La tripartite s’ouvre aujourd’hui à Alger : Un rendez-vous crucial

La tripartite s’ouvre aujourd’hui à Alger : Un rendez-vous crucial
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Des questions en relation avec l’aspect économique et l’amélioration du climat d’investissement, constituent le gros, sinon l’essentiel, de l’ordre du jour de la tripartite, dont les travaux seront ouverts ce matin, à la Résidence El Mithak (Alger). Le rendez-vous est crucial et pourrait faire valeur de test. Il faut retenir, aussi qu’en plus de relancer le contact et le dialogue entre gouvernement, Centrale syndicale et patronat, cette rencontre conforterait la marche des réformes préconisées pour tout ce qui est entreprises, production nationale et investissement.

Le gouvernement est tenu de mettre tout en œuvre, conformément aux orientations du Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, pour mener à bien une action sérieuse en direction de l’entreprise. L’UGTA va défendre la production nationale, au regard de ses implications sur l’emploi, le pouvoir d’achat et la prospérité du pays en général. Le patronat en appelle à un traitement équitable entre entreprises du secteur public et celles privées, en plaidant l’association du patronat à la conduite des réformes concernant l’entreprise. Telles sont en résumé, quelques-unes des questions qui seront examinées et propositions à exposer. Pour les partenaires de la tripartite, la réussite de cette rencontre, au-delà de constituer une victoire symbolique pour l’ensemble des acteurs de la vie économique, va permettre l’amorce d’une nouvelle étape pour l’économie nationale, en plaçant désormais l’entreprise en tête des priorités. L’occasion est offerte, donc, au gouvernement, à l’UGTA et au patronat pour donner la preuve de ce que chacun est capable d’apporter pour permettre à l’économie algérienne de repartir sur des bases saines.

F. B.

Tayeb Louh l’a confirmé jeudi

Questions économiques à l’ordre du jour

Le ministre du Travail, de l‘Emploi et de la Sécurité sociale, M. Tayeb Louh a indiqué jeudi dernier à Alger que les travaux de la prochaine tripartite (gouvernement-Centrale syndicale-patronat) qui se tiendra aujourd’hui concerneront des questions en relation avec l’aspect économique et l’amélioration du climat d’investissement. Dans une déclaration à la presse en marge du 2e colloque international sur l’autonomisation de la femme à travers l’entrepreneuriat que les partenaires économiques et sociaux évoqueront lors de cette rencontre, les moyens de promouvoir les performances de l’entreprise économique et de renforcer l’investissement en faveur de la création de nouveaux emplois. Le ministre a par ailleurs mis en avant l’importance du colloque qui planche sur la promotion de la femme dans le domaine économique à travers la contribution à la création d’entreprises dans diverses activités. Cette contribution de nature à renforcer l’investissement et favoriser la création de nouveaux, réalisera une plus-value, a-t-il estimé. 8,2 % de femmes chefs d’entreprises sont recensées au registre du commerce. Elles activent notamment dans les domaines de l’industrie, des travaux publics, de l’artisanat et des services. Les femmes représentent actuellement 15,1 % de la population active, a indiqué le ministre.

Banquiers et financiers en parlent

La relation banque-entreprise a toujours parue comme difficile. Les unes, les PME notamment, se plaignent de la timidité du secteur bancaire à leur égard et de ne pas bénéficier réellement de disponibilités de financements. Par ailleurs, l’accès au crédit est peu aisé et lent.

Cette situation est jugée paradoxale, dans un contexte d’ouverture économique, quand dans certains pays l’on remarque que l’activité de crédit aux entreprises et aux PME notamment recouvre plus de 50% de la totalité des concours à l’économie.

Nous sommes à la veille de la tenue de la tripartite ou encore une fois le dossier de l’entreprise et de son redéploiement occupera les esprits.

