La Syrie boucle ses trois années de guerre, 140.000 morts et des millions de déplacés

La Syrie boucle ses trois années de guerre, 140.000 morts et des millions de déplacés

Les combats entre l’armée régulière et une opposition armée mêlée à des groupes dits jihadistes, continuent de faire rage

Au moins un million d’enfants sont privés d’aide humanitaire selon l’Unicef et plus de 250.000 Syriens sont assiégés selon l’ONU, réduits à choisir «entre famine et reddition».

Trois ans sont passés depuis le début du conflit en Syrie sans que la communauté internationale ne soit parvenue à trouver une issue politique pour mettre fin à la guerre dans le pays frappé par une grave crise humanitaire avec plus de 140.000 morts et des millions de déplacés.

Les combats entre l’armée régulière et une opposition armée mêlée à des groupes dits jihadistes, continuaient de faire rage samedi à l’entrée d’un bastion clé rebelle dans la province de Damas, alors que le conflit est entré ce 15 mars dans sa quatrième année, avec 146.000 morts, des millions de déplacés et sans espoir d’une issue proche. «Des combats acharnés se déroulent à l’entrée est de Yabroud entre rebelles d’une part et armée d’autre part, accompagnés de bombardement intenses des hélicoptères du régime», a affirmé Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Depuis le printemps 2013, les forces régulières ont consédérablement avancé sur le terrain en passant à la contre-attaque avec l’appui de combattants du mouvement libanais Hezbollah qui affirme défendre les Libanais vivant en L’opposition armée, profondément divisée et appuyée par des pays du Golfe et occidentaux, contrôle plus de territoire mais le pouvoir syrien tient les régions les plus densément peuplées. Selon une source militaire syrienne, l’armée a pénétré vendredi à Yabroud, une ville rebelle clé proche de la frontière avec le Liban.

Les forces gouvernementales ont repris du terrain face à une guerre sans merci opposant depuis janvier 2014 les rebelles en majorité islamistes et la branche d’Al Qaîda en Syrie, le Front al-Nosra, aux groupe armés de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL, lié à Al Qaîda) critiqués pour leur «volonté d’hégémonie». «Les luttes intestines entre rebelles ont permis à Assad (président syrien) de regagner des territoires, mais ces avancées ne suffisent pas à faire basculer la situation et lui permettre de reprendre tout le pays», souligne Aron Lund, rédacteur en chef du site web Syria in Crisis.

Le conflit syrien qui a commencé par un soulèvement contre le pouvoir en place le 15 mars 2011, s’est militarisé avec le temps jusqu’à devenir une guerre totale en février 2012, notamment avec le bombardement de Homs (centre).

En trois ans, plus de 146.000 personnes sont mortes selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, et plus de neuf millions de personnes ont dû quitter leurs foyers, soit la plus importante population de déplacés au monde selon l’ONU.

Au moins un million d’enfants sont privés d’aide humanitaire selon l’Unicef, et plus de 250.000 Syriens sont assiégés selon l’ONU, réduits à choisir «entre famine et reddition». Trois ans de combats et de bombardements ont dévasté le pays, frappé par une grave crise humanitaire, et dont l’économie est au plus bas, en plus d’un patrimoine culturel en péril. Dans un communiqué commun rendu public jeudi, la Directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, le Secrétaire général de l’Onu Ban Ki-Moon et le représentant spécial conjoint de l’Onu et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi ont appelé «toutes les parties à mettre immédiatement fin à la destruction du patrimoine culturel syrien et à préserver la riche mosaïque sociale de la Syrie et son patrimoine culturel en protégeant les sites du patrimoine mondial qui s’y trouvent, conformément à la résolution 2139 adoptée le 22 février 2014 par le Conseil de sécurité». Mme Bokova constate que quatre des sites du patrimoine mondial culturel du pays sont utilisés à des fins militaires ou ont été transformés en champs de bataille à savoir, Palmyre, le Crac des Chevaliers, l’église de Saint Siméon ans les villages antiques du nord de la Syrie et la ville d’Alep (dont la citadelle).

Le processus politique ‘est en crise », a déploré le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, ajoutant que suite à deux sessions de pourparlers à Genève, ‘aucune des parties prenantes ne fait preuve d’esprit de compromis ou même d’une véritable conscience de la souffrance du peuple syrien ». Dans ce sens, il a encouragé le gouvernement syrien et l’opposition ‘à faire preuve de leadership, de vision et de flexibilité afin d’arriver à mettre fin au conflit ».

Il a en outre exhorté les gouvernements de Russie et des Etats-Unis, qui avaient pris l’initiative d’organiser la conférence de paix de Genève, d’agir pour relancer le processus politique. Ban Ki-moon a aussi souhaité vendredi que la Russie et l’Iran fassent pression sur le gouvernement syrien pour une reprise des négociations de paix en Syrie. «Ceux qui ont une influence, les gouvernements russe ou iranien, peuvent faire valoir au gouvernement syrien qu’il devrait venir à la conférence de Genève avec une attitude plus constructive», a-t-il déclaré. Dans cette optiquie, le médiateur international Lakhdar Brahimi est attendu dimanche à Téhéran pour des entretiens avec les responsables iraniens sur la crise syrienne.

Alors que le conflit syrien entame sa quatrième année, la possibilité d’un troisième cycle de négociations sur la Syrie dans le cadre du processus de Genève 2 a été évoquée jeudi par le diplomate algérien qui avait informé, lors dÆune réunion à huis clos, les membres du Conseil de sécurité. ‘Nous souhaitons poursuivre le processus de Genève mais nous avons besoin de l’appui du Conseil et de tous ceux qui peuvent aider, afin que quand et si nous tenons un troisième tour, il sera un peu plus productif que le deuxième », avait-il déclaré à l’issue de la réunion.

Les négociations de Genève sont suspendues depuis la mi-février en raison d’un désaccord entre le gouvernement syrien et l’opposition sur l’ordre du jour des travaux. Aucune date n’a encore été fixée pour leur reprise.