La vigilance de SEOR a permis d’éviter une catastrophe à 260.000 habitants à Oran-Est, suite au dégazage d’un navire,Alerte à l’eau contaminée dans 8 communes

La vigilance de SEOR a permis d’éviter une catastrophe à 260.000 habitants à Oran-Est, suite au dégazage d’un navire,Alerte à l’eau contaminée dans 8 communes

Une cellule de crise, véritable état-major, a été mise en place jeudi 28 avril au niveau du siège de la direction générale de la société de l’Eau et de l’Assainissement de la wilaya d’Oran (SEOR) pour gérer le problème de contamination de l’eau potable dans 4 daïras d’Oran-Est, qui a surgi mardi 26 avril dans l’après-midi.

Comme mesure immédiate, SEOR a coupé la distribution de l’eau potable dans 8 communes réparties sur 4 daïras, dans l’Est de la wilaya d’Oran. Il s’agit des communes d’Arzew, Gdyel, Hassi Mefsoukh, Benfréha, Béthioua, Aïn Bia, Bir El Djir et Hassi Ben Okba. Oran et le reste de la wilaya ont été épargnés grâce au maillage des réseaux.

En effet, le 26 avril, lors d’un contrôle dans l’un des réservoirs de tête à Aïn Bia, dans la daïra de Béthioua, la SEOR a décelé de mauvaises odeurs dans les eaux destinées à la consommation. Aussitôt l’alerte est donnée et des analyses dans les laboratoires de SEOR ont été ordonnées.

Les résultats effectués sur des échantillons d’eau au niveau des stations de dessalement de Kahrama et dans les réseaux de distribution, le mercredi 27 avril, ont montré un taux d’hydrocarbures qui a atteint les 185 microgrammes par litres (185 µg/l) alors que la norme autorisée par le ministère de la Santé est de 10 µg/l, soit près de 19 fois plus que la normale, et le phénol a atteint 92 µg/l. Des taux de contamination qui pouvaient provoquer une catastrophe à grande échelle, n’eut été la vigilance du réseau d’alerte de SEOR.

Au cours de la matinée et l’après-midi du jeudi 28 avril, les analyses se sont poursuivies et ont montré que les taux sont tombés à 7 µg/l pour les hydrocarbures et à 0 µg/l, pour le phénol. L’alerte n’est pas encore levée et 260.000 habitants dans 4 daïras sont et resteront privés d’eau jusqu’à lundi, probablement, si aucune complication ne viendra perturber les opérations en cours.

Le dégazage d’un bateau, la cause de la catastrophe

La cause de cette situation a pour origine une opération de dégazage d’un bateau dans les eaux de Béthioua. Cette eau de mer est la prise commune à trois (3) stations de dessalement dont le système de protection chargé d’isoler les nappes d’hydrocarbures n’a pas fonctionné, et les stations ont poursuivi le dessalement comme si l’eau de mer n’était pas contaminée et le produit déminéralisé était envoyé dans le système de distribution de SEOR.

Ainsi, après que cette contamination eut été détectée, SEOR a coupé l’alimentation de l’eau potable dans les réseaux de distribution des 8 communes citées, évitant à 260.000 personnes d’être intoxiquées.

Toutes les autorités concernées, du ministère des Ressources en eau, au wali, en passant par les directions et les chefs des daïras concernées, ont été averties pour les informer de l’alerte et des mesures prises.

Une cellule de crise est mise en place, présidée par le directeur général de SEOR, M. Abdelardo Barranco Escobar. Outre les responsables des collectivités locales, étaient également présents la direction de l’Hydraulique de wilaya (DHW), la responsable du laboratoire de SEOR, le directeur de l’AEP et d’autres responsables.

C’est la première fois qu’une pareille cellule est mise en place et elle le restera jusqu’à normalisation de la situation.

Les solutions de secours

Pour éviter de laisser ses abonnés confrontés à un manque d’eau potable, SEOR a mis en place un système de citernage. Ainsi, 22 camions-citernes d’une contenance de 6.000 litres d’eau chacun seront mobilisés et effectueront des rotations pour alimenter les communes touchées, le temps que la crise soit réglée.

De 110 à 150 rotations par jour seront (ou ont été effectuées), offrant un volume de 900.000 litres d’eau quotidiennement pour atténuer la crise. Ces camions seront mis à la disposition des daïras qui décideront de leur implantation pour que les populations en bénéficient. L’autre bonne nouvelle est que SEOR dispose d’autres sources d’alimentation. Pour pouvoir le faire, il faut d’abord éliminer tout risque de pollution et de contamination des réseaux de distribution.

A l’heure où nous mettons sous presse, Kahrama a nettoyé les stations et la SEOR en a fait de même avec les bacs, les réservoirs et les conduites du réseau AEP. L’autre bonne nouvelle est que, grâce au maillage et à la sectorisation des réseaux, les autres daïras de la wilaya, ainsi que la ville d’Oran, ont été épargnées, c’est-à-dire près de 1.100.000 personnes.

Les autres mesures prises par SEOR

Lors de la prière du vendredi, les imams ont été sensibilisés par les collectivités locales pour informer les populations et leur expliquer la situation et demander leur coopération.

Ceci pour éviter que l’eau que certains clients, qui l’auraient stockée, ne soit consommée. SEOR informe que ces quantités doivent être éliminées.

Par ailleurs, des analyses pour vérifier la qualité de l’eau continueront d’être en permanence effectuées par le laboratoire de SEOR, pour décider de la levée de la mesure de la non distribution. Les conduites sont rincées avec de l’eau provenant du barrage de Gargar pour éviter des résidus. De son côté, les stations de dessalement continueront les opérations de nettoyage.

Tous les réservoirs ont été vidangés de l’eau contaminées et les conduites vidées, nettoyées et rincées. L’Algérienne des Eaux, la direction de l’Hydraulique ainsi que les chefs de daïras ont montré leur disponibilité et adhéré à la démarche, ce qui a fait que la cellule de crise a très bien fonctionné.

Des spots et des interventions seront assurés auprès de la station de radio El Bahia pour toucher le maximum de personnes, même si, à l’heure actuelle, seule une trentaine de citoyens a fait des réclamations concernant la qualité de l’eau

Le PDG de Kahrama injoignable hier

Hier vers 10 h 30, nous avons tenté de joindre par téléphone le PDG de Kahrama pour recueillir son avis sur la question. Faute de pouvoir le faire, car injoignable en ce début de week-end, nous noterons que c’est la première fois depuis 2006 que Kahrama enregistre pareille défaillance.

Il reste que l’eau de mer destinée au dessalement, particulièrement celle provenant de bassins portuaires sujets et exposés à la pollution marine, devrait faire l’objet de mesures de sécurité exceptionnelles pour éviter une catastrophe comme celle qui vient d’être évitée grâce à la vigilance et au réseau d’alerte de SEOR.

Pour l’heure, aucune indication n’a été donnée sur la nationalité du navire, quand exactement a eu lieu l’opération de dégazage, si elle a été effectuée au large et si ce navire a été intercepté. Dans ce cas, on ne sait pas, non plus, si des sanctions ont été prises ou si l’opération était autorisée.

Par ailleurs, aucune information n’a filtré sur les intentions de SEOR et de ce qu’elle compte faire, comme par exemple ester en justice l’entreprise défaillance pour les préjudices causés, et à l’entreprise de l’eau et de l’assainissement et aux abonnés qui se retrouvent non seulement pénalisés mais également pris dans le doute. En attendant, la cellule de crise poursuivait ses travaux hier encore, mais aucun avis n’avait été encore donné pour le feu vert de la distribution.

Hakim Djaziri