Les internautes algériens ont été marqués par les images circulant sur YouTube
L’incarcération des fraudeurs lors des précédentes élections fait réagir les internautes.
«Comment voulez-vous qu’on puisse parler encore de la crédibilité des élections quand on voit des images pareilles». C’est le commentaire laissé par une internaute à un article faisant état de l’emprisonnement de huit militants du FLN mis en cause dans la «fameuse» vidéo de bourrage des urnes d’un bureau de vote, dans la wilaya de Tébessa. Ce commentaire est très lourd de sens quant à l’effet qu’a eu cette vidéo sur les internautes algériens. Une semaine après les élections, elle est toujours d’actualité. L’emprisonnement des huit présumés fraudeurs n’a rien changé! «La vidéo a fait l’effet d’une bombe en montrant la réalité des élections», estime Yazid, un jeune interrogé sur Facebook. Il n’est pas le seul internaute algérien à avoir été marqué par les images de cette vidéo qui a fait le tour de la «blogosphère» algérienne. «Je ne trouve pas de mot pour décrire cet énième hold-up fait aux citoyens», peste, pour sa part, Mina dont la colère s’est fait ressentir derrière son écran… «Cette vidéo fait tomber les masques! On nous demande de voter alors qu’en parallèle, ils continuent à bourrer les urnes», dénonce-t-elle.
«C’est honteux!», dit-t-elle. Pour cette jeune femme, cette vidéo est semblable à un abus de confiance. «Même si c’est un cas isolé, elle a ancré dans nos esprits l’idée que la fraude a été générale pendant ces élections», atteste-t-elle. Hassan qui se fait appeler dans les réseaux sociaux Hissou Jone, pense que cette vidéo a montré une exécrable image du scrutin électoral ainsi que du parti historique qu’est le FLN. Néanmoins, il n’oublie pas que c’est la première fois qu’on entend parler de militants écroués pour fraude aux élections. «C’est déjà une avancée. Cela n’aurait pas été possible sans l’apport des nouvelles technologie. C’est grâce à une vidéo qui a été prise avec un téléphone portable et qui a fait le tour du Web que ces voleurs ont été pris la main dans… l’urne», se réjouit-il. «À voir l’apport des TIC dans la transparence d’un scrutin, on se demande si leur développement n’est pas ralenti pour retarder la garantie d’une transparence des élections» s’interroge-t-il en accompagnant son message du Smine clin d’oeil. «Si la 3G était là, cette vidéo n’aurait pas été un acte isolé», poursuit-il. La vidéo de Tébessa est donc la star incontestée de cette après-élection. Mais elle n’est pas la seule à avoir fait parler d’elle. Le jeu des alliances a également gagné la Toile. Et c’est l’alliance FLN-FFS-RND à Tizi Ouzou qui en a la palme. Le protocole d’accord entre le plus vieux parti du pays et le plus vieux de l’opposition a fait le tour du Web. Les commentaires ont fusé de partout. «Partis au pouvoir et opposition s’allient pour contrôler la wilaya de Tizi Ouzou et on nous dit de voter. Vous voyez qu’entre eux, les jeux sont déjà faits.» C’est le genre de commentaires qu’on trouve à propos de cette alliance. Cependant, les commentaires au sujet du jeu des alliances n’ont touché que celle qui concerne le FLN et le FFS. Les internautes racontent comment ces jeux tactiques sont en train d’être faits dans leurs communes respectives. Ils expriment également leur crainte de voir la gestion de leurs communes bloquées faute d’une majorité. Les débats font rage, chacun y apporte son témoignage. Il y a même ceux qui demandent ce que prévoit la loi dans le cas où aucun accord n’est pas trouvé. Les autres internautes se font une joie de leur répondre en s’appuyant sur des articles de presse ou sur des lois. Néanmoins, ce qui semble déranger la majorité des internautes, concernant les alliances, est le fait que le maire qui sera choisi n’est pas forcément celui qui a obtenu le plus de suffrage, c’est-à-dire celui choisi par la population. «Ont-ils le droit de faire des alliances sans consulter leurs électeurs?», peste Khaled le Bison (pseudonyme Internet) sur son mur Facebook. Tout le monde se demande comment les partis peuvent faire des alliances sans l’aval des gens qui leur ont donné leurs voix. «On n’a pas voté pour qu’ils choisissent à notre place, d’après leurs affinités ou d’après les chèques qu’ils perçoivent, pour vendre leur siège», répond un des amis de Khaled. Ce genre de commentaire, ajouté aux informations faisant état de l’intrusion de l’argent dans la répartition des sièges, des bourrages d’urnes et des alliances contre nature, sont l’occasion pour les abstentionnistes de sortir de leur…clavier. Le 1er parti du pays avec près de 12 millions de personnes à trouver la Toile pour faire entendre sa voix inaudible aux oreilles des autorités. Ils profitent de tous les dysfonctionnements qui ont émaillé le scrutin électoral pour se conforter dans leur conviction. «Vous voyez que voter ne sert à rien», lancent-ils comme pour taquiner les internautes qui ont voté. «Moi au moins je n’ai pas cautionné cette mascarade», laisse comme commentaire, Samy Che à quelqu’un qui venait de dénoncer ces dysfonctionnements. Les débats sur la période post-élection, ont donc gagné la Toile. Votants ou abstentionnistes ont trouvé ce moyen de communication pour faire entendre leurs «voix»…autrement que par les urnes. Reste à savoir si les autorités ont reçu le message…
