Hier, le calme est revenu dans les principales villes du pays sous contrôle de l’armée.
C’est au tour des hommes politiques de prendre le relais en vue de trouver un compromis.
Après un climat de haute tension, la Tunisie commence à retrouver son calme. Dans l’après-midi d’hier, une nette amélioration de la sécurité a été constatée aux quatre coins du pays.
Le dispositif de sécurité, bloquant l’avenue Bourguiba dans le centre, a été quelque peu allégé avec la levée des barrières dressées la veille en travers des rues et une présence policière plus discrète, rapporte l’AFP. Les citoyens ont déserté les grandes artères de la capitale laissant place à l’armée et à la police qui contrôlaient tous les endroits stratégiques de la capitale. Ce retour au calme est caractérisé, notamment par un allègement du couvre-feu dans l’ensemble du pays. Son horaire a été réduit pour passer de 18h00 à 05h00, avec maintien des autres mesures prises.
Les nuits du jeudi au samedi avaient été émaillées d’actes de vandalisme et de pillages. L’armée a été contrainte d’intervenir par hélicoptère afin de mieux contrôler la situation et, notamment après la multiplication d’alertes. C’est ainsi que des comités de vigilance ont été mis en place pour protéger les habitants. Le retour au calme n’a pas empêché les manifestants à sortir dans la rue pour réclamer «pacifiquement» un véritable changement. L’apaisement de la tension dans la rue a ouvert la voie aux politiques de se concerter en vue de faire sortir le pays de la crise. L’erreur, désormais, n’est pas permise. Une erreur politique coûtera cher aux dirigeants. D’ailleurs, les Tunisiens refusent, avant même sa constitution, la formation d’un gouvernement d’union nationale dont les représentants sont issus du régime de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali.
Selon les échos qui parviennent de Tunis, le Premier ministre sortant, Mohamed Ghannouchi, devait réunir hier des représentants des partis politiques et de la société civile pour désigner les personnalités chargées de conduire le processus de transition jusqu’aux élections prévues dans un délai de 60 jours. Selon les dires du Premier ministre, le gouvernement d’union nationale inclura «toutes» les couleurs politiques de Tunisie, qu’elles soient représentées au Parlement ou pas. Selon les dernières informations, la formation islamiste d’Ennahdha de Rached Ghannouchi qui vit en exil à Londres et le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (Pcot) de Hamma Hammami, ne sont pas concernés par ce gouvernement. Le Pcot a qualifié, d’ores et déjà, le gouvernement d’union nationale de non représentatif avant même sa formation. Pour les politiciens tunisiens de l’opposition, ce gouvernement sera formé par «les résidus» du régime de Ben Ali. Le Premier ministre abordera avec les chefs de partis politiques et les représentants de la société civile, les mécanismes adéquats afin d’assurer une transition démocratique et «jeter les bases d’un véritable processus démocratique et tourner la page d’un système qui a échoué», selon Mustapha Ben Jaffar, chef du Forum démocratique pour le travail et les libertés. Les politiciens ont-ils bien saisi le message de la rue et continueront-ils à assurer la stabilité du pays? En tout état de cause, les hommes politiques ont tout intérêt à profiter de ce retour au calme pour éviter les bains de sang et d’embraser le pays.
Tahar FATTANI