Le régime du président syrien Bachar Al Assad restait hier inébranlable en dépit des sanctions qui pleuvaient de toutes parts contre lui.
Des nouveaux incidents sont intervenus hier alors que se tenait à Jeddah la réunion de l’Organisation de coopération islamique (OCI) sur la Syrie, en présence du ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem. Elle réunit les ministres des Affaires étrangères des sept membres du comité exécutif (Arabie saoudite, Egypte, Malaisie, Sénégal, Kazakhstan, Tadjikistan et Djibouti), avec la participation du secrétaire général de l’OCI, Ekmeleddin Ihsanoglu, selon un responsable de l’organisation.
La rencontre est aussi ouverte aux autres membres de l’organisation, qui en compte 57 au total. Par ailleurs, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU doit tenir demain une session spéciale sur la Syrie alors que la Turquie a annoncé sa décision d’imposer des sanctions économiques contre le régime de Damas, ancien allié d’Ankara. Un rapport accablant a été publié lundi par la commission internationale d’enquête mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, concluant que les autorités syriennes avaient commis des crimes contre l’humanité, dans leur répression des manifestations d’opposants au régime depuis mars. A ce jour, cette répression a fait plus de 3.500 morts selon un bilan de l’ONU établi début novembre.
Les sanctions turques, qui font suite aux sanctions de la Ligue arabe, comprennent un gel des transactions commerciales avec le gouvernement syrien ainsi qu’un gel similaire entre les banques centrales turque et syrienne, a déclaré le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu.

La Turquie va aussi suspendre sa coopération stratégique avec Damas et bloquer toute livraison d’armes à la Syrie et les crédits turcs destinés à la Syrie sont interrompus, a-t-il expliqué. Un projet de résolution préparé par l’UE prévoit de condamner «les graves violations systématiques des droits de l’Homme» commises par les autorités syriennes, et demande que le rapport de la commission d’enquête soit soumis à l’Assemblée générale de l’ONU et au Conseil de sécurité de l’ONU. Sur le terrain, six civils, dont un adolescent de 12 ans, ont été tués par des tirs des forces de sécurité dans la région d’Idleb (nord ouest), à en croire l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) établi à Londres.
Par ailleurs, la télévision publique a indiqué que «912 détenus impliqués dans les évènements en Syrie et qui n’ont pas de sang sur les mains, ont été libérés». Depuis début novembre, les autorités ont déjà annoncé avoir libéré 1733 détenus. Selon l’OSDH, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont passées par les prisons syriennes depuis le début du mouvement de contestation. Dans le même temps, l’UE a elle aussi décidé d’imposer de nouvelles mesures pour couper les sources de financement du régime syrien dans les secteurs des finances et du pétrole, selon une source diplomatique. Outre le gel des avoirs d’au moins 11 nouvelles sociétés, l’UE va interdire de visa et geler les avoirs de 12 personnes supplémentaires. Dimanche, la Ligue arabe avait adopté des sanctions sévères contre la Syrie, prévoyant un gel des transactions commerciales avec le gouvernement syrien et de ses comptes bancaires dans les pays arabes, une interdiction de voyager dans les pays arabes pour des responsables syriens ainsi que la suspension des liaisons aériennes entre les pays arabes et la Syrie.
La date de l’entrée en vigueur de cette dernière mesure sera fixée prochainement. Le gouvernement syrien s’est réuni mardi soir pour «discuter des sanctions économiques» imposées et élaborer des mécanismes susceptibles d’en réduire l’impact, ont annoncé les médias officiels à Damas.
La Ligue dresse la liste des responsables visés par des sanctions
Une commission de la Ligue arabe examinait hier au Caire la liste des responsables du régime syrien interdits de voyage vers les pays arabes et dont les comptes bancaires seront gelés, a-t-on appris auprès de l’organisation. Ce comité spécial, composé de hauts fonctionnaires et de responsables arabes, doit aussi déterminer la date de la suspension des liaisons aériennes entre les pays arabes et la Syrie. Il doit ensuite dresser une liste des produits nécessaires au peuple syrien qui seront exclus de la décision des ministres arabes de suspendre les transactions commerciales avec la Syrie. Ces décisions seront ensuite soumises à l’approbation d’une réunion samedi à Doha d’un comité ad hoc comprenant le Qatar, l’Egypte, l’Algérie, le Sultanat d’Oman et le Soudan, mais ouverte à tout autre pays qui souhaiterait y participer