Le ministère de l’Agriculture et du développement rural prépare un projet d’actualisation du dispositif d’aide et de soutien à la filière lait, comprenant plusieurs mesures de « renforcement de son autonomie et sa durabilité », à travers notamment l’encouragement de la production locale des aliments du bétail, annonce dimanche le ministre, Rachid Benaissa.
M. Rachid Benaïssa a demandé aux professionnels de la filière lors d’une réunion avec le Comité interprofessionnel du lait (CIL) d’élaborer des propositions « concrètes » et plus « exactes » sur la base des concertations entre comités régionaux.
« Nous invitons les professionnels de la filière à nous préparer des propositions bien étudiées au niveau local et régional, en prenant en compte les spécificités de chaque région avec l’implication de tous les intervenants réels », a-t-il déclaré.
Lors de cette réunion, le président du CIL, Mahmoud Benchekor, a demandé le soutien de la culture fourragère et de créer un marché local des aliments du bétail, notamment par la subvention des engrais, des semences, et l’aide pour l’acquisition des équipements de production, ainsi que des terrains.
« Nous ambitionnons d’augmenter la productivité de la vache laitière de 4.000 litres par an à 6.500 litres dans quelques années. Pour réaliser cet objectif, il faut améliorer les conditions de son alimentation et de sa santé », a-t-il expliqué.
Il a également proposé d’augmenter le montant de la subvention aux producteurs de lait de 12 dinars à 16 dinars par litre, ainsi que la révision des primes de collecte, d’intégration, et la prime sanitaire.
Les professionnels ont également réclamé la suppression de la TVA et l’exonération des droits de douanes des intrants et des équipements importés, nécessaires pour la filière. « La TVA pour nous est une injustice fiscale, puisque le produit final est exonéré, alors que les moyens de productions et les intrants sont soumis à la taxe », a déploré un producteur.
« Nous ne pouvons ni adopter ni rejeter les propositions faites par les professionnels pour le moment. Beaucoup de ces propositions sont sérieuses, mais il faut qu’elles soient adaptées avec la réalité du terrain dans la cadre de la durabilité et l’autonomisation de la filière », a commenté M. Benaïssa.
Cependant, le ministre s’est engagé à prendre les mesures nécessaires pour réduire le délai de paiement des subventions qui dépassent actuellement les trois mois, ainsi qu’à faciliter l’octroi des terrains agricoles et à débusquer les ’’fraudeurs’’. Selon les témoignages des professionnels, certains producteurs bénéficient trois à quatre fois de la subvention sur la même quantité de lait.
Le ministre a précisé, par ailleurs, que la décision prise en septembre dernier d’exonérer les intrants des droits de douanes n’est pas exclusive à la filière avicole, mais s’étend aussi à l’élevage des bovins.
Il a aussi mis l’accent sur la « progression » de la filière lait durant les dernières années, ce qui témoigne, selon lui, de l’ »efficacité » du dispositif de soutien et dont le montant a triplé en quatre ans, pour atteindre 46 milliards de dinars.
« Malgré les lacunes, le dispositif mis en place a permis d’augmenter la production laitière de 250 millions de litres à 700 millions litres actuellement. C’est très positif, mais nous sommes toujours loin de nos ambitions », a indiqué le ministre.
« La demande est en croissance permanente. Il faut augmenter davantage la production, et nous sommes là pour accompagner les différents intervenants qui sont appelés à être plus professionnels ».
De son côté, le PDG de la BADR, Boualem Djebbar, a annoncé que les crédits au profit des éleveurs pouvaient désormais être destinés au financement de la totalité du projet en incluant le bâtiment d’élevage, et non pas seulement l’acquisition de bovins.
A cet égard, plus de 22.000 têtes seront mises à la disposition des éleveurs dans le cadre du crédit fédératif sur cinq ans, avec un apport personnel de 20% du coût du projet.