La suite du procès de Moubarak reportée au 17 janvier

La suite du procès de Moubarak reportée au 17 janvier

Le procès de Hosni Moubarak, chassé du pouvoir le 11 février 2011, a repris ce mardi. Les avocats des parties civiles ont présenté à tour de rôle les preuves de sa culpabilité dans la répression sanglante des manifestations du printemps dernier, et ont soutenu la peine de mort, requise le 5 janvier par le procureur général. Devant l’Académie de police, les familles des victimes laissent libre cours à leur colère. Et à leur désir de vengeance. « Nous allons exécuter le tueur. L’exécution de Moubarak est notre droit ! »

Mariam, la mère d’Ahmed – martyr de la révolution du Nil – exige que la peine capitale soit prononcée contre l’ancien homme fort du pays et ses affidés. « Je suis ici pour venger mon fils. Je veux que Moubarak soit exécuté ! Nos enfants n’étaient pas des voyous ; ils étaient de bons enfants », clame-t-elle. Deux avocats de victimes, Me Ragdy Rached et Me Mouhamed Abou el-Ela, viennent de quitter la salle. Intransigeants, ils plaident l’un comme l’autre pour la peine capitale à l’encontre de Hosni Moubarak et de son ministre de l’Intérieur, Habib el-Adly, châtiment qu’ils considèrent comme une absolue nécessité.

La vengeance et la charia

« La cour a autorisé un maximum de dix avocats pour défendre la cause des victimes. Le juge a octroyé à chacun une dizaine de minutes pour s’exprimer. Ce n’est pas suffisant », déplore Me Abou el-Ela, professeur de droit à la cour pénale d’Ain Shams, au Caire. Et d’ajouter : « Devant le juge, j’ai dressé un parallèle entre les attentats survenus place Tahrir et ceux de Louxor en 1997. Après les attentats de Louxor, qui avaient fait de nombreuses victimes parmi les touristes, Hosni Moubarak s’était rendu sur les lieux et avait limogé son ministre de l’Intérieur de l’époque. Pourquoi n’a-t-il pas fait de même durant les événements de janvier ? Le sang d’un Égyptien serait-il moins précieux que le sang d’un étranger ? »

Devant le juge, Me Ragdy Rached, autour de qui la presse arabe et internationale s’est pressée, fait référence à la charia. « La vengeance est un droit conforme à la charia », déclare-t-il avec une véhémence peu coutumière. « Si le peuple n’obtient pas ce droit à travers la justice, le peuple prononcera lui-même le verdict. La vengeance est la seule chose qui satisfera le peuple », poursuit l’avocat, soutenu par des manifestants échauffés, qui reprennent d’une seule voix : « Nous allons exécuter le tueur ! »

À l’autre bout de l’immense Académie de police, des partisans de Hosni Moubarak arborent des portraits à l’effigie du raïs et scandent : « Toute la place Tahrir n’est que cannabis et compagnie ! Nous ne laisserons pas mourir notre cher président à cause de voyous ! » Une mère de victime se précipite vers eux, une chaussure à la main, sur laquelle on peut apercevoir, dessiné au niveau du talon, le visage de Hosni Moubarak. Elle interpelle les défenseurs de l’ancien chef de l’État : « Voilà ce que j’en fais, moi, de votre président. Je l’écrase de mes pieds ! » Outrés par cette provocation, certains d’entre eux escaladent les barrières qui les encerclent et tentent de s’en prendre physiquement à la vieille dame. Ils sont néanmoins coupés net dans leur élan par la sécurité, de nombreux policiers ayant été déployés devant le tribunal pour prévenir tout incident.

Au nom des martyrs

L’avocat et militant des droits de l’homme Sayyed Fathy a exigé que le tribunal prononce sa sentence au nom des martyrs qui ont sacrifié leur vie pour le peuple égyptien. L’avocat a salué le concours du ministère public dans l’affaire et a accusé le ministère de l’Intérieur d’avoir dissimulé des preuves en détruisant notamment des bandes sonores. Achraf Moukhtar, un avocat plaidant au nom du gouvernement égyptien, a également exigé des prévenus un versement de dommages et intérêts d’un montant d’un milliard de livres égyptiennes (130 millions d’euros). Une somme qui serait destinée notamment à l’indemnisation des familles des victimes.

En accordant à la défense vingt-cinq sessions, s’étalant du 17 janvier au 16 février, pour mener son plaidoyer, la cour place son verdict après la date du 25 janvier, qui marque le premier anniversaire des manifestations qui ont fait 850 morts et ont vu le renversement de l’ancien président Hosni Moubarak.