C’est dans cette perspective qu’il a paru intéressant d’avoir l’avis de banquiers et financiers bien présents au sein de la tripartite comme le confirmera, M. Daoudi Ammar, directeur général de la Caisse de garantie des crédits d’investissements PME, et ex-PDG de la BDL.

La présence des banques à la tripartite est habituelle, dit-il, à travers l’ABEF.

Au sujet du financement des entreprises, il ne faut pas toujours incriminer les banques, souligne M. Daoudi. Pour lui, l’entreprise algérienne doit d’abord balayer devant sa porte. Elle doit s’organiser et présenter des projets pertinents susceptibles d’être pris en charge par les banques au moment où nous sommes dans un large contexte d’ouverture du marché.

Il y a, note le DG de la CGCI, des activités qui sont saturées, ce qui amène la banque à ne financer que les bons projets. Tout en reconnaissant qu’il existe encore des lenteurs dans le traitement des dossiers par les banques, M. Daoudi relève que la création d’une entreprise est toujours une aventure.

Pour cela, le créateur doit prouver la solidité de son projet et convaincre que celui-ci peut être éligible au financement.

Pour M. Metref Rachid, directeur au niveau de la direction générale du CPA, notre institution, dit-il, ne connaît pas de gros problèmes dans ses relations avec les entreprises, les PME notamment.

Tout récemment, note-t-il, des journées d’étude ont été organisées par le CPA dans le cadre de la tenue du Salon “Batimetec”, avec des entreprises du secteur des travaux publics et du bâtiment avec des évolutions positives qui ont été constatées au niveau des agences bancaires. Quatre grandes rencontres ont été organisées par le CPA avec les SGP du secteur du bâtiment, travaux publics et hydraulique avec la participation de PDG des grandes entreprises dans le cadre de la relance des activités. Ainsi de gros crédits ont été consentis et des groupes de travail mixtes constitués pour assurer le suivi de ces financements.

M. Bouraoui Rachid, commissaire aux comptes, est plus mitigé par le rôle de la banque dans ses relations avec l’entreprise quand il affirme que la banque est beaucoup plus une administration qu’une banque au sens strict du terme. L’évolution est très lente de ce point de vue, dit-il.

La banque n’accompagne pas réellement l’entreprise et l’octroi des crédits reste très difficile au travers de procédures, elles-mêmes, très lourdes. Or les conditions du marché imposent aujourd’hui beaucoup de souplesse. Libérer l’entreprise publique du corset étroit d’une réglementation qui ne correspond plus aux réalités du marché et amener l’entreprise privée à mettre de l’ordre dans sa gestion et être respectueuse des lois, apparaît pour M. Bouraoui comme un préalable.

S’agissant de la tripartite, les participants doivent aujourd’hui dépasser, dit-il, les revendications quasi-permanentes lors de ces assises, concernant le relèvement du SNMG et aller plus loin dans le traitement des dossiers qui ont un rapport avec les problèmes de gestion économique, la réduction des coûts, etc.

M. Boukhalfa Khemnou, directeur général du Fonds de garantie aux PME (FGAR) relève que les PME représentent 94% du tissu national des entreprises et 52% du total de la production du secteur privé hors hydrocarbures et près de 35% de la valeur ajoutée de l’économie algérienne.

Malgré tout, note le directeur général du FGAR, la question de l’accès aux financements est régulièrement citée comme constituant une difficulté qui entrave la création d’entreprise.

Face à cette situation, les pouvoirs publics ont mis en place de nombreux dispositifs d’appui à l’entrepreneuriat à l’investissement, à la facilitation d’accès aux crédits et diversification des sources de financement (leasing, capital investissement lignes de crédits à longue maturation).

La garantie du FGAR est une garantie de l’Etat en partageant avec les banques commerciales, le risque en tentant de réduire celui-ci au maximum par l’accompagnement du promoteur dans le montage financier du projet. Un tel dispositif existe aujourd’hui dans de nombreux pays (Tunisie, France, Canada, Espagne, etc.).

