Quand ce n’est pas l’indifférence, les Algériens usent de deux autres «armes» tout aussi redoutables pour accompagner l’actualité, aussi bien nationale qu’internationale : l’ironie et surtout la dérision.
Et la visite, aujourd’hui mercredi, pour deux jours, en Algérie, du président français n’échappe pas à cette règle. Que ce soit dans la rue, ou, pour les plus branchés d’entre eux qui ont la chance de disposer d’internet chez eux ou chez le cyber du coin, nos compatriotes, quand ils ne se sentent pas du tout concernés par cette virée «hollandaise» tout comme par le reste de l’actualité, ce qui est le cas de la majorité des gens, les plus «à la page», se «défoulent» à leur guise. Que ce soit dans la rue, entre copains ou dans l’intimité et l’anonymat qu’autorise la Toile à travers ses divers réseaux, ils se donnent à cœur joie pour accompagner la visite du président français, et ce, en usant de ce qu’ils maîtrisent à souhait : l’ironie et surtout la dérision.
Une virée, hier, à travers la capitale et un survol des divers réseaux sociaux suffisent amplement, pour s’imprégner de l’ambiance au sein du petit peuple à la veille de la visite, aujourd’hui, du président français en Algérie. Une ambiance empreinte quasi majoritairement d’indifférence quand ce n’est pas l’humour, la satire ou encore la dérision qui font office de commentaires des plus hillarants. «Mais en quoi cette visite peut m’intéresser ?», rétorque un jeune, abordé alors qu’il était en intense discussion avec des amis du quartier, au bas d’un bâtiment de la rue Zirout-Youcef.
Une discussion qui tournait à mille lieues de l’«évènement», puisque tournant, comme chaque jour, autour des prouesses du prodige argentin du club catalan. Et notre interpellation au sujet de cette visite de Hollande sentait comme un «cheveu dans la soupe», tant celle-ci semblait constituer le cadet des soucis de ces jeunes dont le quotidien est rythmé par l’actualité d’outremer du ballon rond. Ceci avant qu’un autre jeune, qui avait l’air d’être quelque peu branché, ne se laisse pas aller au commentaire, affirmant que si ce n’était le branle-bas de combat des autorités de la wilaya d’Alger qui s’affairent depuis une semaine à relooker une partie de la capitale, on n’aurait jamais pu entendre parler d’une visite d’un quelconque président ou autre officiel étranger.
Et d’apprendre à cet instant que cette visite concernait celle du président français Hollande et non pas Sarkozy, comme il le pensait. Cela renseigne sur le déphasage d’une partie de la rue quant à l’actualité nationale ou encore régionale. Non loin de là, un homme d’un certain âge vociférait presque contre, justement, ces travaux de ravalement des façades des immeubles situés sur l’itinéraire que devrait emprunter le président français. Notre vis-à-vis regrettera la qualité des travaux accomplis puisque, dira-t-il, «les travailleurs, mobilisés en nombre, ont agi à la va-vite et fait avec «massacre leur travail». Un avis que semble ne pas partager une jeune femme apostrophée à hauteur de la Fac centrale pour qui, ces travaux ont redonné à la capitale, même en partie, sa blancheur d’antan, «devraient être une action pérenne et continue ».
Et de joindre inconsciemement sa voix à celle de certains internautes qui ont lancé une pétition, implorant Hollande ou n’importe quel autre président pour qu’il visite l’Algérie chaque mois, pour que, disent-ils, «nos villes rivalisent à ce rythme avec les autres grandes villes du monde !».
Aussi, les habitués du café populaire situé juste en face de la Grande-Poste ont exprimé leur profond regret, suite à la disparition à la tronçonneuse du fameux tronc d’arbre. Un fait qui a suscité un véritable tollé, notamment sur la Toile, au point de pousser le tout nouveau maire d’Alger-Centre à penser à rectifier le tir en promettant de «caser» ce totem représentant un bateau et un dauphin, en le recomposant dans un jardin sis au Télémly.
M. K.