Convaincre des personnes qui ont toujours fait circuler leur argent dans l’informel à le placer dans les banques, reste une mission difficile pour ces institutions financières. Lancée au mois d’août, cette opération connaît un début plutôt timide, selon l’administration fiscale.
Dans une déclaration à l’APS, le directeur de l’informatique et de la documentation fiscales (DIDF) au sein de l’administration fiscale, Yahia Oukssal a estimé hier que le bilan d’un mois d’exécution de la MCFV est «un peu timide par rapport à ce qui était escompté».
Selon ce responsable, les gens sont encore réticents, ils craignent par exemple que la banque envoie une déclaration de soupçon sur l’argent déposé, ou que l’administration des impôts procède à la vérification fiscale après la mise en conformité. Ils se donnent donc une période d’observation.
Il est à noter que la DIDF a été chargée de faire parvenir quotidiennement à la Direction des grandes entreprises (DGE) un état reprenant l’ensemble des virements opérés par les agences bancaires. Cependant, pour Boualem Djebbar, président de l’Association des banques et établissements financiers (ABEF), le début de cette opération est prometteur.
«Le dispositif a commencé il y a un mois et nous avons déjà enregistré les premières opérations de placement au niveau de plusieurs banques, c’est un début prometteur et un signal très positif pour la conduite de ce programme». M. Djebbar qui est aussi P-dg de la Badr a confié que «les sommes diffèrent: il y a des placements de 10 millions de DA, de 40 millions de DA, de 60 millions, voire de 200 millions de Da». Des sommes qui semblent minimes par rapport à l’argent qui circule dans l’informel.
A ce propos, Djebbar ajoutera qu’«il ne faut pas se focaliser sur les montants à l’heure actuelle, nous sommes tout à fait au début, il nous reste presque un an et demi pour arriver à la date limite (de ce dispositif), je pense que nous avons le temps qu’il faut pour atteindre les objectifs escomptés».
A cet effet, la Badr fait des efforts en matière de sensibilisation pour convaincre de déposer leur argent au niveau des banques.
Au niveau du Cpa, la banque a déjà collecté «près de 300 millions de DA dans le cadre de la MCFV en plus de promesses de placement pour 2 milliards de DA», selon son P-DG. Pour le délégué général de l’ABEF, Abderrezak Trabelsi, c’est faux de dire que les citoyens ne s’intéressent pas à ce dispositif ajoutant qu’il y a un réel engouement mais «les gens ne vont pas crier sur les toits pour dire qu’ils ont été consulter telle ou telle banque», une manière pour ce responsable de répondre aux constats faits par certains sur une réticence des citoyens concernés vis-à-vis de ce nouveau dispositif.
De son côté, le directeur général des impôts, Abderrahmane Raouia a indiqué que «l’opération a débuté durant un mois de vacances, on ne peut pas parler d’engouement (de la part des détenteurs de fonds informels)» mais il a relevé que des gens s’adressent aux services des impôts pour plus d’informations.
Il est à noter que le gouvernement mise dans une partie sur la réussite de cette opération en cette situation de crise économique avec la poursuite de la chute des prix du pétrole et la nouvelle baisse des réserves de change. D’ailleurs, dans sa dernière sortie médiatique, le ministre des Finances Abderrahmane Benkhalfa a déclaré que l’Algérie avait besoin de ses ressources internes qu’elle veut intégrer dans le circuit bancaire.
Selon la Banque d’Algérie, l’argent liquide circulant dans l’informel tourne autour de 1 000 à 1 300 milliards de DA.
La loi de finances complémentaire (LFC) pour 2015 (article 43) a fixé une taxation forfaitaire libératoire de 7% applicable sur les sommes déposées auprès des banques dans le cadre d’un programme de mise en conformité fiscale volontaire dont la date limite a été fixée au 31 décembre 2016.
A partir du 1er janvier 2017, les personnes disposant de fonds informels et n’ayant pas souscrit au programme de MCFV feront cependant l’objet de redressements fiscaux avec l’application des pénalités et sanctions prévues en la matière.
N. C.