L’Algérie se confirme donc à une règle qui a fait ses preuves ailleurs dans le monde.

La garantie est venue soulager à la fois les banques créancières en quête de garanties réelles et de clients solvables et aussi les promoteurs en leur facilitant l’accès à des crédits en l’absence de leurs propres garanties pour peu que leur projet soit jugé rentable et viable.

T. M. A.

Un conclave dédié exclusivement au développement de l’entreprise

Organisée conformément aux directives du Président de la République, la tripartite se réunira, aujourd’hui, à partir de 10 heures, à la résidence «El Mithaq» avec une première participation du Forum des chefs d’entreprises (FCE) ce qui devra impulser une nouvelle dynamique à ce rendez-vous.

Les travaux, qui dureront une journée, vont plancher d’une manière exclusive, cette fois-ci, sur des questions purement économiques dans le sens où ils s’intéresseront, exclusivement, au développement de l’entreprise et à l’amélioration du climat de l’investissement et de l’activité économique d’une manière générale. Outre le FCE, prendront part à cette concertation, la Confédération algérienne du patronat (CAP), la Confédération générale des entrepreneurs algériens (CGEA), la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), l’association des femmes chefs d’entreprises (SEVE), l’Union nationale des entrepreneurs publics (UNEP) et de la délégation des Sociétés de la gestion des participations (SGP).

Le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, qui mènera les travaux de la journée sera accompagné des ministres des Finances, du Travail, du Commerce, de l’Agriculture, de l’Habitat, de l’Industrie ainsi que des représentants de la Banque d’Algérie, de l’association des banques (ABEF) et de l’Agence de l’investissement (ANDI). Ainsi, les partenaires sociaux vont se concerter sur «le développement de l’entreprise et la consolidation de l’environnement de l’investissement».

Les trois ateliers, qui seront mis en place à l’issue de la réunion, seront chargés de traiter de l’entreprise, son environnement et de l’investissement. Trois aspects qui occupent les premières loges de la politique économique nationale dans un contexte qui exige un environnement approprié, au plan de la législation, mais, aussi, de l’accompagnement financier à même de permettre à l’entreprise et à l’opérateur économique d’évoluer dans des conditions propices.

Un dossier lourd inséré à l’ordre du jour de cette tripartite sur instruction du Chef de l’Etat qui suit de près l’évolution de la conjoncture. C’est d’ailleurs lors du Conseil du 2 mai courant que M. Abdelaziz Bouteflika fera part de sa détermination à «engager une action profonde en direction de l’entreprise nationale, publique ou privée, pour appuyer son développement».

Aussi, le Premier magistrat du pays a chargé le gouvernement de «convier rapidement ses partenaires économiques et sociaux à une concertation tripartite exclusivement consacrée aux voies et moyens de soutenir le développement de l’entreprise et de promouvoir un climat plus propice à l’investissement et à l’activité économique». Mieux, le Président de la République mettra en avant sa volonté à mettre en chantier les conclusions de cette concertation «au cours de cette année» ce qui dénote de l’intérêt accordé, en haut lieu, à ces questions.

La feuille de route adressée aux participants à la tripartite précise que «la rencontre s’achèvera par toute décision dont il serait possible de convenir sur le champ et par la mise sur pied de groupes de travail tripartites qui déposeront leurs conclusions au plus tard à la fin du mois de juin prochain». Pour rappel, le gouvernement a également été instruit pour ouvrir un autre chantier, non moins important, pour le mois de septembre prochain. Il s’agira de baliser le terrain pour la réunion plénière de la tripartite qui abordera «les dossiers liés aux questions sociales» avec le partenaire social.

