La violence dans les stades menace le football algérien: Le seul but valable ?

La violence dans les stades menace le football algérien: Le seul but valable ?

On a beau dire et dénoncer par tous les moyens le fléau de violence dans les stades algériens, qui prend chaque année des proportions plus alarmantes que celles d’avant.

Cette saison, cela s’est reproduit avec des scènes de plus en plus graves qui consolident, une fois de plus, le fait que le professionnalisme, instauré cette saison, n’a nullement dépassé le stade de la théorie, comme l’avait si bien déclaré le président du CRB et l’Association des présidents de clubs professionnels, Mahfoud Kerbadj.

Cette problématique reste plus que jamais posée. Les instances concernées peinent de toute évidence à imaginer des solutions efficaces à une question qui commence à susciter le ras-le-bol des vrais amoureux du jeu à onze.

La semaine passée, ce fléau a encore frappé. Et de quelle manière ! Un derby tel que RCK – NAHD, se devait d’être une grande fête de football, mais les données en ont voulu autrement. Des blessés, des agressions à l’arme blanche et des arrestations qui ont tourné la fête au drame. Et pourtant, dites-vous, ce n’était qu’une partie de football.

Un fervent amoureux du football l’a si bien dit, résumant totalement la situation, et ce, dans une déclaration reprise par l’APS : «Il semble bien loin le spectacle de joueurs de football se congratulant à la fin d’un match, échangeant leur maillot et saluant l’arbitre sous les acclamations du public.

Ce qui est moins rare de voir, dès le coup de sifflet final d’une rencontre, c’est une escouade d’éléments du service d’ordre accourir vers l’arbitre pour le protéger d’une sortie difficile vers les vestiaires, surtout si l’équipe locale n’a pas réussi le résultat escompté».

L’homme en noir n’est pas la seule personne en risque puisque les dirigeants, supporters, joueurs et même entraîneurs ne sont pas à l’abri. Comme par exemple, il y a lieu de rappeler les faits lors du match CRB – JSK, au stade 20-Août, et l’agression dont a été victime l’entraîneur kabyle, Belhout, et son joueur Tedjar, par des jets de projectiles émanant… de la tribune officielle.

C’est dire que cette tribune, dans tous les stades algériens, ne garde que le nom, avec ce nombre incalculable d’intrus dont le seul but de semer la zizanie, sans pour autant que personne ne réagisse pour en mettre un terme.

Ce sont toujours les mêmes scènes qui tendent à se répéter : arbitre houspillé, voire tabassé, joueurs en venant aux mains, jets de projectiles, envahissements de terrain et même les services d’ordre ne sont pas épargnés. Même dans les divisions inférieures, ce problème n’est pas écarté. En témoignent les incidents ayant émaillé la rencontre de deuxième Division amateur entre la JSM Chéraga et la formation de Saoura.

Des altercations entre joueurs, envahissement de terrains, au coup de sifflet final, qui font, on ne peut plus, que nos stades deviennent pratiquement infréquentables et qualifiés à maintes fois d’endroits à hauts risques.

Ces lieux furent jadis des endroits regroupant les amoureux de la balle ronde qui venaient pour apprécier, dans un bon esprit, les exploits et les beaux gestes techniques, et la rivalité ne dépassait nullement le volet sportif au coup de sifflet final de chaque rencontre, quel que soit son enjeu.

La question qui se pose désormais : Quel rôle pour les comités de supporters ? Ces derniers, dirigés par des personnes de bonnes moralités, sont censés instaurer de l’ordre au niveau des supporters, à travers des campagnes de sensibilisation. Mais loin est le constat actuel où ces comités ne font que de la figuration et les supporters demeurent livrés à eux-mêmes, sans aucun encadrement.

Et même si les doigts accusateurs vont toujours vers les supporters, il n’en demeure pas moins que les principaux instigateurs sont souvent les dirigeants de clubs qui cherchent à tout prix le résultat et se laissent aller à des déclarations qui ne peuvent qu’accentuer la pression et échauffer les esprits.

Ainsi, le plan de lutte antiviolence devra toucher ce côté-là sans omettre les joueurs auxquels on devra à travers l’inculcation de l’esprit sportif dès leur jeune âge. La pression exercée sur eux, parfois menacés de ne pas toucher leurs dus, les poussent à un comportement parfois indigne sur le terrain, de lourdes conséquences.

Comme pour dire qu’il s’agit d’une longue chaîne à plusieurs maillons sensibles, la presse nationale détient un rôle encore plus important. Le ton, quelquefois provocant, de certains titres de la presse nationale, ne font qu’augmenter la pression et titiller le chauvinisme latent de jeunes.

Mohamed Benhamla