Alors qu’il y a peu de temps, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, annonçait qu’aucune demande n’était enregistrée pour l’importation de la viande fraîche du Soudan, au moment où l’UNAA -l’Union nationale des agriculteurs algériens- déclarait qu’un accord avait été signé entre les agriculteurs algériens et leurs homologues soudanais pour procéder à l’importation, justement, de cette denrée à partir de ce pays, voilà que le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub annonce l’envoi d’une équipe de vétérinaires au Soudan.
L’objectif de la mission de cette délégation est d’inspecter le cheptel soudanais et établir un rapport sur la base duquel sera décidée ou non l’importation de la viande rouge à partir de ce pays.
Des contrôles médicaux rigoureux sont annoncés afin d’éviter des maladies contagieuses telles que la fièvre maltaise, la langue bleue, etc. Mais gageons que durant le Ramadan prochain, les tables algériennes seront garnies de viandes rouges soudanaises, à condition, bien sûr, que les circuits de distribution fonctionnent normalement.
Pour justifier le choix de ce pays, le Soudan, dont le cheptel s’élève à plus de 147 millions de têtes, M. Mohamed Alioui –le secrétaire général de l’UNAA- avait déclaré que l’accord évoqué contribuera à la stabilité des prix tout le long de l’année et mettra un terme aux perturbations.
M. Alioui avait même promis que le kilogramme de viande rouge fraîche sera cédé à … 300 dinars, de quoi faire rêver. Si le mois de Ramadan est, à chaque fois, enfourché pour justifier une politique de régulation par le recours à l’importation pour pallier les défaillances des circuits, il reste que ce genre de déclarations ne sont pas nouvelles.
La prospection des vétérinaires se rapporte aussi à l’étude de rapport qualité /prix proposés par les Soudanais et le contrôle phytosanitaire du produit. Selon des sources proches du dossier, l’importation de la viande se fera dans des chambres froides montées sur bateaux ou dans des avions.
Le rapprochement spectaculaire entre l’Algérie et le Soudan indique que l’importation de viandes rouges se fera bien à partir de ce pays. Au-delà de cette opération, somme toute commerciale, se pose le problème de la communication de la part de certains hauts commis de l’Etat qui se rendent coupables, involontairement, d’encouragement de pratiques de spéculation.
En effet, si un programme d’importation avait été, clairement défini et que l’opinion est correctement tenue informée de ce qui se passe quand son pouvoir d’achat est en jeu, des maillons importants de cette chaîne de spéculateurs auraient disparu.
La même opération aurait pu être montée concernant l’importation de mouton sur pied en prévision de l’Aïd El Adha. Encore faut-il que la décision soit rendue publique des mois à l’avance et que le citoyen soit informé si les autorités concernées veulent préserver le cheptel et casser les prix durablement.
Miloud Horr