La Tunisie change sa stratégie de tourisme : Le touriste algérien au cœur des préoccupations

La Tunisie change sa stratégie de tourisme : Le touriste algérien au cœur des préoccupations

Les Tunisiens se mettent aux goûts touristiques des Algériens. Pour pallier la crise post révolution qui a fait fuir les touristes européens, nos voisins de l’est ont décidé de changer de stratégie à l’égard de nos compatriotes.

«L’ignorance du marché algérien est une ignorance coupable». L’aveu est du directeur adjoint au ministère tunisien du Tourisme, Si Afif Meherzi. Face à un groupe de journalistes algériens invité par l’Office national du Tourisme Tunisien (ONTT), cela sonne comme un regret. «Auparavant, on s’intéressait et on continue de s’intéresser aux marchés européens, mais on a pris conscience que ces marchés restent insuffisants et les événements vécus attestent de cette réalité», reconnaît-il avant de lancer : «Le marché algérien est très important pour le tourisme tunisien. Comme il en constitue un développement naturel». Dans cette optique, les nouvelles autorités tunisiennes veulent accorder au marché du Maghreb une dimension stratégique. Objectif : mettre à la disposition des Algériens et des Libyens ce dont ils ont besoin sur le plan touristique «d’autant que le marché tunisien dispose de plusieurs facettes et produits touristiques». Pour cela, une véritable étude sera même lancée pour mieux cerner les besoins et les goûts des Algériens.

Le changement que vit la Tunisie depuis la chute du président Ben Ali suite au soulèvement populaire a influé sur l’activité touristique de ce pays. Cette phase de changement va même permettre aux responsables du tourisme de s’adapter «aux besoins des touristes algériens». A telle enseigne qu’ils pensent ériger un «vrai partenariat stratégique dans les deux sens». La preuve, M. Meherzi a envoyé des touristes tunisiens en Algérie. «La réglementation tunisienne a changé et le Tunisien peut se déplacer et voyager», confirme-t-il, tout en précisant que ceci sera «notre contribution dans l’édification du grand Maghreb». Reste la question de sécurité. «Lors de la révolution, des événements ont été enregistrés et on peut les inscrire dans le cadre de la régularisation, mais aujourd’hui, on peut dire que la sécurité s’est améliorée sur l’ensemble du territoire et les services concernés travaillent d’arrache-pied pour arrêter ceux qui ont causé du tort à autrui», assure le directeur adjoint avec cette précision : «Le touriste n’a aucune raison de s’inquiéter pour sa sécurité». A cela s’ajoute un autre atout, «le peuple tunisien reçoit l’étranger avec amabilité et courtoisie, conscient que le tourisme est d’un apport dans le développement de son pays. Ceci, en plus du plan sécuritaire établi et qui concerne en premier lieu les zones touristiques et les touristes».

POLICE DES FRONTIÈRES : LE TEMPS DE PASSAGE ALLÉGÉS

Ce retour à la normale est, selon Si Afif «un processus irréversible et l’ensemble des activités culturelles programmées) sont maintenues». Cerise sur le gâteau pour les Algériens qui voudront passer leurs vacances en Tunisie, «des facilitations et des améliorations seront appliquées au niveau des postes frontaliers afin de diminuer le temps de passage». «Même pour la période de ramadhan qui coïncide avec le mois des grandes vacances, août, un plan national a été adopté l’an dernier avec les ministères des Transports et de la Culture pour que cette période soit une période où l’animation sera omniprésente et les commerces soient ouverts», fait observer le responsable.

Lors de cette rencontre avec les représentants de la presse algérienne, le Directeur central des relations extérieures, Farid Feki, a estimé que les relations algéro-tunisiennes doivent rester «stratégiques, amicales et exemplaires». Finalité : une large campagne de charme à l’égard des Algériens sera lancée très prochainement avec un budget multiplié par cinq. Il s’agira de spots publicitaires sur la chaîne Nessma et des journaux algériens. L’enjeu est de taille quand on sait que depuis les événements, la Tunisie a enregistré une baisse de 40 % de ses recettes touristiques annuelles, estimées à 2 milliards de dollars.