La compagnie nationale Air Algérie est très sollicitée en ce moment pour le fret des truffes algériennes qui ont un succès fou dans les pays du Golfe.
Le vol Alger-Dubaï, par exemple, connaît une pression telle que les responsables du fret ont dû limiter les quantités de truffes transportables. En effet, sur les trois vols hebdomadaires, des cargaisons de 30 tonnes de truffes sont acheminées. Les autres destinations du Golfe connaissent également le même phénomène : 9 tonnes par vol pour Djeddah, un peu moins pour Doha, Koweït City et Damas.
L’exportation est assurée par des Syriens qui ont trouvé le filon d’or et qui ne semblent pas se plaindre. Pour preuve, pour chaque cargaison, ils payent quelque 600 millions de centimes. Les responsables d’Air Algérie se frottent, évidemment, les mains, en raison de cette manne financière. Rien que pour le mois de janvier, la direction du fret a enregistré un chiffre d’affaires estimé à plus de 5 milliards de centimes. Ce chiffre devait dépasser les 8 milliards en février.
Devant cette situation, la direction du fret a dû limiter, à compter de cette semaine, les cargaisons à 15 tonnes par vol, en raison du manque de moyens humains et matériels pour prendre en charge des opérations d’une telle ampleur.
Pour le secrétaire général du syndicat du fret, Achour Beldjilali, la question des moyens humains et matériels reste la principale préoccupation, notamment en prévision de la filialisation des activités d’Air Algérie. Si le service disposait de gros porteurs cargo et d’un personnel suffisant, il serait en mesure de prendre en charge des opérations de plus grande envergure.
Pour le moment, force est de constater que les Syriens profitent d’un créneau que les Algériens n’ont pas jugé utile d’exploiter. Les grandes étendues désertiques du Sud-Ouest algérien, où poussent les truffes à perte de vue, leur offrent un filon en or, sachant que ce produit est très demandé dans les pays du Golfe, et même en Europe où il est très bien coté.
Mais, au-delà de ce phénomène saisonnier, c’est toute la problématique de l’exportation des produits agricoles algériens qui est pointée du doigt. Comment, en effet, dans un pays où des agriculteurs souffrent de ne pas pouvoir écouler leurs surplus de production, notamment les maraîchères, ou ce qu’on appelle dans le jargon agricole, les primeurs, sur les marchés extérieurs, des importateurs étrangers peuvent aisément exporter, en grandes quantités, et avec toutes les facilités du monde, un produit qui ne nécessite ni culture, ni engrais, ni aucun investissement ? Juste des bras pour le cueillir et des camions pour le transporter ?
L’on se rappelle des difficultés rencontrées par les agriculteurs d’Adrar pour exporter les tomates et le cantalou vers les marchés européens. L’on a en mémoire l’éternel problème d’exportation de la datte algérienne, vendue sur les marchés internationaux sous des labels étrangers.
Au moment où nos voisins bataillent dur, dans les travées de la commission européenne, pour placer la moindre quantité possible de leur production agricole, force est de constater que chez nous, hormis le secteur informel, qui ne profite aucunement au Trésor public, rien n’est fait pour placer la production algérienne sur le marché européen, au moins pour équilibrer, un tant soit peu, l’accord d’association entre les deux parties.