sont a priori les plus visés par la question des binationaux qui semble attiser la polémique du microcosme politique français à la veille d’un important rendez-vous électoral. Si le débat sur l’affaire des «quotas» pour les joueurs binationaux en France est quasiment épuisé, voilà qu’il prend des mesures autrement plus inquiétantes dans la sphère, ô combien sensible, de la politique.
En effet nombreux sont ceux qui se saisissent de ce thème à l’instar du député UMP, Claude Goasguen, rapporteur de la mission d’information parlementaire sur le droit de la nationalité, en ciblant de plus belle ces millions de citoyens qui peuplent la France et qui détiennent la binationalité. Notamment, si ce n’est exclusivement que les Maghrébins, particulièrement les Algériens qui forment la première communauté de binationaux. Ainsi, Goasguen, député-maire du XVIe arrondissement de Paris, a déclaré dans La Croix: «Il est certes impossible, comme le suggèrent certains extrémistes, de supprimer la binationalité, mais il faut la limiter», alors que la mission dont il est le rapporteur doit achever ses travaux d’ici à la fin mai après une ultime réunion. «Je souhaite que l’on commence par enregistrer les situations de double nationalité au moment des actes de mariage, de naissance ou de naturalisation. On disposerait ainsi à terme d’un registre des binationaux», poursuit-il. «En France, aujourd’hui, on ne sait pas combien ils sont, sans doute 4 à 5 millions.
Je souhaite aussi qu’on aille progressivement vers une limitation de la double nationalité par le biais de discussions bilatérales avec les pays». Finalement, ce sujet a fini par devenir récurrent ces derniers jours et a pris des tournures foncièrement gênante et politiquement incorrectes. A telle enseigne qu’il vient de faire sortir de son silence, le président français Nicolas Sarkozy qui a lancé à Paris un appel à la vigilance face à tous les racismes, à l’occasion de la Journée nationale de l’abolition de l’esclavage, cette «blessure ineffaçable, inexpiable, irréparable».
Le gouvernement de Nicolas Sarkozy a été plusieurs fois mis en cause par des associations de lutte contre le racisme ou par l’opposition de gauche, notamment en 2009-2010 lors d’un débat sur l’identité nationale qui avait donné lieu à des dérapages racistes et que la communauté musulmane de France avait jugés stigmatisant. Et c’est encore sous son règne que la question de la binationalité s’invite au menu des débats politiques. En équipe de France ou en France tout court, l’équation semble la même: réduire les quotas, avec en filigrane cet effroyable non-dit: les titulaires algériens de la double nationalité ne devraient en choisir qu’une, ou devraient voir leurs droits civiques réduits.
Salim BENALIA