Si l’exercice 2011-2012 n’a pas été avare en suspense et rebondissements à tous les niveaux du classement, le phénomène de la violence n’aura pas été en reste en s’invitant, voire en s’imposant dans les stades algériens.
En prime, plusieurs débordements et incidents ont émaillé les rencontres des deux paliers professionnels, notamment en 1re division Pro.
Amendes, matchs à huis clos, retrait de points et tant d’autres sanctions. La Ligue de football professionnel (LFP) et la Fédération algérienne de football (FAF), auront, sans succès probants, tout essayé afin de mettre fin à ce fléau qui ternit la discipline.
Les stades algériens ont été les lieux d’incroyables scènes de violence, celles de crimes même, émaillant ainsi des rencontres où l’enjeu a souvent primé sur la principale vertu de ce sport qu’est et devrait rester le fair-play.
Où en sommes-nous en comparaison avec ces pays où le sport roi signifie spectacle et ambiance bon enfant, malgré des enjeux plus prestigieux et des rencontres à des rythmes infernaux mais qui se terminent souvent par des sourires, des «congratulations » et des poignées de mains malgré toutes les «prises de becs» ?
Rien à voir avec ces contacts rudes ou ces chants que s’échangent les galeries adverses mais se terminant, au coup de sifflet final de l’homme en noir, dans le respect mutuel. En Algérie, en plus du piètre spectacle qu’offrent les équipes sur la pelouse, des inconditionnels inconscients, ou des pseudo-supporters, achèvent le malheureux spectateur venu au stade pour se changer les idées, fuir la déprime quotidienne, enfonçant le couteau dans la plaie pour clôturer 90 minutes et jouer les prolongations dans les gradins.
Partout dans le monde, le mécontentement peut être exprimé de différentes façons, Au Nou Camp (Barcelone), au Bernabeu (Madrid), à Anfield Road (Liverpool), Emirates Stadim (Arsenal) ou Old Trafford (Manchester United), pour ne citer que les grands d’Europe , les supporters conspuent l’arbitre, traitent les joueurs adverses de tous les noms d’oiseaux, sans pour autant s’en prendre aux biens publics ou saccager les sièges du stade qui constituent, dans «leur culture», un patrimoine du club à préserver avant tout.
Où sont les Anglais de la période trouble du Hooliganisme, que reste-t-il des images sanglantes qui précédaient les matchs et s’étendaient même à l’«after match»? Aujourd’hui, ce n’est qu’un lointain passé du pays de sa Majesté, la Premier League étant devenue, par la force de lois strictes et de mesures préventives uniques, une véritable référence en termes de discipline et les nombreuses commissions mises en place, ne badinant pas avec le moindre dépassement des joueurs, protègent même les publics des intimidations et provocations dont ils peuvent être «victimes». En plus d’avoir possédé la Dame de fer, la Ligue anglaise a su frapper avec sévérité, sans états d’âme et avec une main de fer.
L’«ARÈNE» DU 5-JUILLET, LE MAUVAIS EXEMPLE
Au temple olympique, les clubs algérois étaient appelés, pour cause de derbies, à s’y produire tout au long de la saison. Sauf que souvent ce n’est malheureusement pas le résultat final qui occupera la Une des journaux le lendemain des rencontres.
A l’image de cet USM El-Harrach – USM Alger où les «fans» des Jaune et Noir s’en étaient pris aux caméras de l’Entv, pour exprimer leur mécontentement.
L’instinct de violence prend toujours le dessus chez des «supporters » complètement déchaînés qui n’hésitent pas à mettre le feu dans les gradins, des pseudo-inconditionnels du Mouloudia d’Alger les imitant piteusement lors de la rencontre face à leurs homologues Usmistes, ou à Saïda, à l’issue de la rencontre qui opposait les locaux du MC Saïda à l’USM Alger toujours, le second club phare de la capitale (les Rouge et Noir) ayant toujours été la malheureuse vedette, dans la tourmente, victime de choix à cause de son statut de super favori en plus de posséder un effectif de qualité composé de nos meilleures stars, les «manifestants» exprimant toujours leur colère suite à un «arbitrage avantageux» dont les Algérois, soupçonnés de «favoritisme», semblent bénéficier.
