Si le département de la santé tergiverse pour passer de la parole à l’acte, les médecins spécialistes de la santé, eux, ont décidé de renouer avec la protesta avec une grève illimitée pour appeler la tutelle à respecter l’accord signé en mai dernier.
Après une accalmie de plusieurs mois, voilà que l’agitation signe son retour dans le secteur de la santé. Pour la énième fois, les médecins spécialistes de la santé montent au créneau pour insister sur la prise en charge et la satisfaction de leurs revendications. Joint hier par téléphone, le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp), le Dr Mohamed Yousfi a expliqué que cette action de grève illimitée à observer à partir d’aujourd’hui «est une réponse à la tutelle qui n’a pas respecté les promesses faites au mois de mai dernier». Et de poursuivre que la rencontre de réconciliation ayant réuni les représentant des médecins spécialistes avec le département de la santé «n’a donné aucune garantie pour dissuader la corporation d’annuler son mouvement de protestation».
En effet, en mai dernier, le Snpssp et la tutelle ont conclu un accord portant sur la satisfaction de dix points relatifs aux conditions socioprofessionnelles de cette corporation. La plateforme de revendications comprenait notamment l’amendement du statut particulier.
Dans un premier temps, cet accord a permis de geler l’appel à la grève décidé par le Snpssf, mais cinq mois après les médecins spécialistes n’ont rien vu venir. Les points discutés sont restés au stade des promesses. C’est pourquoi le Snpssp a pris la décision de recourir à la grève à l’issue des travaux du conseil national tenu les 14 et 15 octobre. D’après les explications de Mohamed Yousfi, les responsables ont pris une autre piste après la conclusion de l’accord avec «la décision de rediscuter et d’arrêter un calendrier de réunions». Cette attitude signifie pour les médecins le retour à la case départ, les concernés perdant patience suite au dialogue de sourds de leur tutelle, et s’attendant à l’application et la concrétisation de l’accord signé. A cet effet, ce mouvement de protestation se veut encore une dénonciation de la politique de fuite en avant des responsables de la santé qui ne respectent pas leurs engagements. C’est l’occasion aussi pour cette corporation de tirer la sonnette d’alarme sur la précarité et l’anarchie qui règnent dans les établissements de la santé et qui empêchent les médecins d’exercer leur travail dans des conditions convenables. Dans ce sens, il y a lieu de souligner que le département de Djamel Ould Abbès fait beaucoup parler de lui ces jours-ci, notamment sur le manque de médicaments de base, les multiples contraintes recontrées par les cancéreux et la mauvaise gestion des responsables. En termes de revendications, les protestataires attendent toujours du concret. Outre l’amendement du statut particulier et la révision du régime indemnitaire, ils demandent l’application de la réglementation concernant la carte sanitaire assurant la protection des structures de santé publique. Les spécialistes revendiquent également la suppression de la discrimination contenue dans la loi de finances en matière d’imposition des primes et indemnités attribuées par le ministère de la Santé.

Yasmine Ayadi