D. Akila

Les enjeux de la Tripartite

La tenue de la Tripartite est le résultat du message adressé le 15 avril dernier par le Président de la République, et reconfirmé par le Conseil des ministres qui s’est tenu juste après. Au cours de ces deux événements, le Premier magistrat du pays a abordé le volet économique en le recentrant de manière magistrale sur l’entreprise. Cette fois-ci, il s’est éloigné des sentiers battus, comme l’ont souligné les observateurs les plus avertis. En un mot, tout le monde s’est félicité de cette préoccupation qui n’a pas tardé à trouver une réponse adéquate avec la tenue de cette Tripartite. Là aussi, comme pour le projet de réformes politiques, le Président de la République a tenu ses engagements en un temps record.

Il faut souligner la cohérence du projet présidentiel, réformes politiques et économiques lancées presque simultanément, pour faire progresser l’Algérie dans une double direction, mais dont la finalité est la même. Il s’agit de lui faire franchir une étape qualitative dans le parachèvement de l’Etat de droit, de la consolidation de la démocratie et de la promotion des libertés individuelles et collectives, d’une part et l’émergence d’une économie de marché, dense, diversifiée, compétitive et hors hydrocarbures.

L’on comprend par conséquent que la Tripartite du 28 mai 2011 soit consacrée exclusivement à l’entreprise, à son environnement et aux moyens susceptibles de la développer. Il faut donc espérer que cette fois-ci, les problèmes récurrents puissent trouver des solutions adéquates. Tout le monde est convaincu que l’amélioration de l’environnement de l’entreprise et le climat des affaires sont une condition incontournable pour assurer son développement. L’entreprise crée de la richesse, des emplois et contribue au budget de l’Etat et à l’atténuation des tensions sociales. Il est donc vital, pour les pouvoirs publics, de prendre en charge ses problèmes en intervenant directement sur son environnement. Ces mêmes pouvoirs publics n’ignorent pas que la bureaucratie, la frilosité du système bancaire, la lourdeur de l’Administration économique (finances, commerce, industrie…) est restée tatillonne malgré l’ouverture du pays. De même, le non-respect des règles concurrentielles, le marché informel avec ses pratiques illicites et déloyales, l’invasion du marché national par des importations bien souvent aux antipodes des besoins des citoyens et de l’économie productive, mais qui ont la caractéristique de mettre en péril des pans entiers de l’industrie du pays, seront certainement aussi au centre des discussions de la Tripartite. Le patronat ne manquera pas certainement de mettre sur la table des problèmes récurrents certes, mais qui entravent le développement de l’entreprise, de manière générale. Il s’agit, entre autres, du foncier industriel, des contraintes bureaucratiques pour le développement des exportations hors hydrocarbures, mais aussi de la lourdeur pour les approvisionnements en matières premières et en biens d’équipements. L’instauration du crédit documentaire, pratique universelle, est partout dans le domaine flexible et adaptée aux réalités nationales. C’est une pratique bancaire courante et non sacrée. En Algérie, elle est mise en œuvre de manière bureaucratique, sans nuance et sans imagination pour tenir compte des intérêts de l’entreprise, et donc de l’économie nationale. C’est à la banque d’adopter cette pratique aux réalités de l’entreprise algérienne et non l’inverse. Le maintien du Credoc est indiscutable, mais son adaptation à la situation de l’entreprise est impérieuse.

Une entreprise qui produit et une autre spécialisée dans l’import ne présente pas le même intérêt pour l’économie nationale. Il est donc urgent pour les banques de se montrer plus imaginatives pour accompagner les entreprises dans leur développement. Il faut donc espérer que toutes ces préoccupations soient analysées et prises en compte par la Tripartite qui se tient dans un contexte national, et bien sûr international, très important et surtout porteur pour l’Algérie. Nul doute que cette rencontre est décisive car, pour la première fois gouvernants et partenaires sociaux sont sur la même longueur d’ondes pour dessiner, à travers des mesures concrètes, de nouvelles perspectives pour l’entreprise algérienne. Les partenaires étrangers de l’Algérie suivent avec beaucoup d’intérêt les travaux de cette Tripartite.

Sabrina C.