La Tunisie bascule dans la violence et la crise politique, Sept gendarmes tués à Sidi Bouzid

La Tunisie bascule dans la violence et la crise politique, Sept gendarmes tués à Sidi Bouzid

Cette nouvelle violence qui s’empare de la Tunisie risque de pousser le gouvernement vers la démission

Au moment où le parti islamiste au pouvoir Ennahda entamait des discussions avec l’opposition pour résoudre la crise politique qui secoue la Tunisie, la violence terroriste s’empare du pays du Jasmin.

Sept gendarmes ont été tués hier selon les dernières informations dans des affrontements avec un groupe armé dans la région tunisienne de Sidi Bouzid (berceau de la révolution tunisienne), a indiqué la télévision publique tunisienne, Wataniya-1 citant les forces de sécurité.

Les combats continuent aux abords d’une maison de la localité de Sidi Ali Ben Aoun où le groupe armé serait retranché. Selon la radio Mosaïque FM, qui évoque ´´des blessés dans les deux camps´´, l’affrontement a débuté lorsque les forces de l’ordre ont voulu faire une descente dans la maison occupée par les suspects. La semaine dernière, deux gendarmes ont été tués dans des circonstances similaires dans la région de Béja (70 km à l’ouest de Tunis).

La police a ensuite annoncé avoir tué neuf ´´terroristes´´ dans une opération militaire.

La région de Sidi Bouzid, berceau de la révolution qui a renversé il y a plus de deux ans le régime de Zine El-Abidine Ben Ali, est l’une des régions d’implantation des salafistes, dont certains se déclarent ouvertement djihadistes.

La Tunisie est confrontée à l’essor de groupes jihadistes armés depuis la révolution de janvier 2011. Ce nouvel épisode de violence survient alors que les islamistes d’Ennahda au pouvoir et l’opposition ont lancé, mercredi 23 octobre, des négociations pour tenter de résoudre enfin la profonde crise politique qui paralyse le pays depuis l’assassinat, le 25 juillet dernier, du député de gauche Mohamed Brahmi.

Pour maintenir la pression sur les islamistes d’Ennahda, des centaines de manifestants d’opposition étaient rassemblés en début d’après-midi avenue Bourguiba à Tunis, haut lieu de la révolution de janvier 2011. Un dispositif très important de la police a été déployé pour prévenir tout débordement.

Les protestataires scandaient notamment ´´le peuple veut la chute du régime´´, ´´dégage´´ ou encore ´´gouvernement de traîtres démissionne!´´. Le Premier ministre, l’islamiste Ali Larayedh, doit pour sa part présider un Conseil des ministres extraordinaire et, selon son service de presse.

D’après le président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, le chef du gouvernement s’engagera à démissionner pour permettre l’ouverture dans l’après-midi du ´´dialogue national´´ pour trouver une issue à la crise qui paralyse le pays depuis le 25 juillet et l’assassinat du député Mohamed Brahmi, attribué à la mouvance jihadiste.

´´En principe, le gouvernement va annoncer son engagement à respecter la feuille de route (des négociations) et après quelques semaines sa démission´´, a-t-il indiqué dans un entretien télévisé mardi soir. La soixantaine de députés d’opposition boycottant l’ANC depuis trois mois ont aussi annoncé avoir été informés que M.Larayedh formulera ´´un engagement franc´´ à démissionner. La promesse de démission du gouvernement est la première étape d’un calendrier d’un mois rédigé par quatre médiateurs, dont le puissant syndicat Ugtt, qui prévoit que la classe politique s’accorde sur l’ensemble des dossiers bloquant la mise en place d’institutions pérennes près de trois ans après la révolution.

Cette nouvelle violence qui s’empare de la Tunisie risque de pousser le gouvernement vers la démission ou vers la sortie du pouvoir.

Les récents attentats terroristes sécuritaires préoccupent aussi énormément l’opposition qui dénonce la montée du terrorisme dans le pays et accusent le pouvoir en place de mauvaise gestion.

La déclaration attendue pour le début d’après-midi du Premier ministre Ali Larayedh n’avait toujours pas eu lieu.

Dès lors le «dialogue national» devant réunir l’opposition et les islamistes au pouvoir du parti Ennahda n’avait pas débuté non plus, les opposants réclamant un engagement formel du chef du gouvernement à démissionner avant de commencer les pourparlers de sortie de crise. «Nous espérons que Larayedh aura le courage suffisant pour annoncer la démission de son gouvernement dans trois semaines pour sauver le pays», a déclaré à l’AFP, Hamma Hammami, un dirigeant du Front populaire (opposition de gauche).

De son côté, la presse ne cachait pas ses doutes vis-à-vis des chances de succès des négociations dont le lancement prévu coïncide avec le deuxième anniversaire de l’élection de la Constituante, premier scrutin libre de l’histoire tunisienne qui avait porté les islamistes d’Ennahda au pouvoir. «Un dialogue national démarre le jour d’un anniversaire symbolique mais il part hypothéqué par la prédominance de la suspicion, de la duplicité de langage et l’ambiguïté des positions», assène Le Temps dans son éditorial.

Le quotidien relève pour sa part que «l’heure de vérité approche à pas de géant» pour la Tunisie qui risque de basculer vers «un avenir encore plus incertain et plus chaotique».

Les prochains jours risquent d’être décisifs dans la gestion de la crise en Tunisie.