Oran pourra-t-elle, en l’état actuel des choses prétendre devenir un jour la mégapole tant rêvée ? Le pari somme toute légitime paraît irréalisable, car les attentes des Oranais et la bonne volonté du wali sont anéanties par un exécutif en hibernation et des assemblées élues tout juste bonnes à opiner de la tête et à lorgner du côté des prochaines échéances électorales.
Le mal d’Oran est que ses attentes sont énormes. Les pouvoirs publics qui ont mobilisé des fonds colossaux pour réaliser ce rêve sont trahis à la base par un exécutif local éthéré, paralysé et phagocyté par des luttes d’intérêt souvent antinomiques. La ville ne sait plus comment gérer la pluie, a du mal avec son plan de transport, croule sous des tonnes d’ordures qu’elle n’arrive pas à dissimuler.
Il lui faudrait un traitement de choc que ne saura lui administrer un exécutif qui n’arrive pas à se mettre au diapason des aspirations citoyennes. Le wali a beau organiser des briefings, sortir sur le terrain, se mettre en rogne, promettre, passer des nuits blanches, mais cela n’arrivera pas à secouer le cocotier ni à donner un grand coup de pied dans la fourmilière.
Oran a bu la boue jusqu’aux amygdales lors des dernières pluies, mais cela n’a pas empêché l’exécutif de gérer cet état d’exception comme on expédie une affaire courante. Les citoyens, les pieds trempés dans l’eau, ont fait face au déferlement des orages sans voir l’ombre d’une mesure salutaire des responsables locaux, pris de court par une réalité amère : Oran n’est pas préparée pour la saison humide.
Tout comme la cigale, ils ont chanté en été pour prendre, plein la figure, quand les premières ondées sont arrivées. Et quand on sait que l’hiver se prépare en été, on comprend pourquoi l’exécutif local est resté hébété, ne sachant quoi faire… El-Bahia qui attend patiemment que le premier voyage du tramway s’ébranle, vit mal les tracas des travaux de réalisation de ce projet.
«Des tracas aujourd’hui pour mille remerciements plus tard », susurrait il n y’a pas longtemps un panneau installé à l’entrée d’un chantier de Tramnor. Pour le moment, c’est la tasse de tracas et pour le confort, il faudra encore attendre et attendre. Les engins martyrisent la ville déguenillée, malmenée, mais qui ne sait plus comment attendre ce tramway pas nommé désir. Elle subit de plein fouet la mauvaise humeur des automobilistes coincés dans des bouchons sans fin et des travailleurs obligés de ruser pour se rendre à leurs lieux de travail.
Et dans ce tableau sombre, la palme revient aux transporteurs qui n’en font qu’à leur tête, à certains commerçants qui trompent, sans aucun scrupule, les clients, aux administrations publiques qui fonctionnent selon le bon vouloir des agents et aux établissements scolaires où les élèves s’entassent dans des classes balayées par le froid et où sévit un froid sibérien. Comment faire pour permettre à Oran de réaliser ses rêves, aux oranais de vivre leur ville et au wali de concrétiser son projet développement de la cité. Là est toute la question… ?
Nazym B.