De toutes les rencontres que la ministre de la Culture, Mme Nadia Labidi, a organisées avec les professionnels, celle qui l’a liée à ceux du cinéma a été la plus laborieuse et la plus passionnée.
Malgré le choix de l’heure, 13h au lieu de 22h, le Ramadhan et la chaleur n’ont pas eu raison des professionnels du cinéma et de l’audiovisuel qui se sont déplacés en masse pour exposer leur doléances et leur préoccupations sur la situation que vit le 7e art. Plus de 200 artistes professionnels et responsables étaient présents pour écouter la ministre et surtout exposer leurs préoccupations de la situation qui ronge le cinéma algérien.
Il y avait les anciens du 7e art: comme Mohamed Lakhdar Hamina, Yamina et Mohamed Chouikh, Belkacem Hadjadj, Bachir Derrais, des comédiens comme Hassan Benzerari, Rym Takoucht, Malika Belbey… des jeunes réalisateurs comme Mounes Khemar, Mina Kessar, Yasmine Chouikh ou encore Karim Moussaoui. Mais également des musiciens comme Amin Kouider, des comédiens de téléfilms et comique comme Kamel Bouakaz.
Ainsi la grande famille du cinéma algérien en entier était présente à cette réunion qui a eu lieu jeudi dernier à la Bibliothèque nationale pour assister à la rencontre initiée par la ministre de la Culture, Mme Nadia Labidi, avec les professionnels du cinéma.
Dans sa présentation, la ministre de la Culture qui est issue du secteur, a déclaré avec émotion: «Votre présence est une bouffée d’oxygène pour moi. Comment développer le secteur du cinéma? C’est ensemble que nous pourrons tracer les grandes lignes de la politique culturelle en Algérie, ainsi qu’un plan de réformes de l’activité cinématographique.
Le fait de se rencontrer constitue déjà un facteur d’encouragement et d’espoir. C’est une rencontre d’échanges, sans ordre du jour préétabli et vous pouvez me considérer comme une des vôtres». La ministre a rappelé que cette rencontre entre dans le cadre de la préparation de la Conférence nationale sur le cinéma, en septembre prochain. Le premier intervenant à prendre la parole, était Hassan Benzerari qui a exposé le problème des salles de cinéma proposant, notamment de «revoir la composition des structures culturelles».
Le comédien Fouzi Saïchi a, pour sa part, estimé qu’il est important de créer une école de cinéma. Le réalisateur Larbi Lakehal a évoqué les questions relatives aux financements des films et le passage du Fdatic de 10 millions de DA à 30 millions de DA et la participation de l’Aarc à la production.
Le doyen des cinéastes algériens, Mohamed Lakhdar Hamina et ancien responsable de l’Oncic a évoqué le même problème et proposé des solutions pour faciliter le travail des réalisateurs et des producteurs et mettre un terme à la bureaucratie qui mine certains producteurs publics. Pour sa part, le réalisateur Sid-Ali Mazif, était scandalisé qu’il y ait seulement 3000 à 4000 entrées dans les salles algériennes et a proposé d’instaurer une politique pour les cinémathèques, proposant de créer une salle répertoire dans chaque wilaya.
La jeune réalisatrice Mina Kassar a exposé, pour sa part, le problème crucial de la carte professionnelle et les critères de sélection pour identifier «qui est réalisateur et qui ne l’est pas.» «Aujourd’hui, n’importe qui se présente comme réalisateur, alors qu’il faut faire au moins un court métrage dans son parcours». Dans son intervention, le producteur et réalisateur Bachir Derrais a appelé à une refonte du CNC, insistant sur la création d’un tableau de bord du centre algérien de cinéma. Il a proposé, notamment de créer des commissions séparées, réservées pour les longs métrages, les documentaires et les courts métrages.
Derrais a également interpellé la ministre, pour relancer la coopération avec la télévision algérienne. «De nos jours, il n’y a aucune production qui ne soit pas liée à une télévision. L’apport de la télévision est non négligeable pour la profession», a déclaré le producteur du futur film sur Larbi Ben M’hidi. De nombreux réalisateurs et comédiens sont intervenus pour exposer les problèmes rencontrés lors de cette rencontre, certains l’ont fait bruyamment ce qui a donné un peu de charme à cette rencontre qui a duré plus de quatre heures.
Dans sa réponse aux nombreux intervenants, la ministre, Mme Nadia Labidi, a mis l’accent sur la formation, comme base d’une relance durable dans tous les secteurs de la culture. S’agissant des diplômes et des certificats, elle a déclaré que des consultations sont en cours avec les ministères de l’Education et de la Formation professionnelle. Pour ce qui est de l’Ismas, elle a proposé l’idée de séparer les formations en arts dramatiques et audiovisuelles, en créant des instituts spécialisés dans chacun de ces domaines. Une idée accueillie favorablement par les présents par une valse d’applaudissements.
S’agissant du Fdatic (Fonds de développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographique), elle a annoncé la création de nouveaux fonds pour la promotion de l’écriture de scénarios et la réalisation. La ministre a indiqué que le Cnca sera renforcé pour faciliter les productions et il n’est pas exclu que la production cinéma soit prise en charge, aussi bien par l’Aarc et l’Onci. Par ailleurs, la ministre a demandé aux professionnels de s’organiser en associations en relançant l’Arpa.
Enfin, la ministre qui a tiré un grand profit de cette rencontre a insisté sur la nécessité de rétablir la confiance entre le ministère et les professionnels, annonçant au passage la création d’une revue de cinéma consacrée à la critique cinématographique et la numérisation de tous les films algériens pour être adaptée aux nouvelles formes de technologies. La rencontre s’est achevée dans la bonne humeur et la majorité des professionnels se sont séparés avec le sentiment d’avoir, pour la première fois, été écoutés jusqu’au bout.
Les propositions d’«A nous les écrans»
Dans son intervention lors de la réunion avec la ministre de la Culture, le président de l’Association «A nous les écrans» et directeur des Journées cinématographiques d’Alger, Salim Aggar, a proposé de lancer une réunion avec tous les directeurs de festivals afin de faire le bilan des manifestations cinématographiques et de créer une politique pour les festivals en vue de faire la promotion du cinéma algérien et relancer la culture des salles obscures. Le président de l’Association a également proposé la création d’un prix pour le cinéma algérien à l’image des Césars, des Oscars et des Baftas, afin de récompenser les compétences cinématographiques locales.
Enfin, le premier responsable des JCA souhaite le renforcement de la coopération avec les missions étrangères accréditées à Alger, afin de donner une visibilité internationale à nos manifestations et renforcer la diversité culturelle et cinématographique. A. M.Les propositions d’«A nous les écrans»
Dans son intervention lors de la réunion avec la ministre de la Culture, le président de l’Association «A nous les écrans» et directeur des Journées cinématographiques d’Alger, Salim Aggar, a proposé de lancer une réunion avec tous les directeurs de festivals afin de faire le bilan des manifestations cinématographiques et de créer une politique pour les festivals en vue de faire la promotion du cinéma algérien et relancer la culture des salles obscures.
Le président de l’Association a également proposé la création d’un prix pour le cinéma algérien à l’image des Césars, des Oscars et des Baftas, afin de récompenser les compétences cinématographiques locales. Enfin, le premier responsable des JCA souhaite le renforcement de la coopération avec les missions étrangères accréditées à Alger, afin de donner une visibilité internationale à nos manifestations et renforcer la diversité culturelle et cinématographique.