Certes, l’Algérie se dit disponible pour contribuer de plain-pied au retour de la stabilité dans les pays voisins, écartant catégoriquement tout engagement militaire hors de ses frontières.
L’Algérie a-t-elle la baguette magique? Face à la tournure des événements en Tunisie, en Libye et au Mali, l’Algérie semble devenir le dernier recours pour les dirigeants de ces trois pays. Jamais elle n’a été autant interpellée. Jouissant d’une stabilité sécuritaire et politique et occupant une place stratégique importante, l’Algérie est sollicitée de partout.
Le Mali, la Tunisie et tout récemment la Libye demandent à leur voisine de venir à leur secours. Sachant qu’elle est le seul pays à avoir résisté à la tempête dudit «printemps arabe» qui a secoué de nombreux pays arabes, l’Algérie est perçue comme une sorte de gendarme de la région. Elle est appelée à jouer un rôle prépondérant dans les conflits et les crises qui secouent son voisinage. Ce qu’il ne faut pas oublier toutefois est que durant la décennie noire, l’Algérie s’est retrouvée seule à combattre le terrorisme, aucun de ces pays n’a daigné apporter la moindre aide, ne serait-ce que morale. Ceci juste pour fixer les idées. Les visites des dirigeants arabes en Algérie illustrent cependant son poids sur la scène régionale et désormais internationale.
Les grandes puissances comptent beaucoup sur son expertise antiterroriste pour rétablir la situation dans la région, en particulier dans le Sahel. Forte de l’expérience de son armée dans la lutte contre le terrorisme, l’Algérie est engagée, par la force des choses, sur le front des évènements, multipliant les consultations avec les représentants de la Tunisie, du Mali et de la Libye. Lundi dernier, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a rencontré son homologue libyen, Abdullah Abou al-Theni, avec lequel il examina le développement de la situation dans ce pays voisin, accentuée par de profondes divergences politiques entre nationalistes et islamistes.
Certes, rien n’a filtré de la teneur des discussions, mais il est patent que le responsable libyen a dû faire un appel du pied à l’aide de l’Algérie. Lors d’une rencontre tenue lundi dernier à la Maison-Blanche, Susan Rice, conseillère à la sécurité nationale du président Barack Obama, et le Premier ministre libyen Abdallah al-Theni ont souligné l’importance d’un cessez-le-feu immédiat dans la capitale. Ils ont appelé «tous les partenaires» de la Libye à «user de leur influence vis-à-vis des différentes factions libyennes pour mettre fin aux combats dès que possible», a souligné la Maison-Blanche dans un communiqué. En tant que pays voisin, l’Algérie est vivement concernée par l’appel de la Maison-Blanche en raison de son expérience acquise dans la lutte anti-terroriste.
C’est le but, d’ailleurs, de la visite il y a quelques jours du président égyptien, Al Sissi en Algérie. Devant la menace des djihadistes de l’Etat islamique (EI) et ses répercussions sur les pays voisins, l’Egypte et l’Algérie se sont apparemment entendues pour renforcer leur action. Certes, l’Algérie se dit disponible pour contribuer de plain-pied au retour de la stabilité dans les pays voisins, écartant toutefois catégoriquement tout engagement militaire hors de ses frontières. S’attachant au principe de non- ingérence dans les affaires internes des Etats, l’Algérie s’oppose et s’interdit de mener une telle action. Avec la dégradation de la situation en Tunisie, l’Algérie s’est engagée à lui prêter assistance dans sa lutte contre le terrorisme. Un accord de coopération portant sur la sécurisation de la frontière entre la Tunisie et l’Algérie a été conclu le 27 mai 2014.
Les autorités algériennes s’engagent à coordonner leurs actions avec leurs collègues tunisiens. Dans un entretien qu’il a accordé récemment à la chaîne Nessma, l’ancien Premier ministre tunisien et président de Nidaa Tounes, Beji Caïd Essebsi, a estimé que l’aide de l’Algérie est impérative pour traquer les terroristes. La crise au Mali est un dossier qui est géré spécialement par l’Algérie.
Après l’échec de l’intervention militaire de la France, l’Algérie a été sollicitée par le président malien pour trouver une issue à la crise qui a failli diviser le pays. Depuis plusieurs mois, l’Algérie s’est investie pour relancer le dialogue et mener les mouvements armés à s’asseoir autour d’une table, afin de favoriser le retour à la paix. Un pari réussi pour Alger, puisque le processus de dialogue est en cours pour une sortie de crise. L’Algérie gagne à travers son implication une place de leadership dans la région. Ce n’est pas tout.
Son apport pour la cause palestinienne et l’initiative prise en convoquant une assemblée générale urgente de l’ONU, ne font que renforcer son poids et sa réputation au sein de la communauté internationale. La diplomatie algérienne revient à ses années d’or où l’Algérie était la Mecque des révolutionnaires du monde entier. Une position qui dérange certains pays, dont le Royaume chérifien qui n’arrête pas de faire dans la provocation.