L’activité parallèle redoublera de «Férocité» durant le Ramadhan,100.00 nouveaux commerçants dans l’informel

L’activité parallèle redoublera de «Férocité» durant le Ramadhan,100.00 nouveaux commerçants dans l’informel

Un mois propice au changement d’activité

Le manque à gagner généré par l’informel au niveau national est évalué à plus de 200 milliards de centimes par an.

Selon une enquête réalisée par l’Ugcaa (Union générale des commerçants et artisans algériens), l’activité informelle redoublera de «férocité» durant ce mois sacré. «A l’approche du mois de Ramadhan, le nombre de commerçants et marchands informels passera de 800.000 à 900.000 tandis que le nombre de commerces formels est de l’ordre de 1,4 million», a déclaré Salah Souillah, président de l’Ugcaa, lors d’un point de presse qu’il a organisé hier, au siège de son organisation à Alger.

Il a soutenu que cette enquête a touché tout le territoire national mais il n’a pas étayé ses propos par d’autres chiffres. Le même commerçant a évalué le manque à gagner généré par l’informel sur ses collègues au niveau national à plus de «200 milliards de centimes par an». Là aussi l’estimation est à prendre avec des pincettes.

Pour M.Souillah, le changement d’activité est une pratique supposée être déjà bannie car selon lui, suite à la demande de l’Ugcaa faite aux autorités, «l’ensemble des APC ont reçu des instructions fermes pour ne plus autoriser ce genre de conversions qui reviennent notamment durant le mois du Ramadhan». Quoi qu’il en soit, le phénomène est une réalité quotidienne. Et dans l’affaire, c’est le fisc qui en prend un sérieux coup puisque le manque à gagner se chiffre à des milliards de dollars.

«La sphère informelle contrôle 40% de la masse monétaire en circulation, environ 13 milliards de dollars», a indiqué Abderhamane Mebtoul, expert international en management. Selon les données du ministère du Travail et de l’Emploi, l’informel contribue à 25% du PIB en 2010 et à plus de 30% en emplois, mais beaucoup plus en réalité. Si le phénomène de l’informel a toujours existé, il s’est exacerbé depuis que le gouvernement a pris la décision de ne plus s’attaquer à l’informel après les émeutes de janvier. Ainsi de 600.000 commerçants informels en 2010, selon l’Union nationale des commerçants, on avoisine le million en 2012. Une ascension fulgurante qui doit interpeller les plus hautes autorités du pays. Ce phénomène qui gangrène l’économie nationale n’est pas une simple affaire.

En fait, il renvoie à tout un modèle de gestion des affaires économiques et commerciales du pays. «Lorsque des Etats émettent des règles qui ne correspondent pas à l’état de la société, cette dernière enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner dans un cadre de droit qui est le sien», explique encore M.Mebtoul.

Abordant le dossier des boulangers qui risquent de débrayer durant le Ramadhan, le président de l’Ugcaa a indiqué que le ministère des Finances vient de débloquer une première tranche de «300 milliards de centimes qui seront distribués sous forme de crédits par la Badr au profit des boulangers», a-t-il indiqué.

Ce montant permettra aux boulangers, dont les négociations sont en cours avec 5 fournisseurs, d’acquérir des groupes électrogènes et du coup, amortir les pertes subies par les coupures fréquentes d’électricité.

Le secrétaire général de l’Ugcaa, Salah Souilah, a indiqué que les boulangers pourront dès la semaine prochaine se rapprocher des agences de la Banque d’agriculture et de développement rural (Badr) afin de bénéficier d’un crédit pour l’acquisition de groupes électrogènes. Il s’agit de la première partie de l’opération en attendant d’autres négociations pour doter les 14.000 boulangeries que compte le pays de groupes électrogènes, a-t-il ajouté.

Le bénéficiaire doit verser 10% du montant global du crédit et le paiement des 90% restants se fera sur dix ans.

Par ailleurs, l’étape suivante touchera une autre catégorie de commerçants, à savoir les bouchers, selon le président de l’Ugcaa. Ce dernier a réitéré que 45 minutes de coupure d électricité coûte au boulanger ou autre commerçant,

«7500 dinars». Il est relevé qu’«il y a nécessité de généraliser l’opération aux autres activités commerciales qui dépendent beaucoup de l’électricité, «notamment les boucheries».

Pour rappel, l’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) a appelé, en novembre dernier, les boulangers à respecter les prix du pain fixés par l’Etat, exhortant les propriétaires de minoteries à les approvisionner en farine aux prix subventionnés et fixés par l’Etat.