Un arbitrage qui fait aussi polémique dans un Championnat où, apparemment, rien ne va. La violence, un véritable problème que rencontrent les responsables de la balle ronde en Algérie. Malgré les innombrables sanctions infligées aux «coupables», le problème persiste. Pis encore, il s’aggrave et prend des proportions de plus en plus alarmantes
NOUVELLES MÉTHODES, NOUVEAUX MOYENS ET DE NOUVEAUX RÉSULTATS ?
Qui, mieux que des Anglais comme «conseillers» pour faire face à cette «hydre» qu’ils ont chassée définitivement du lexique ? En effet, la FAF a organisé des séminaires de sécurité dans les stades où deux experts anglais ont été invités pour la cause : M. Chris Whalley, responsable de la sécurité au niveau de la Fédération anglaise de football, et M. Bryan Drew, directeur de l’unité britannique de maintien de l’ordre du football dont l’apport était considérable lors de ce meeting.
Plusieurs solutions ont été proposées par les deux hommes qui ont appelé la Fédération à réétudier les sanctions qui n’apportent visiblement pas d’amélioration, organiser des voyages en convoi pour les supporters de l’équipe visiteuse et la sensibilisation au niveau des comités des supporters. Cependant, la solution la plus fiable n’est autre que la coordination entre le gouvernement, la police et les acteurs du football, qui demeure indispensable pour assurer une sécurité maximale dans et autour des stades.
Après le lynchage de Saïda, la Dgsn a décidé de prendre les choses en main : le général-major Abdelghani Hamel, directeur général de la Sûreté nationale, ayant pris la décision de déployer un arsenal de persuasion avec la mobilisation de milliers de policiers lors de la demi-finale de la coupe d’Algérie qui avait opposé le CR Belouizadad au CS Constantine le mois dernier au stade du 20-Août 55, ou lors de la finale entre le CRB et l’ES Sétif. Un impressionnant dispositif de sécurité qui a permis aux services d’ordre de maîtriser les foules, prévenir d’éventuels troubles et d’assurer le bon déroulement des deux affiches.
Étonnamment, le lendemain même, avec une sécurité quelque peu relâchée, les supporters du Doyen se feront signaler par un énième débordement dans les travées du stade qui avait abrité la finale la veille même. C’est pour dire que les enceintes algériennes doivent ressembler à des fortifications, voire des prisons ou des salles de détention pour que les rencontres se déroulent sans que la violence ne puisse s’y inviter.
Cet «invité indésirable » est devenu l’intrus numéro un parmi la foule dans les stades alors que le football algérien n’a pas besoin d’une épice pareille dans des rencontres au goût amer où le feu est mis dans les tribunes au lieu d’avoir des matchs enflammés par le rythme et le spectacle que les 22 acteurs sont supposés offrir. Ces fauteurs de trouble doivent être privés de stades afin de «nettoyer» ce sport et lui garantir un environnement sain, y compris certains présidents de clubs qui nous font toujours de l’amateurisme dans un Championnat dit «professionnel». Pour cela, ces personnes doivent être identifiées.
C’est pourquoi, tous les stades algériens seront équipés de caméras de surveillance la saison prochaine, d’après M. Hamel. Un moyen indispensable et moderne, comme il en existe partout dans les stades européens qui, aujourd’hui, sont les théâtres de spectacles faisant rêver les téléspectateurs algériens. Une décision attendue qui réconciliera les amoureux du beau jeu avec le football, le vrai. Sans cette plaie béante et hideuse qui empoisonne nos week-ends sportifs.
M. T.