Hizia, 18 ans, était l’épouse de Mohamed Merah. Interviewée par Le Point, elle décrit le terroriste comme un « bébé qui avait besoin d’amour ».
Hizia a seulement 18 ans. Née dans le nord de la France, elle s’installe finalement à Blagnac, dans la banlieue de Toulouse, avec sa famille. L’an dernier, la jeune fille perd sa grand-mère et décide d’aller se ressourcer en Algérie. En revenant, elle porte le niqab alors que sa mère et ses sœurs restent depuis toujours la tête nue. «Ma famille est pratiquante, au fil du temps ma foi a grandi, mais cette foi n’est pas la résultante d’un enseignement, je n’ai jamais été endoctrinée», assure-t-elle.
Peu de temps après, Hizia veut se marier, trouver un époux gentil. Son chemin croise alors celui de Mohamed Merah. «Je ne l’avais jamais vu auparavant et je ne connaissais pas sa famille. Nous nous sommes fréquentés une quinzaine de jours, et sa façon d’être me plaisait», explique-t-elle. Le mariage se concrétise enfin pour cette jeune fille qui rêve d’une vie de famille exemplaire. Le 15 décembre 2011, leur union est celée devant un imam.
Pourtant, Hizia ignore tout des séjours de son mari chez les talibans.
Il y manie les armes et attise se haine en regardant des vidéos dans lesquelles des enfants afghans se font abattre par les soldats américains. Pour la jeune fille, son mari est «quelqu’un de gentil, de doux, de souriant, je suis réellement tombée amoureuse de lui après le mariage. On regardait Les Simpson ensemble, il parlait beaucoup et avait besoin qu’on l’écoute, il avait besoin d’amour, et je le comparais à un bébé» explique-t-elle.
Mais Hizia va vite déchanter. Mohamed Merah la délaisse pour aller en boîte avec ses copains. Il ne fait rien avec sa femme, pas même aller à la mosquée : «Mohamed ne tenait pas à ce que nous nous rendions à la mosquée, il ne voulait pas que j’y aille, et il ne voulait pas y aller, ni à Toulouse ni ailleurs. Il disait ne pas vouloir se faire remarquer et il m’avait dit avoir ses raisons sans me les préciser. J’aurais aimé qu’il porte la tenue traditionnelle de notre foi et la barbe, je le lui avais demandé, mais il ne voulait pas, pour être, selon lui, discret», raconte-t-elle.
Après seulement dix-sept jours de mariage, le jeune homme dépose Hizia devant chez ses parents et demande le divorce. Toujours amoureuse, Hizia se considère aujourd’hui comme sa veuve.
Le 11 mars, Mohamed Merah prend son scooter. Commence alors la folie meurtrière de Montauban et Toulouse, faisant sept morts dont trois enfants de l’école Ozar-Hatorah. Les familles des victimes seront reçues le 5 juin prochain par les juges antiterroristes. Leur avocat, Me Simon Cohen, rappelle que «ce qui prévaut, c’est l’indispensable besoin de justice et de compréhension, dans une affaire où l’on se doit d’aller au bout des choses».
Claire Koch