Lacen : Avec la FAF, le contact n’a jamais été rompu

Lacen : Avec la FAF, le contact n’a jamais été rompu

«Il me serait plus correct de venir après le Mondial»

C’est un Mehdi Lacen heureux que nous avons joint au téléphone après l’Aïd El Adha. « Oui, je suis vraiment heureux et fier de la qualification de l’Algérie pour la Coupe du monde», nous a-t-il lâché avant même de répondre à nos questions. Parmi nos questions, celle concernant bien évidemment cette première sélection en équipe d’Algérie que toute le monde attend.

La position du gaucher de Santander est on ne peut plus compréhensive, pudeur et correction obligent. «Je me mets à la place de celui qui devrait céder sa place à un joueur qui n’a pas participé aux éliminatoires», a-t-il expliqué. A la fédération, on ne désespère toujours pas de le convaincre de venir, car contrairement à ce que beaucoup croient, le contact entre le joueur et un responsable influent de la FAF n’a jamais été rompu. C’est le joueur qui nous l’a confié dans l’entretien qu’il nous a accordé en exclusivité.

Bonjour Mehdi, ça va ?

Oui, ça marche bien même si notre début en championnat est laborieux à cause de plusieurs paramètres.

Pourquoi justement Santander n’arrive pas à quitter cette position de relégable depuis le début de saison ?

Si vous suivez bien nos matchs, vous verrez que souvent on joue bien, mais il nous manque ce brin de réussite pour mettre dedans toutes les occasions qu’on se procure. J’espère qu’avec la nomination de M. Portugal, le nouvel entraîneur, la chance va tourner en notre faveur parce que ça ne peut plus continuer comme ça (Ndlr, entretien réalisé avant le match Espanyol – Santander, remporté 4 à 0 par Santander).

Avez-vous suivi le parcours de l’équipe d’Algérie ?

Et comment ! J’ai surtout suivi les deux matchs contre l’Egypte et j’ai sincèrement vibré avec l’équipe d’Algérie. J’étais heureux du dénouement positif pour l’équipe d’Algérie et les Algériens après tout ce que les joueurs ont vécu à leur arrivée en Egypte. Personnellement, j’étais dégoûté de voir les images du bus de l’équipe caillassé et des joueurs en sang, car si par exemple c’est l’Espagne qui avait été attaquée, le match n’aurait jamais eu lieu. Je trouve que les médias ici en Europe n’ont pas donné l’importance qu’il faut à cette grave affaire. La Fédération égyptienne n’a pas fait son travail en se montrant incapable de protéger les joueurs algériens.

Comment avez-vous suivi les deux matchs ?

Au début, je voulais rester zen en suivant tranquillement le match du Caire. Mais, à la fin du match et au moment où la qualification était acquise, je commençais à ne plus tenir en place. Lorsque l’Egypte a inscrit le deuxième but, j’étais vraiment dégoûté, mais j’étais paradoxalement convaincu que les gars allaient se qualifier sur terrain neutre.

Au lendemain de la qualification de l’Algérie, comment était l’accueil à l’entraînement ?

Très chaleureux ! Tous les joueurs sont venus vers moi pour me féliciter. Certains m’ont dit en plaisantant que je venais de rater une occasion en or d’aller en Coupe du monde. Les médias par contre ne m’ont pas beaucoup parlé de l’équipe d’Algérie, car ils étaient occupés et ils le sont toujours d’ailleurs par la mauvaise situation du club.

Votre situation a-t-elle changé par rapport à l’équipe nationale ?

L’été dernier, j’étais honnêtement prêt à venir, mais cela ne s’est pas fait à cause d’un problème de passeport. C’était avant le match Algérie – Zambie. Par la suite, l’équipe avait franchi un grand pas vers la qualification en gagnant ses deux matchs à domicile. A partir de là et je vous l’avais déclaré à la veille du match face au Rwanda, il n’était plus possible de venir, du moins pas pour le moment.

