Les islamistes algériens se sont empressés à dénoncer les déclarations du ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Garcia-Margallo, qui a loué Dieu pour leur défaite aux dernières législatives, alors qu’ils observent un silence radio sur des déclarations d’autres responsables étrangers pouvant être assimilées à une immixtion dans les affaires internes du pays mais ayant la particularité d’être favorables à cette mouvance.
Les réactions hostiles ne se sont pas fait attendre. Via des communiqués ou par l’entremise de déclarations à la presse, c’est à une véritable levée de boucliers que se sont livrés les leaders de la mouvance islamiste algérienne pour descendre en flamme le chef de la diplomatie espagnole. A l’unanimité, ils se sont élevés contre cette «ingérence» en appelant les autorités algériennes à réagir.
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Garcia-Margallo, et selon l’agence Europa Press a déclaré avant-hier lors d’une conférence de presse à Bruxelles : «Grâce à Dieu, la percée très importante des courants islamistes [en Algérie] n’a pas eu lieu comme annoncé».
Rappelant par ailleurs le bon déroulement du scrutin législatif en Algérie, M. Garcia-Margallo s’est également félicité du taux de participation «relativement élevé». Il a en outre ajouté que «l’Union européenne doit faire un effort pour faciliter le processus démocratique en Algérie», rappelant que «l’Algérie a choisi, comme le Maroc, le chemin de la réforme», qui, a-t-il estimé, «est un chemin plus lent et moins visible […] mais plus stable et plus sûr».
Joint hier au téléphone, Abderezzak Mokri, haut cadre du MSP et directeur de la campagne électorale de l’Alliance de l’Algérie verte (AAV) lors du dernier scrutin considère que les déclarations de M. Garcia-Margallo comme une «ingérence dans les affaires internes du pays».
«Les autorités (algériennes) se doivent de réagir à ces déclarations par les voies appropriées», a dit M. Mokri, soulignant que les propos du ministre espagnol «prouvent, s’il en est, que l’Occident reste toujours du côté des dictatures et non de celui des peuples». Or, a-t-il poursuivi, «la crise algérienne consiste en une fraude massive qui a détourné la volonté du peuple».
De son côté, Mohamed Hadibi, responsable du Mouvement Ennahda, également membre de l’AAV, a tenu des propos de la même trompe que son allié du MSP. Il a estimé que les déclarations du ministre espagnol constituaient une ingérence dans les affaires internes de l’Algérie.
M. Hadibi estime que «l’Espagne, qui fait face à une crise économique sans précédent veut, à travers cette caution donnée à Alger, sauvegarder et consolider ses intérêts économiques en Algérie», allant jusqu’à émettre des soupçons sur un éventuel accord entre Alger et l’UE au sujet du dernier scrutin.
M. Hadibi estime enfin que les déclarations du chef de la diplomatie espagnole sont une preuve que le courant islamique en Algérie n’est pas à la solde de l’étranger. Même le PJD d’Abdallah Djaballah, qui ne fait pas partie de l’AAV, a exprimé le même avis au sujet des déclarations de M. Garcia-Margallo.
Interrogé sur le silence de l’AAV au sujet d’autres déclarations de responsables étrangers pouvant être considérées comme des immixtions dans les affaires internes de l’Algérie, à l’image de la question adressée par l’ambassadeur de Turquie au chef de la mission d’observateurs de l’UE sur la non-publication des résultats par wilaya, M. Mokri se défend.
«Nous mettons toutes ses déclarations dans la même case», a-t-il répondu, ajoutant : «même le Qatar qu’on disait nous soutenir et même nous financer s’est empressé de féliciter le FLN pour sa victoire. Pourquoi ne dit-on pas donc que le Qatar soutient ou finance le FLN ?».
H. M.