La Syrie face aux scénarios d’intervention, L’arme de la résistance

La Syrie face aux scénarios d’intervention, L’arme de la résistance

Le compte à rebours a, semble-t-il, commencé. A Washington, Londres et Paris, les scénarios d’intervention prennent forme.

Si, officiellement, rien n’est encore décidé, les bruits de bottes se font entendre dans la région en ébullition : la présence navale américaine en Méditerranée a été renforcée avec l’envoi d’un 4e destroyer équipé de missiles de croisière Tomahawk, et l’arrivée, selon le quotidien britannique The Guardian, des avions de guerre et des transporteurs militaires à Akrotiri, la base aérienne britannique basée à Chypre. La frappe militaire occidentale se précise.

Ce sera dans les heures qui suivront la réunion du Conseil de sécurité », prévue ce soir, ou, selon le président français, François Hollande, dans la semaine, où tout se jouera.

Quelle forme et quel modus operandi ? La palette d’options va des frappes chirurgicales au renforcement de l’aide militaire aux rebelles pour tenter de prendre en étau le régime de Bachar. L’attaque ne durerait probablement pas plus de deux jours et permettra aux Etats-Unis d’éviter une implication plus grande, selon le Washington Post, citant des responsables de l’Administration américaine.

Le New York Times estime, lui aussi, que le président Obama qui réfléchit encore à l’option militaire donnerait probablement l’ordre d’une opération limitée, telle que des tirs de missiles de croisière depuis des bâtiments américains en Méditerranée. Alors que les enquêteurs onusiens ont été empêchés de poursuivre leur mission pour des raisons de sécurité, les consultations sont menées tambour battant. Aux côtés de Washington, « prête à agir », selon le secrétaire à la Défense Chuck Hagel, les alliés franco-britanniques affinent leur plan de bataille.

Paris, faisant entorse à sa propre doctrine de non-intervention sans l’accord du Conseil de sécurité, entend viser des « objectifs stratégiques » et « dégrader » les moyens militaires de Damas. Au Downing Street, le Premier ministre David Cameroun, qui a écourté ses vacances, a multiplié ces derniers jours les coups de fil, discutant notamment avec les présidents russe Vladimir Poutine, américain, Barack Obama, et français, François Hollande, convoquant en urgence, pour aujourd’hui mercredi, une réunion du Conseil national de sécurité, composé de ministres et de responsables militaires et annonçant, pour le lendemain, une session du Parlement pour un vote sur la Syrie.

Les dés sont jetés. Dès lors, la Syrie, qui se dit sûre du soutien indéfectible de la Russie, entend se défendre par tous les moyens. Dans une conférence de presse, le ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem, mettant au défi le monde d’apporter une « preuve » sur le recours aux armes chimiques, assure que la Syrie dispose « de moyens de défense qui vont surprendre les autres ». Car conscient de l’utilisation de « l’alibi des armes chimiques » et évoquant « les tambours de la guerre autour de nous », il estime que le choix de la résistance s’impose. « Nous avons deux options : soit nous rendre, soit nous défendre avec les moyens dont nous disposons.

Le seconde alternative est la meilleure : nous nous défendrons. » Cette guerre ne fait pas le consensus. Dans le camp des opposants, il est effectivement important de relever la condamnation de l’Italie acquise à la « solution politique » et le refus jordanien de servir de « rampe de lancement ». Mais la mise en garde de la Russie, regrettant le report par Washington d’une réunion bilatérale préparatoire de Genève 2, a mis le doigt dans l’engrenage fatidique d’une intervention « aux conséquences catastrophiques pour les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord », tout en stigmatisant « les tentatives visant à contourner le Conseil de sécurité, de créer une fois de plus des prétextes artificiels et infondés pour une intervention militaire dans la région ». Sombres perspectives.

Larbi Chaabouni