Pour les mêmes raisons : vous ne voulez pas prendre la place de quelqu’un d’autre…

Ecoutez, personnellement si je fais toutes les éliminatoires et que quelqu’un vienne me prendre ma place, je serais très déçu. Donc, je me mets à la place des joueurs qui ont été fantastiques, notamment face à l’Egypte. Ce sont eux qui méritent d’aller en Coupe du monde. Ça sera d’autant plus difficile pour moi que j’ai vu ce que les joueurs ont enduré en Egypte pour qualifier l’Algérie en Coupe du monde. Je ne me vois pas arriver allègrement dans ce groupe et prendre la place de quelqu’un qui a fait toutes les éliminatoires. Certains peuvent ne pas comprendre ma position et je les respecte, mais c’est ça mon éducation et je ne veux pas la changer.

Etes-vous toujours en contact avec les responsables de la fédération ?

Depuis quelques semaines, je n’ai pas eu d’écho de la fédération algérienne. Les responsables étaient sans doute préoccupés par la préparation des matchs contre l’Egypte. Par la suite, j’ai eu un appel de M. Walid Sadi.

Que vous a-t-il dit ?

Malheureusement, on n’a pas pu parler parce que j’étais à l’entraînement. Je l’ai rappelé par la suite, mais je n’ai pas pu le joindre. On m’a expliqué qu’il était déjà parti en Afrique du Sud pour une mission. J’espère pouvoir lui parler ne serait-ce que par correction.

Dites-nous sincèrement Mehdi, ne regrettez-vous pas d’avoir dit non à la première convocation de M. Saâdane ?

Mais je n’ai pas dit non. J’ai juste demandé qu’on me laisse le temps de découvrir l’Algérie et de me rapprocher de la famille de mon père qui se trouve à Alger. Je n’ai rien exigé, ni argent ni assurance, encore moins un statut de joueur privilégié. Malheureusement, ce voyage en Algérie, je n’ai jamais pu l’effectuer pour plusieurs raisons dont mon emploi du temps chargé. Je le dis aujourd’hui solennellement, j’ai toujours été intéressé et je le suis toujours par l’équipe d’Algérie, mais je ne voulais pas venir pour jouer un ou deux matchs pour soigner mon CV. Je voulais et je veux durer en sélection.

Vous n’avez pas répondu à notre question…

Au jour d’aujourd’hui, je n’ai pas regretté de ne pas être venu en sélection. Mais si ça se trouve, dans un ou deux ans, je pourrais le regretter parce que rien ne dit que l’Algérie va se qualifier à la Coupe du monde 2014.

Etes-vous conscient que vous êtes en train de rater une occasion en or de jouer une Coupe du monde ?

Bien sûr que je le sais, mais je préfère rater une Coupe du monde que prendre la place de quelqu’un qui a lutté pour y être.

Vous savez très bien que dans le groupe il y a des joueurs qui n’ont pas joué le moindre match…

Mais, ils étaient là et ont répondu à l’appel du sélectionneur. On ne peut pas leur enlever ce mérite.

M. Saâdane a affirmé que pour le cas Lacen, il va falloir attendre la fin de la Coupe d’Afrique des nations…

Le sélectionneur sait ce qu’il fait, il sait qu’il a un excellent groupe et qu’il est trop tard pour le chambouler. Une équipe qui écarte l’Egypte de la qualification en Coupe du monde fera bonne figure en Coupe d’Afrique.

Quel est le meilleur moment pour vous d’intégrer l’équipe d’Algérie ?

Il serait peut-être plus juste et correct de venir après la Coupe du monde. Si bien sûr les responsables du football algérien veulent toujours de moi. Ma position peut surprendre, mais je ne peux pas faire irruption comme ça dans un groupe juste parce qu’il y a une Coupe du monde à jouer. Je ne suis pas comme ça et j’espère que les supporters algériens comprendront ma position.

Vous allez devoir suivre la CAN et le Mondial à la télé donc…

Et je serai le supporter numéro 1 de l’équipe d’Algérie. Car, croyez-moi, j’ai ressenti quelque chose de très fort au moment du coup de sifflet final du match de Khartoum. J’ai vécu des moments intenses, même de loin.

Entretien réalisé par Mohamed Saâd