Lafarge «arnaque» ses collaborateurs algériens, selon Habib Yousfi

Lafarge «arnaque» ses collaborateurs algériens, selon Habib Yousfi

C’est un véritable pavé dans la marre qu’a jeté aujourd’hui le président de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), Habib Yousfi.

D’après lui, l’entreprise française spécialisée dans la production du ciment, Lafarge, s’emploie à arnaquer ses collaborateurs algériens. Le patron de la CGEA n’est pas allé par le dos de la cuillère aujourd’hui lors d’une conférence de presse pour charger le géant français.

Habib Yousfi accuse ainsi Lafarge ne pas «respecter les accords qu’elle signe avec ses collaborateurs algériens». Il en veut pour preuve que plusieurs d’entre eux, se plaignent d’après lui «du non respect, par cette entreprise, des délais de paiement des matières premières qu’ils fournissent à Lafarge». Habib Yousfi a même suggéré qu’il pourrait intenter une action en justice contre la firme française pour lui faire payer ces «pratiques illégales».

«Si Lafarge n’arrête pas ces pratiques, la CGEA va recourir à la justice pour protéger les opérateurs économiques algériens», a-t-il menacé. Le président de la CGEA a ainsi déploré le fait que ce soit «Lafarge qui établit les factures des matières premières qu’elle achète auprès des fournisseurs». Une pratique que Yousfi juge «illégale», et qu’elle «porte atteinte aux valeurs morales et économiques des opérateurs qui travaillent avec cette société».

Les patrons français en territoire «conquis»

«Non seulement elle ne paie pas les collaborateurs, mais elle les arnaque, en mentionnant, par exemple sur ces factures, 20 tonnes de sable ou de gravier au lieu de 30 tonnes que le collaborateur a fourni à l’entreprise», s’écrie encore Habib Yousfi, visiblement remonté contre Lafarge. Le patron de la CEGEA enfonce le clou en déclarant que Lafarge n’est pas la seule entreprise étrangère prise en flagrant délit de pratiques illégales.

D’autres firmes étrangères exercent aussi des «pressions et des intimidations» contre des entreprises de sous-traitance algériennes, a en croire Habib Yousfi.

Indésirable hier, arrogante aujourd’hui

Le conférencier affirme que son organisation s’est plainte auprès des pouvoirs publics et a demandé à ce qu’ils contrôlent le respect des contrats signés entre les investisseurs étrangers et leurs collaborateurs en Algérie. Et à Habib Yousfi de tonner : «Ce n’est pas intéressant d’avoir des partenaires qui ne pensent qu’à leurs intérêts et sans se soucier de l’intérêt de notre économie (…) «jusqu’à maintenant, nous n’avons pas vu le transfert de leur savoir-faire dont l’Algérie a besoin pour développer son économie».

Sans doute que le chef de la CGEA a ouvert la boite de pandore de ces entreprises étrangères notamment françaises qui se sucrent en Algérie sur le dos des algériens avec une dose d’arrogance en plus. Il y a lieu de rappeler que Lafarge qui appartient à des opérateurs d’extraction Lepéniste a fait son entrée par effraction en Algérie en 2008 grâce à un coup du groupe égyptien Orascom qui lui a vendu avec une forte plus value ses deux cimenteries (M’Sila et Oggaz).

Cette incursion a été vécue comme une douche froide par les autorités algériennes qui ne pouvaient stopper le processus de transfert de propriété. C’est suite à cette transaction que le gouvernement a introduit le droit de préemption pour empêcher la cession des entreprises détenues par des opérateurs étrangers à d’autres.