L’acte II du procès Khalifa s’ouvre ce matin à Blida,Les avocats s’interrogent

L’acte II du procès Khalifa s’ouvre ce matin à Blida,Les avocats s’interrogent

La réouverture du dossier de l’affaire Khalifa, aujourd’hui, à la faveur de la tenue au tribunal criminel près la cour de Blida de son procès en appel, ira-t-elle au-delà du seuil de ce que le premier procès d’il y a six ans n’a pu franchir ?

Ou encore, ce second acte de la plus grande affaire que la justice algérienne a eu à traiter servira-t-il, de par le contexte de l’éclatement en série de grosses affaires de corruption qui rythment l’actualité nationale ces derniers temps, d’exemple à même de refléter, aux yeux d’une opinion publique, la volonté des pouvoirs publics d’en découdre d’avec le phénomène ? Des questions que le citoyen lambda se pose presque instinctivement mais faussement, tant la conviction de ces gens de la rue est chevillée quant au caractère «muet» de ce procès.

Une appréhension que fait sienne aussi Me Khaled Bourayou en raison, notamment, dira-t-il, de l’absence, encore une fois, du principal accusé, Abdelmoumen Khalifa qui, selon lui, «détient beaucoup de secrets, lui qui a eu à fréquenter beaucoup de personnalités et à financer bien des projets ».

Me Bourayou n’exclut pas, par ailleurs, que ledit procès soit «influencé par les grands dossiers de corruption qui secouent l’actualité nationale, soulignant qu’il n’aura pas les mêmes retentissements que celui de 2007». Et à notre interlocuteur de s’expliquer par le fait, selon lui, que «le dossier est ligoté par l’arrêt de renvoi». Il exprimera également son souhait que ce procès soit «examiné dans une totale objectivité et loin de toute instrumentalisation ».

Pour Me Bourayou, contrairement à d’autres pays où la justice, en pareille affaire de corruption et de détournement des deniers publics divulgue des noms, chez nous, dira-t-il, «fait tout le contraire, en taisant et en cachant des noms». Et à l’opposé de Bourayou, Me Farouk Ksentini pense que le timing de ce procès est loin de relever d’une quelconque arrière- pensée. Il regrettera, cela dit, le grand retard accusé par la Cour suprême dans le traitement de l’appel en cassation qu’il dira ne pas comprendre. Le président de la Commission nationale consultative de défense et de promotion des droits de l’homme estime que «cinq ans, c’est trop alors que le délai ne pouvait normalement dépasser les 18 mois surtout, selon lui, que la priorité se doit d’être concédée, dans ces cas-ci, aux détenus». Ksentini regrettera l’absence à ce procès de Abdelmoumen Khalifa qui, ironisera-t-il, «n’est pas près de venir» et ceci, «du tout pas faute de la volonté de l’Algérie» qui, selon lui, «a fait tout ce qu’il fallait faire pour extrader le golden boy».

Pour revenir au procès qui, à se fier au président de la CNCPPDH, durera au maximum une vingtaine de jours, le tribunal criminel près la cour de Blida jugera, à l’occasion et pour la seconde fois, les 75 accusés dans l’affaire El Khalifa Bank. La partie civile sera représentée, quant à elle, par 50 membres, et quelque 300 autres personnes témoigneront. Les accusés dont 10 demeurent encore en fuite donc condamnés par contumace (Rafik Abdelmoumène Khalifa, les frères Keramane Abdelwahab, ancien gouverneur de la Banque d’Algérie et Abdenour, ancien ministre et ancien directeur général de Sonelgaz, ainsi que la fille de l’un d’eux, Yasmine Keramane, responsable au niveau de Khalifa Airways), répondront d’un chapelet de chefs d’inculpation dont l’association de malfaiteurs, vol qualifié, escroquerie, abus de confiance et falsification de documents officiels. Les autres accusés présents au procès d’il y a six ans se sont vu infliger des peines allant de 18 mois de prison avec sursis à 20 ans de réclusion criminelle.

M. K.