L’abandon de nouveau-nés prend de l’ampleur à Oran, 250 naissances hors mariage en 2013

L’abandon de nouveau-nés prend de l’ampleur à Oran, 250 naissances hors mariage en 2013

Des bébés abandonnés dont le seul tort est d’être nés

L’abandon des nouveau-nés prend des courbes fulgurantes, plusieurs dizaines de ces derniers sont abandonnés aussitôt venus au monde.

Les naissances inscrites sous x continuent à exploser dans une wilaya qui se cherche encore, notamment sur le plan social. Il s’agit de la wilaya d’Oran qui a enregistré en 2013 quelque 250 naissances, toutes issues de relations hors mariage. «Ces chiffres sont loin de constituer la réalité vu que tous ceux nés sous x ne sont ni déclarés ni recensés», indique-t-on, ajoutant que «plusieurs mères célibataires optent pour la loi de l’omerta en accouchant en catimini de peur des tabous sociaux».

L’abandon atteint son pic

La bêtise humaine est à son summum par ces procédés visant la «réparation» d’une erreur commise délibérément ou involontairement, par une autre erreur criminelle: l’abandon des nouveau-nés.

Plusieurs dizaines de ces derniers sont jetés, aussitôt venus au monde. Ce phénomène prend des courbes fulgurantes. Les exemples ne manquent pas. Les habitants de Hassi Mefsoukh, localité située à l’entrée est de la wilaya d’Oran, ont vécu tout récemment une journée de désolation après la découverte du corps d’un nourrisson de sexe masculin. Il a été enveloppé dans un sac en plastique et jeté au milieu d’une décharge publique. Il est fort probable que le nourrisson ait été jeté aussitôt venu au monde, les circonstances de son décès ne sont pas encore élucidées. Mais, les enquêteurs ont, dès l’entame de leur enquête, privilégié la piste de l’abandon.

La découverte macabre a été faite par un récupérateur de déchets qui en a informé les éléments de la Gendarmerie nationale de ladite localité. Ces derniers se sont dépêchés sur les lieux et procédé à l’ouverture d’une enquête. Les éléments de la Protection civile, dépêchés eux aussi sur les lieux, ont procédé au transport du corps du nourrisson vers la structure sanitaire d’El Mohgoun à l’effet de l’examen médical post-mortem devant être sanctionné par l’établissement d’un rapport final de l’autopsie.

La demande dépasse l’offre

Il n’est un secret pour personne que se débarrasser du nourrisson, loin des regards soupçonneux, est devenu récurrent un peu partout dans les grandes villes, à l’instar de la deuxième capitale du pays. Mais la wilaya d’Oran continue à vivre, ces dernières années, au rythme effréné d’un phénomène qui prend des allures vertigineuses, l’abandon des nouveau-nés.

La prise en charge de ces derniers, notamment ceux à placer dans des foyers d’accueil, ne manque pas. 37 enfants sont pris en charge par le centre d’assistance affilié à la direction de l’action sociale d’Oran. 15 bébés sont en attente de la réponse définitive de leurs mères biologiques quant à leur renoncement de leur progéniture au profit des services de l’action sociale.

La demande liée à la kafala dépasse largement l’offre! En effet, les services de l’action sociale enregistrent quelque 400 demandes de placement dans des familles adoptives. En 2013, les services concernés ont donné leur quitus quant au placement de 72 enfants dans des familles adoptives parmi lesquels sept bébés chérubins ont été sollicités par des familles résidant à l’étranger. En 2012, les services sociaux locaux ont recensé pas moins de 200 cas d’abandon de nourrissons, tous issus de relations extraconjugales. La question n’est plus un sujet tabou dans une société qui continue à subir les conséquences de mutations sauvages et le bannissement brutal des unités et repères sociaux.

Le phénomène ne cesse de constituer un sujet à polémique sur la place publique, notamment en matière de prise en charge et les moyens à mettre en place aux fins de le juguler ou du moins l’atténuer. Le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la condition féminine a, en tirant implicitement la sonnette d’alarme, ouvert le dossier ces dernières années, question de mieux prendre en charge les nouveau-nés abandonnés et retrouvés vivants.

Briser les tabous

Comme première mesure, il a été procédé à l’ouverture en 2008 d’une nouvelle pouponnière inaugurée par Djamel Ould Abbès, alors ministre de la tutelle. Dans l’une de ses visites d’alors, il est allé jusqu’à recommander plusieurs résolutions à prendre nécessairement en compte dont, entre autres, l’obligation de l’élargissement dudit établissement afin de faire face au flux important des nouveau-nés. Sur un autre registre, en plus des enfants handicapés qui sont automatiquement pris en charge par la pouponnière d’Oran, des dizaines d’autres ont récemment fait l’objet de placement au sein de familles, d’autres ont été remis à leurs mères biologiques.

«La dernière disposition qui entre dans le cadre du rapprochement de la mère et de son enfant, tend à tisser des liens solides autour de la petite victime», a-t-on expliqué, ajoutant que «dans cette mesure, les services de l’action sociale assurent un suivi rigoureux en mettant en exergue l’application des textes de loi». Ceci dit, tout châtiment corporel et autre maltraitance sont aussitôt et sévèrement réprimés avant que l’enfant ne soit retiré à sa mère biologique.

Les mêmes services sont en passe de briser autant de tabous en envisageant, d’ores et déjà, d’organiser de vastes campagnes de sensibilisation et de vulgarisation au profit des larges couches sociales.

Le sujet principal tournera autour de l’action sociale, la prise en charge des naissances et la nécessité de rapprochement des mères célibataires des services locaux en vue de leur expliquer que «l’erreur peut accidentellement avoir lieu, mais sans pour autant l’amplifier au point de braver l’interdit en abandonnant le nouveau-né à la rue».

Un autre fait qui n’est pas à négliger et qui nécessite une réelle prise de conscience, est celui des mères célibataires.

Le phénomène n’est pas un simple point de vue de l’esprit étant donné que plus de la moitié des mères célibataires (60%) sont âgées de moins de 25 ans, dont 20% des mineures âgées entre 15 et 17 ans. L’absence de prévention et de sensibilisation risque d’amplifier davantage ce phénomène qui doit être traité «dans un cadre global loin de toute forme d’inégalité des chances entre les hommes et les femmes pour réduire les cas des mères célibataires», a indiqué un psychologue, tout en préconisant «la nécessité de se rapprocher de ces mères».