Le torchon brûle entre la ministre de la Culture et la présidente du Parti des travailleurs. L’opinion publique assiste, médusée, au « duel » des deux antagonistes. Les accusations de Louisa Hanoune contre Nadia Labidi, tout la présidente du PT avait promis jeudi d’apporter les preuves, ont laissé les observateurs sur leur faim.
Les Algériens ont plutôt eu droit à une sortie médiatique sans concession de Mme la ministre sur une chaîne de télévision privée. Niant en bloc tout ce qui a été avancé par le parti de la femme de gauche, Mme Labidi, pour laquelle son honneur est « une ligne rouge », s’est dite prête à engager une procédure judiciaire contre les responsables des propos qui l’ont visée. « Je saisirai la justice pour prouver mon innocence et défendre ma réputation », a-t-elle dit en substance.
Une situation qui ne sera pas sans laisser de traces à Constantine où l’on tente, depuis des mois, de cacher des imperfections aussi bien dans la gestion que dans des réalisations, bâclées pour la plupart, sous le regard impuissant d’une population piégée. Mme Labidi, désormais en situation peu enviable, sera tentée les prochains jours à profiter de ses sorties pour se repositionner au sommet de son ministère.
Pour en revenir aux accusations de Louisa Hanoune et de Djelloul Djoudi, député du PT élu à Bouira, Mme Labidi les a qualifiées « d’irresponsables et d’étranges ».
Notamment concernant « Procom », une entreprise de communication audiovisuelle appartenant à la famille de Mme la ministre et une supposée production de film qui aurait coûté 12 milliards de centimes. L’invitée de l’émission s’en est lavé les mains en précisant qu’il y a une année qu’elle s’est désistée de la propriété de la société.
D’autant, a-t-elle ajouté, que le film en question, qui n’a couté que 6,5 milliards et non 12 milliards de centimes, est en production par le Centre national du cinéma et de l’audiovisuel placé sous la tutelle du ministère de la Culture.
Autre point soulevé par Mme Labidi, celui relatif à « la faveur » dont aurait bénéficié son fils de la part de l’ambassade des Etats-unis pour faire des études, en échange d’un service rendu à la représentation diplomatique de ce pays par la mise gratuitement à sa disposition de la salle du Théâtre national d’Alger.
La ministre s’est dite « indignée après la mise au point d’un ambassadeur accrédité à Alger, démentant les propos d’un député algérien concernant l’octroi d’une bourse à mon fils », et se contentant au passage de préciser que « le stage de son fils » n’a aucune relation avec l’ambassade des Etats-Unis.
La ministre, déjà suffisamment secouée par les événements qui ont émaillé les préparatifs de la capitale de la culture arabe, notamment après la sortie médiatique de l’ex-chef de département de la communication au sein du commissariat de la manifestation, Mme Fouzia Souici, une sortie qui avait, rappelons-le, nécessité une virée à Constantine de Mme la ministre dans les 48 heures.
Des accusations qui, d’ailleurs, n’ont jusqu’à ce jour provoqué aucune réaction officielle. La ministre s’était contentée de renvoyer le sujet à la fin de la manifestation.
La rencontre de jeudi était donc une occasion de plus pour Mme la ministre d’apporter des précisions sur ce qui s’est dit autour des 700 milliards alloués au volet culturel de la manifestation qu’abrite la ville des ponts depuis le 16 avril.
Mme Labidi a confirmé que c’est elle qui avait exigé que le versement de l’enveloppe financière se fasse de manière progressive, afin, a-t-elle expliqué au présentateur, de pouvoir contrôler et de suivre la traçabilité des dépenses. Est-ce une manière d’insinuer qu’à l’autre bout de la chaîne, on risque de faire main basse sur la tirelire ?
Mme Labidi n’a pas manqué au passage de lancer un appel aux Constantinois pour faire preuve de patience parce que, dira-t-elle, tous les projets seront achevés durant la manifestation.
Sur un autre volet, l’invitée de l’émission, diffusé, tard jeudi, a tenté de rassurer les entreprises ayant contribué à des réalisations durant la manifestation abritée par Tlemcen, capitale de la culture islamique, qu’elles seront toutes régularisées. La ministre de la Culture a précisé que la balle est dans le camp du Premier ministre.