l’Action du mouvement associatif en Algérie : En deçà du niveau requis

l’Action du mouvement associatif en Algérie : En deçà du niveau requis

Des universitaires ont unanimement affirmé que l’action du mouvement associatif en Algérie en tant que «force de proposition» au sein de la société restait «en deçà du niveau requis» malgré le grand nombre d’associations qui existent sur la scène nationale.

Les activités entreprises par plusieurs associations sans un plan d’action préalable qui définisse les priorités, leur dépendance totale au soutien de l’Etat et leur implication dans l’activité politique, la plupart se transformant en partis politiques, constituent autant de facteurs qui n’ont pas favorisé l’émergence de ces associations, ont déclaré des universitaires à APS.

Le sociologue Nacer Djabi a expliqué à cet égard que les associations en Algérie étaient pratiquement présentes dans tous les domaines d’activité mais leur influence restait en deçà du niveau requis au regard de leur incapacité à mobiliser de larges catégories de la société.

Il a souligné que la naissance du mouvement associatif en Algérie a coïncidé avec le début d’une étape difficile de l’histoire du pays, qui a affecté tous les aspects de la vie et toutes les composantes de la société, affirmant que la plupart de ceux qui ont créé des associations alors «ne jouissaient d’aucune expérience dans le domaine de l’action associative».

En plus, la nature du système politique qui maintient les associations sous son contrôle du fait de leur entière dépendance aux aides financières qu’il leur accorde ne les encourage pas à avancer en toute liberté.

Pour sa part, M. Abdelali Rezagui, professeur de journalisme, à l’université d’Alger a expliqué à l’APS qu’en dépit de leur nombre record qui dépasse 90.000 entre locales et nationales, les associations ne font pas montre d’une grande capacité de mobilisation. L’universitaire lui aussi pointe du doigt la dépendance financière des associations à l’Etat contrairement à leurs homologues activant dans le monde.

Les associations en Algérie sont «éternelles» alors que logiquement elles devraient disparaître une fois que l’objectif pour lequel elles ont été créées est atteint.

Pour le Pr Ahmed Adimi, professeur à l’Université d’Alger, estime que «les associations en Algérie ont dévié de leur véritable vocation à partir du moment où elles se sont impliquées dans des activités politiques bien que la loi interdise ce procédé». Il a appelé dans ce sens à «la dissolution de toutes les associations qui exercent une activité politique et celles qui n’activent pas dans le terrain».


Selon des experts juridiques

La nouvelle loi sur les associations n’a pas aidé à relancer l’activité associative

La nouvelle loi sur les associations n’a pas contribué à faire sortir le mouvement associatif de la léthargie dont il souffre bien que son but principal soit de «relancer l’activité associative», a estimé l’ex-président de la Commission des affaires juridiques de l’Assemblée populaire nationale (APN), M. Hussein Khaldoune. Dans une déclaration à l’APS, M. Khaldoune a indiqué qu’ «en dépit des éléments nouveaux que renferme la nouvelle loi (06-12) à travers laquelle le législateur a voulu assouplir les conditions et les modalités de création d’associations et étendre le champ de leurs activités, leur efficacité et leur influence demeurent toutefois très limitées malgré leur nombre consi- dérable estimé à 90.000 associations à caractère local et national».

Le texte de loi a voulu permettre aussi aux associations de jouir de leurs droits, de défendre leurs intérêts, d’élargir le champ de leurs activités, de définir les modalités de recours, de déterminer leur mode de financement et d’alléger le contrôle rigoureux qu’elles subissaient» a ajouté  M. Khaldoune, soulignant que le projet est parti du principe de réformer les dysfonctionnements enregistrés à la lumière de l’application de l’ancienne loi 31-90, qui date de plus de 20 ans». La présente loi évoque certains points dont la possibilité pour l’autorité publique de reconnaître qu’il y a des associations qui activent dans l’intérêt général, ce qui implique la possibilité de bénéficier d’aides matérielles de l’Etat.

«Ceci est de nature à créer des disparités dans l’octroi des aides», a fait remarquer M. Khaldoune, relevant cependant que «toutes les associations doivent en principe inscrire leurs activités dans le cadre de l’intérêt général, sinon pourquoi leur accorder l’agrément». Les aides consenties aux associations doivent figurer dans le bilan annuel que l’association est tenue de soumettre, «non pas selon le degré de proximité vis-à-vis de l’autorité, mais devant l’administration qui a octroyé l’agrément». M. Khaldoune a estimé aussi que «certaines associations tout comme certains partis politiques, n’ont même pas réussi à mobiliser une petite minorité», a-t-il estimé, rappelant certains causes qui sont à l’origine de ces situations dont la «déviation de certaines associations de leurs objectifs et le manque d’encadrement par les autorités concernées».

Le texte de loi sur les associations qui comporte 74 articles a tenu compte lors de sa promulgation des propositions présentées par les associations, les partis politiques, les personnalités nationales devant l’instance de consultation sur les réformes nationales.

Présentant le projet de loi organique sur les associations devant l’Assemblée populaire nationale (APN), le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia, avait affirmé que son département avait tenu en donnant le maximum de précisions et d’explications sur les dispositions relatives aux associations, notamment pour ce qui est de leurs droits, leurs devoirs et leur organisation, «à mettre au point le cadre général permettant au mouvement associatif d’améliorer son rôle et de conférer plus de crédibilité à son activité».

Les associations avaient soumis leurs préoccupations à l’Instance de consultation sur «les réformes politiques relatives notamment aux difficultés d’obtention d’agrément, la non-reconnaissance de leur rôle de médiateur entre le citoyen et les pouvoirs publics et le manque de moyens matériels et financiers».